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Actualités - CHRONOLOGIE

Opposition - Trouver une formule de retrait syrien « honorable pour tous » Michel Aoun propose un « dialogue franc » avec Damas de toutes les fractions libanaises

PARIS, d’Élie MASBOUNGI Il y a décidément quelque chose de nouveau dans le ton et l’intonation du discours du général Michel Aoun qui s’est adressé dimanche soir au Palais des Congrès de la Porte Maillot à 1 200 personnes, une assistance record, pour inviter « toutes les parties libanaises et les dirigeants syriens à un dialogue franc et ouvert dans le cadre d’un congrès dont le but serait de trouver une formule de retrait syrien du Liban qui serait honorable pour tout le monde ». Un tel congrès devrait, selon l’ancien chef du cabinet de militaires, se tenir dans un délai de deux mois, dans un lieu sûr et hors du Liban pour mettre les participants à l’abri de toute pression ou intimidation. Estimant que le départ des troupes syriennes du territoire libanais est maintenant « en perspective », le général Aoun a souhaité que son initiative soit perçue d’une manière positive par toutes les parties quelles que soient leurs opinions et positions « afin de montrer », a-t-il ajouté, « que nous sommes capables de dialoguer et d’assumer nos responsabilités historiques, car les causes déterminantes pour notre avenir n’autorisent ni refus ni attitudes hautaines ». Le rejet d’une telle rencontre ferait assumer aux réfractaires, a ajouté M. Aoun, la responsabilité de « toute détérioration à l’avenir et nous pourrions ainsi perdre notre choix d’aujourd’hui, un choix qui pourrait nous être imposé demain ». Si le pouvoir syrien et ses loyalistes refusaient de participer à ce congrès, il deviendrait urgent que l’opposition, toutes tendances ou sensibilités confondues, se réunisse pour faire face à toute éventualité, d’autant que l’échéance électorale impose à tout le monde de s’unir « afin de trouver des substituts au pouvoir actuel », a expliqué l’ancien Premier ministre. Au début de son intervention et après avoir entonné avec l’assistance l’hymne national, l’orateur avait lancé un violent réquisitoire contre le pouvoir syrien et les responsables libanais rendus responsables de l’état de délabrement dans lequel se trouve le pays, appelant les choses par leur nom, alors qu’il observait jusqu’ici les réserves d’usage. « Nous passons du stade du politiquement et diplomatiquement correct à l’ère du juridiquement convenable », a expliqué le général, qui a évoqué ensuite ses divers voyages aux USA. « Nous ne sommes pas allés à Washington, a-t-il dit, pour nous aliéner la Syrie ou conclure une alliance quelconque contre ce pays qui avait lui-même auparavant adopté une attitude hostile à notre égard en refusant tout dialogue avec tous ceux qui lui demandaient de respecter notre souveraineté. » « Nous ne sommes pas allés aux États-Unis pour revenir au Liban sur un char américain, mais pour que les chars syriens se retirent de notre territoire et pour restituer à leurs propriétaires les biens séquestrés par le régime syrien depuis des dizaines d’années. » « Nous ne sommes pas allés aux USA pour la partition du Liban mais pour assurer son unité, ni pour l’implantation des Palestiniens mais, au contraire, pour les aider à régler leur cause et recouvrer leur identité. » « Enfin, nous sommes allés aux États-Unis parce que Bachar el-Assad a publiquement déclaré qu’il ne quittera le Liban que selon sa propre évaluation et après la solution du problème israélo-arabe. » M. Aoun devait relater le processus qui a abouti à l’adoption du Syria Accountability Act et les circonstances dans lesquelles les termes Restoration of Lebanese Sovereignty ont été ajoutés au texte. Il a rendu hommage au rôle de la France de Jacques Chirac dans l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, lorsqu’il s’est avéré que Damas n’a pas obtempéré à l’injonction américaine de retirer ses troupes du Liban. À l’heure des questions-réponses, priorité a été accordée aux journalistes qui ont demandé au conférencier d’expliciter certains points de son exposé et de leur faire part de l’action qu’il préconise, en commençant par l’éventuelle participation de son mouvement aux prochaines élections législatives. Sur les récentes manifestations contre la présence syrienne au Liban, le leader du Courant patriotique libre a rendu hommage aux participants à ces marches pacifiques dans les rues de la capitale, estimant que la foule aurait été plus nombreuse si le service d’ordre n’avait pas ralenti le flot des voitures qui transportaient les manifestants et même bloqué les routes par des contrôles interminables. Il s’est félicité des manifestations qui ont été organisées par des mouvements de gauche et des partis traditionnellement alliés à Damas. Au sujet des risques d’embrasement sur le terrain en cas de retrait syrien précipité, M. Aoun a affirmé que les forces chargées du maintien de l’ordre au Liban sont capables d’assumer leurs responsabilités et qu’en tout cas il ne voit pas quelle serait la partie libanaise qui tirerait en premier. Il a estimé à cet égard que tout ce qui se dit et s’écrit sur une reprise des combats au Liban n’est que désinformation et intimidation dans le cadre d’une campagne menée par Damas et ses alliés libanais qui se traduit, a-t-il précisé, par une véritable incitation à une guerre confessionnelle. Au chapitre des priorités de l’action qu’il convient d’entreprendre dans la perspective d’un retrait syrien, le général Aoun a enfin préconisé l’élaboration d’une véritable charte confirmant les droits du citoyen libanais et préconisant un État de droit basé sur le respect de la pluralité et de la diversité, tout en engageant un processus de déconfessionnalisation des services de l’État qui mènerait vers la laïcité et une véritable égalité entre tous les Libanais en termes de droits et d’obligations.

PARIS, d’Élie MASBOUNGI

Il y a décidément quelque chose de nouveau dans le ton et l’intonation du discours du général Michel Aoun qui s’est adressé dimanche soir au Palais des Congrès de la Porte Maillot à 1 200 personnes, une assistance record, pour inviter « toutes les parties libanaises et les dirigeants syriens à un dialogue franc et ouvert dans le cadre...