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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent - Le Drone Du Hezbollah

C’est un développement très important qui brise de nombreuses idées reçues et qui change aussi la donne entre les Israéliens et le Hezbollah. Quelques jours après l’annonce par le secrétaire général du Hezbollah d’une modification des équilibres entre la Résistance et Israël, voilà qu’un avion sans pilote appartenant à la Résistance survole, pour la première fois dans l’histoire de la guerre au Liban-Sud, l’espace aérien israélien, prenant de court les radars de l’armée israélienne et parvient même à rejoindre sa base sans subir le moindre dommage. Le Liban officiel s’est empressé de défendre cette initiative et de nombreux ministres ont affirmé qu’il existait une grande coordination stratégique entre les autorités et la Résistance. Mais à l’heure où le Liban est sous observation internationale et subit des pressions sans précédent pour, entre autres, désarmer le Hezbollah, cet événement peut avoir plusieurs significations. Qu’en pense le premier concerné, le Hezbollah lui-même ? Mohammed Afif, responsable de l’information au Hezbollah Q : À l’heure où le Liban doit mettre au point une stratégie pour affronter la résolution 1559 et ses conséquences, l’affaire du drone ne risque-t-elle pas d’être interprétée comme une escalade ? R : « En toute simplicité, notre position par rapport à la résolution 1559 du Conseil de sécurité est claire. Il s’agit, à nos yeux, d’une tentative de la part des États-Unis et de leurs alliés d’exercer des pressions sur nous, de façon totalement illégale. Ce n’est certes pas la première fois que les États-Unis exercent ce genre de pressions sur nous, mais nous savons comment cela fonctionne. Pour nous, la communauté internationale et les Nations unies en particulier ont échoué pendant des années dans leur tentative de contraindre Israël à appliquer une autre résolution du Conseil de sécurité, la 425. Pendant dix-huit ans, la communauté internationale n’a rien pu faire et c’est la Résistance, avec l’appui de la population, qui a contraint Israël à se retirer du Liban-Sud et à appliquer la résolution 425 par la force. À partir de 2000, les violations israéliennes de la souveraineté libanaise ont commencé sous d’autres formes, et là aussi, la communauté internationale n’a pas pu contraindre Israël à arrêter ces agressions. Il y a eu quelques tentatives de pression de la part de la communauté internationale. En vain. C’est pourquoi, la Résistance a décidé d’agir et d’obliger Israël à respecter la souveraineté libanaise. Si l’aviation israélienne se croit autorisée à survoler l’espace aérien libanais, la Résistance agira de même et survolera l’espace aérien israélien. C’est aussi simple que cela. » Q : Oui, mais à l’heure actuelle cela ne risque-t-il pas d’être pris pour une provocation et de mettre en difficulté la position libanaise ? R : « Pourquoi voulez-vous voir les choses sous cet angle ? À nos yeux, la situation est beaucoup plus simple : la provocation vient des Israéliens et nous ne faisons que rétablir un certain équilibre dans la situation. Le Liban subit les violations israéliennes et la Résistance a décidé d’y répondre en se défendant. Ni plus ni moins. Quant à la position de l’État libanais, elle n’est pas plus difficile hier qu’aujourd’hui. Et tous les responsables du pays reconnaissent qu’il existe une grande coordination stratégique entre les autorités et la Résistance sur les grandes questions, mais ils laissent tous à cette dernière une certaine marge de manœuvre dans les détails concrets et dans l’action sur le terrain. À ce sujet, il faut reconnaître que la Résistance a montré qu’elle était tout à fait consciente des considérations propres à l’État et qu’elle savait faire preuve de sens politique et de sagesse lorsque cela s’avérait nécessaire. Je ne crois donc pas que le survol de l’avion de la Résistance de l’espace aérien israélien mette en difficulté la position de l’État. » Q : Depuis quand la Résistance prépare-t-elle cet avion ? R : « Je n’ai pas de détails à ce sujet. Mais il est certain que la Résistance possède cet avion depuis quelque temps déjà. Il est normal qu’une telle démarche demande du temps et de la préparation. La décision n’a donc rien à voir avec les récents développements internationaux. » Élie Wakim, employé de banque Q : Que pensez-vous du survol par l’avion du Hezbollah de l’espace aérien israélien ? R : « Cela peut vous paraître bizarre, mais quelque part, je suis un peu fier de cette démarche. Cela fait des années que les Israéliens se croient tout permis et s’arrogent le monopole du survol des espaces aériens arabes et libanais en particulier. Pour la fierté nationale, cette initiative a du bon. Mais à un moment aussi critique, je me demande si elle est aussi sage qu’on veut bien le dire. À l’heure où la communauté internationale nous observe et où tout le pays attend le nouveau rapport du secrétaire général des Nations unies sur l’application de la résolution 1559, est-ce raisonnable de laisser le Hezbollah développer de nouvelles armes, même de simple surveillance ? Et puis l’État s’est empressé de défendre cette action, dans une sorte de défi à la communauté internationale. Comment tout cela va-t-il finir ? J’ai quelques craintes... » Scarlett HADDAD
C’est un développement très important qui brise de nombreuses idées reçues et qui change aussi la donne entre les Israéliens et le Hezbollah. Quelques jours après l’annonce par le secrétaire général du Hezbollah d’une modification des équilibres entre la Résistance et Israël, voilà qu’un avion sans pilote appartenant à la Résistance survole, pour la première...