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Les chancelleries notent le mauvais score du pouvoir

Les observateurs diplomatiques accrédités à Beyrouth ne manquent pas d’attribuer un mauvais point au pouvoir libanais. À cause de ses récents exploits, certes, côté rejet de la 1559. Mais également à cause de sa visible faiblesse interne, illustrée par la majorité étriquée que le nouveau cabinet a décrochée à la Chambre. Les diplomates, comme nombre de forces politiques locales même opposantes, acceptent toutefois, en général, de laisser au gouvernement Karamé le bénéfice du doute. Et un délai de grâce, pour voir s’il va tenir ses promesses et faire quelque chose pour les Libanais. Pour leur part, les loyalistes continuent à se défendre comme ils peuvent. Une source gouvernementale impute le peu de succès parlementaire des Trente au fait qu’ils comptent dans leurs rangs 18 éléments non députés. Sans quoi, affirme cette personnalité, la majorité aurait été facilement de 77. Autre argument loyaliste : la majorité étriquée prouve que, cette fois, la Syrie est effectivement restée à l’écart, qu’il n’y a pas eu d’immixtion abusive. Donc que les Occidentaux n’ont pas le droit de faire des reproches à Damas et de le harceler comme ils le font. Un point que les diplomates étrangers retournent contre le pouvoir et les suivistes. En répondant que le dernier vote à la Chambre montre que, lorsqu’ils ne sont pas soumis à un diktat syrien, les députés libanais expriment une volonté qui ne va pas tout entière dans le sens des desiderata des décideurs et de leurs inconditionnels. Ces sources ajoutent que si la Syrie n’avait pas imposé l’amendement de l’article 49 de la Constitution, la prorogation n’aurait pas eu lieu. Pour la bonne raison que plus de 50 députés, soit la minorité de blocage, avaient auparavant indiqué leur opposition au projet, qui nécessitait une majorité des deux tiers pour passer. Le non n’a recueilli que 29 voix. À cause, insistent les diplomates, de la flagrante intervention syrienne, notamment auprès de l’important bloc Hariri comme du bloc Frangié. De ce fait, les chances de la prorogation, évaluées à 20 % au départ, ont fait un bond à 60 % après la convocation à Damas de l’ancien président du Conseil. Les mêmes sources soulignent qu’après avoir manifestement mis le pied à l’étrier au gouvernement Karamé, les Syriens savaient que de toute façon il obtiendrait la majorité. Qu’elle soit importante ou faible leur importe peu. Ou plutôt, pas assez en regard de la nécessité de paraître ne pas s’immiscer, pour éviter une intensification de la campagne occidentale ou internationale contre eux. Quant aux abstentionnistes, ils font en général valoir qu’ils n’ont pas voulu faire chuter dès le départ le nouveau gouvernement. Ils n’ont même pas cherché à provoquer un défaut de quorum. Parce que la situation est trop délicate, trop grave même, pour infliger au pays une crise de pouvoir. Et parce qu’après tout, il ne s’agit que d’un cabinet de transition dont la durée de vie n’excède pas les sept mois. Il reste que le vote soulève de nouveau la question de la majorité minimale. En effet, en principe, sur le papier, une majorité de 33 voix suffirait le cas échéant pour donner blanc seing au gouvernement, ou pour tout projet, aussi important qu’il soit. De l’avis de professionnels et de juristes, en termes de vraie démocratie, c’est trop peu. D’autant qu’en supposant que les Trente fussent tous députés, ce qui était théoriquement possible, ils auraient pratiquement suffi pour être sûrs de l’emporter. Il ne leur aurait manqué que trois amis votant à leurs côtés. Cependant, relèvent d’autres professionnels, le législateur n’a pas eu tort de fixer la barre assez bas. Parce que sur le long terme, cela permet aux institutions de fonctionner sans trop de blocages. Il a donc prévu que la moitié, plus un, de la moitié de la Chambre, plus un, soit 33 sur 128, suffit le cas échéant. Le point opposé c’est qu’une forte opposition peut plus facilement faire sauter les verrous ou torpiller le quorum. C’est ce qui serait arrivé, d’ailleurs, sans la prudence des abstentionnistes. Dont l’attitude illustre cependant la faiblesse politique profonde d’un gouvernement et d’un pouvoir monochromes. Émile KHOURY
Les observateurs diplomatiques accrédités à Beyrouth ne manquent pas d’attribuer un mauvais point au pouvoir libanais. À cause de ses récents exploits, certes, côté rejet de la 1559. Mais également à cause de sa visible faiblesse interne, illustrée par la majorité étriquée que le nouveau cabinet a décrochée à la Chambre. Les diplomates, comme nombre de forces...