L’indépendance célébrée sous une pluie diluvienne Lahoud renvoie l’opposition au processus démocratique(photos)

À la veille de la célébration traditionnelle de la fête de l’Indépendance marquée notamment par le défilé militaire organisé à la place des Martyrs et la cérémonie de vœux à Baabda, le chef de l’État, Émile Lahoud, a prononcé un message télévisé à la nation. S’adressant aux Libanais, M. Lahoud les a invités à prendre conscience des dangers qui guettent la nation, invitant loyalistes et opposants à sauvegarder le Liban. Nous publions ci-dessous des extraits du message de M. Lahoud : « La fête de l’Indépendance survient cette année dans un environnement régional et mondial très critique, ce qui nous amène à nous interroger sur la manière de sauvegarder le Liban et de le protéger face aux dangers et défis qui le guettent. « La réponse immédiate à cette question réside en notre faculté à prendre conscience de ce qui se passe chez nous et autour de nous, (…) à reconnaître nos intérêts nationaux et à gérer nos affaires internes. (…) « Les échéances de la phase précédente ont suscité des prises de vue divergentes, ce qui n’est pas nécessairement négatif en lui-même, à condition que ces divergences restent confinées sous la bannière de l’intérêt national et de l’unité interne. (…) « Les positions de l’État et du gouvernement sont connues, les plus importantes étant le point de vue du Liban face au conflit arabo-israélien, les relations avec la Syrie, la guerre contre le terrorisme, la situation en Irak et le soutien à la Résistance. (…) « Nous savons par ailleurs qu’il existe, au sein de certains partis de l’opposition, des points de vue différents ou divergents qui reflètent leur perception propre de l’intérêt du Liban. Rien n’empêchera cette opposition de concrétiser ses points de vue, une fois arrivée au pouvoir, par le biais du processus démocratique. Et c’est à ce moment-là seulement que l’on pourra s’assurer si ces prises de position sont justes ou si, au contraire, elles conduiront le pays au désastre. L’opposition est un droit, tout comme le loyalisme est un droit. De même que la divergence des points de vue est un droit. Personne ne peut imposer sa position à l’autre sauf à travers les institutions légales et constitutionnelles. Libanais, « Les positions relatives aux questions stratégiques ne devraient pas nous empêcher de nous occuper des problèmes quotidiens des citoyens. C’est pour cela que nous plaçons tout notre espoir dans la nouvelle équipe gouvernementale, convaincus qu’elle possède à la fois l’intention et les capacités requises pour accomplir cette tâche qui requiert la coopération de tous. En cette occasion, je salue l’honneur et la noblesse des martyrs du Liban, à qui revient le mérite d’avoir assuré son indépendance. » La cérémonie officielle C’est sous une pluie battante que M. Lahoud a passé en revue les différentes unités de l’armée lors d’une cérémonie officielle qui s’est déroulée sur la place des Martyrs. Refusant de se protéger des averses par un parapluie , le chef de l’État a tenu à déposer la gerbe de fleurs devant la statue des Martyrs, qui trône à nouveau à la place qui lui était originellement dédiée. Tout au long de la cérémonie, M. Lahoud était entouré des présidents de la Chambre et du Conseil, MM. Nabih Berry et Omar Karamé, ainsi que des représentants du corps diplomatique et de plusieurs officiels libanais et syrien. À l’issue du défilé qui a été ponctué par un survol d’hélicoptères et un lâcher de pigeons, une cérémonie de vœux a eu lieu au palais de Baabda, dans la « salle du 25 mai » baptisée ainsi en hommage à la libération du Liban-Sud. Dès 11 heures, les personnalités politiques et religieuses ont commencé à affluer pour féliciter le chef de l’État. À leur tête, l’ancien chef de l’État Élias Hraoui, l’ancien chef de l’Assemblée Hussein el-Husseini, plusieurs anciens chefs de gouvernement, ainsi qu’un certain nombre de ministres, anciens ministres, députés et anciens députés, diplomates et hauts fonctionnaires de l’État. Par ailleurs, le général Lahoud a reçu un télégramme de félicitations de plusieurs chefs d’État, notamment des présidents syrien, Bachar el-Assad, iranien, Mohammed Khatami, allemand, Horst Koeller, français, Jacques Chirac, du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, et du pape, Jean-Paul II. Dans son message, M. Chirac a rappelé le soutien de la France au Liban et « son engagement ferme à respecter sa souveraineté et son indépendance, un principe qui a été réaffirmé par le Conseil de sécurité », a insisté le président français en allusion à la résolution 1559.