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Actualités - CHRONOLOGIE

Les réfugiés des camps organisent des funérailles symboliques à Yasser Arafat Unis dans la douleur, les Palestiniens du Liban s’accrochent au droit au retour (Photos)

Le défi était grand pour les réfugiés des camps palestiniens en cette journée de grande douleur. Partagés entre l’affliction et la confusion face à l’inconnu, ils savaient que les choses ne seraient plus les mêmes. Désormais, le sort des 350 000 réfugiés palestiniens semblait d’autant plus incertain que « celui qui avait protégé et défendu leur cause jusqu’à ce jour n’est plus ». Rassemblés par milliers à l’intérieur des 12 camps, les Palestiniens du Liban ont tenu à faire leurs adieux à leur héros national en organisant aux quatre coins du pays des funérailles symboliques qu’ils ont voulues dignes du chef de l’OLP. Ils ont beau dire qu’ils sont « déjà habitués aux chocs et aux traumatismes », la disparition de leur leader adulé, à la fois « père et protecteur », a eu sur eux un effet dévastateur. Si le mot d’ordre était à l’unité des rangs et à la poursuite de l’intifada, les avis divergeaient sur la capacité des nouvelles figures palestiniennes à prendre la relève. Devancés par une marée de drapeaux noirs aux couleurs palestiniennes (noir, rouge, vert et blanc), des milliers de Palestiniens venus des camps de Sabra et Chatila, et de Bourj Barajneh ont défilé dans les quartiers sud où ils ont été rejoints par des centaines de Libanais. Vêtus de t-shirts noirs frappés de la photo du leader de l’OLP, de jeunes scouts palestiniens portaient un cercueil symbolique. « Notre leader symbole, notre père à tous », pouvait-on lire au bas du t-shirt. « C’est une grande perte pour le peuple palestinien, soupire Aïda, 35 ans, mère de famille. Seul Yasser Arafat pouvait se battre pour notre cause et la défendre face au monde entier. Abou Mazen ne sera pas capable d’en faire autant. » Déplorant le fait que le pouvoir est déjà divisé entre trois personnes, Aïda ne cache pas son angoisse face aux pressions exercées pour accélérer l’implantation des réfugiés dans leurs pays d’accueil. « Personne ne pourra garantir que les fonds (que seul Yasser Arafat avait l’autorité de débloquer continueront à parvenir aux réfugiés », indique la jeune femme. Ali, un militant du Fateh, refuse de s’abandonner au désespoir. Malgré les signes d’inquiétude que l’on pouvait lire dans son regard, il persiste et signe : « Nous poursuivrons notre lutte jusqu’à obtenir gain de cause. Les Palestiniens sont tous unis face à cette tragédie », assure-t-il. Fidèles au rendez-vous, des membres des services de renseignements syrien encadraient discrètement la marche funèbre. Sana, une autre militante du Fateh, s’en prend aux dirigeants arabes qui « ont abandonné celui qui a restitué aux Arabes leur dignité ». « Aucun d’entre eux ne s’est rendu au chevet de Arafat. Si Sharon avait été hospitalisé, les leaders du monde entier seraient venus le voir », lance la jeune femme voilée. Mais quelles que soient les surprises que leur réserve l’avenir, les réfugiés palestiniens savent pertinemment que rien, absolument rien ne les fera renoncer à leur revendication du droit au retour. Une conviction que partagent même les plus jeunes d’entre eux. Catherine, 16 ans, assure que son rêve de connaître la Palestine restera vivace tant qu’elle sera en vie. « Même après ma mort, mes enfants reprendront le flambeau », dit-t-elle. Ailleurs, la détresse était aussi manifeste. À Saïda, des milliers de Palestiniens ont participé à une cérémonie funèbre dans la grande mosquée avant de rejoindre leurs compatriotes au camp de Aïn el-Héloué. « Nous avons voulu organiser des funérailles à Arafat avec les deux symboles au moyen desquels il s’était présenté à l’Onu en 1974 : le fusil du révolutionnaire et la branche d’olivier de la paix », explique un organisateur. Pas de défilé, mais recueillement de rigueur au quartier général du Fateh où le représentant de Arafat, Sultan Aboul Aynaïn, recevait les condoléances des notables du Liban-Sud et des chefs de famille palestiniens. « Arafat était le rempart contre l’abandon du droit au retour pour les millions de Palestiniens de la diaspora. À Genève en 2000, il avait refusé le plan de paix de l’ex-président américain Bill Clinton car il lui avait demandé de renoncer au droit au retour », affirme le responsable du Fateh en se gardant de se prononcer sur l’avenir. Jeanine JALKH
Le défi était grand pour les réfugiés des camps palestiniens en cette journée de grande douleur. Partagés entre l’affliction et la confusion face à l’inconnu, ils savaient que les choses ne seraient plus les mêmes. Désormais, le sort des 350 000 réfugiés palestiniens semblait d’autant plus incertain que « celui qui avait protégé et défendu leur cause jusqu’à ce...