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Arafat et le Liban : violence, passions et haines (photos)

Yasser Arafat a incontestablement laissé de profondes stigmates, souvent douloureuses, durant son passage de dix-huit ans au Liban, dont il s’est servi comme base pour sa guérilla contre Israël et comme tremplin médiatique et diplomatique pour tenter de fonder un État palestinien. Arafat a vécu de 1965 à 1983 une histoire passionnelle faite d’amour et de haine avec le pays du Cèdre, lequel y a laissé beaucoup de son âme, ainsi que sa prospérité, sa stabilité et sa souveraineté. Le 1er janvier 1965, un inconnu de 35 ans fait le tour des journaux de Beyrouth pour distribuer le « communiqué militaire numéro un » du commandement des forces d’al-Assifa, bras armé du Fateh, quelques heures après une attaque, dans la nuit de la Saint-Sylvestre, contre un kibboutz israélien. C’est Abou Ammar, un nom qui occupera les premières lignes des seigneurs de la guerre au Liban jusqu’en 1983. Les combattants palestiniens s’installent dans le Arqoub, au Liban-Sud, en 1968, et en font la base de leur guérilla contre l’État hébreu. La région sera par la suite mieux connue sous le nom de « Fatehland ». Face aux attaques palestiniennes croissantes, Israël se venge en détruisant en décembre 1968 les appareils de la MEA sur le tarmac de l’AIB, déclenchant au passage une crise politique. Ayant conquis la direction de l’OLP en 1968, Yasser Arafat arrache en 1969 l’accord du Caire, négocié par le général Émile Boustany au nom de l’État libanais. L’accord légalise l’action palestinienne à partir du Liban. C’est aussi à cette époque que des formations chrétiennes, à l’instar du Tanzim, commencent à se former sous l’impulsion d’officiers de l’armée libanaise pour se défendre contre des exactions palestiniennes sur le territoire libanais. Arafat révolutionne les camps de réfugiés palestiniens au Liban et en fait un vivier de la guérilla après les massacres de Septembre noir en 1970, en Jordanie. Soutenue par la Syrie et la communauté arabe en général, l’OLP sort (politiquement) victorieuse en 1973 d’une épreuve de force avec l’armée libanaise, se transformant progressivement en « État dans l’État ». En conséquence de quoi d’autres formations commencent à développer une aile paramilitaire pour lutter contre les Palestiniens : les Kataëb, le Parti national libéral, les Gardiens du Cèdre, ainsi que des milices de quartiers, à l’instar du Mouvement des jeunes Libanais (du Bach Maroun) à Dekwaneh. Un an plus tard, c’est accompagné du président Sleimane Frangié que Arafat se rend à l’Onu où il prononce sa phrase célèbre : « Je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire. Ne laissez pas tomber le rameau d’olivier de ma main. » En avril 1975, la guerre éclate, et Arafat ne quittera plus les devants de la scène, entraînant le Liban et les différentes fractions libanaises dans un conflit international à l’échelle nationale. La Syrie envahit le Liban en 1976 avec le feu vert tacite de Washington, pour mettre au pas les Palestiniens et leurs alliés du Mouvement national (courants de gauche sous la direction de Kamal Joumblatt). La guerre se poursuit en rounds successifs, marqués par des batailles sanglantes dans le centre-ville de Beyrouth et des massacres dans la Montagne. L’OLP légitime sa présence au Liban par l’appui que lui procure le Mouvement national, lequel use en retour du bras armé palestinien pour s’imposer en acteur influent sur l’échiquier national. Pour déloger les combattants palestiniens de Beyrouth-Ouest, les Forces libanaises, conduites par Béchir Gemayel, s’allient à Israël. En 1982, l’armée israélienne envahit le Liban-Sud puis assiège Beyrouth-Ouest, soumise à des bombardements intensifs. Arafat et les fedayyine palestiniens, à la suite d’un accord négocié par Washington, sont obligés de quitter le Liban à la suite de l’élection de Béchir Gemayel à la présidence de la République. Après l’assassinat de ce dernier, des massacres sont perpétrés dans les camps de Sabra et Chatila. Après un bref séjour en Syrie, Arafat retourne à Tripoli, au Nord, où s’engage une nouvelle épreuve de force sanglante entre Palestiniens et Syriens. Défait, il quitte pour la dernière fois le Liban en décembre 1983 à destination de Tunis. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à marquer la vie du Liban, dans la mesure où il reste le symbole vivant de l’État palestinien pour les quelque 400 000 réfugiés installés dans les camps. Toutefois, l’influence palestinienne, et tout particulièrement arafatiste, dans les camps de Beyrouth, sera considérablement réduite après la « guerre des camps », qui opposera le mouvement Amal, sous l’impulsion de la Syrie, aux partisans de Arafat, en 1986.
Yasser Arafat a incontestablement laissé de profondes stigmates, souvent douloureuses, durant son passage de dix-huit ans au Liban, dont il s’est servi comme base pour sa guérilla contre Israël et comme tremplin médiatique et diplomatique pour tenter de fonder un État palestinien.
Arafat a vécu de 1965 à 1983 une histoire passionnelle faite d’amour et de haine avec le pays...