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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPORT ARTISANAT - Une très petite entreprise qui vend 98 % de ses produits à l’étranger Le Tripolitain Badr Hassoun écoule son savon en France

Badr Hassoun & fils, une microentreprise spécialisée dans la fabrication du savon artisanal et basée au Khan de Tripoli, vend 98 % de ses produits à l’étranger. Une singularité dont elle peut se targuer puisque peu de petites ou de très petites entreprises libanaises relevant du secteur artisanal parviennent à exporter leurs produits dans une telle proportion. Comment cette activité artisanale, qui a quasiment disparu, a-t-elle pu renaître de ses cendres à travers les savons du Khan ? « Il y a dix ans, lorsque j’ai ouvert cette entreprise où travaillent mes huit enfants et moi-même, je n’imaginais pas que ces savons allaient connaître un tel succès », explique Badr Hassoun, chef de l’entreprise. Un succès commercial qui tient premièrement à la diversité des savons fabriqués au Khan. Les clients peuvent faire leurs choix à partir d’une panoplie de produits : des savons pour combattre l’acné, les boutons, les rides, les champignons, l’eczéma, la transpiration, la cellulite, la graisse, d’autres pour les cheveux secs ou gras, et même des savons pour blanchir la peau ou inhiber la pilosité. Des produits attrayants, fruit d’un savoir-faire vieux de 600 ans, qui a survécu grâce à sa transmission au sein de la famille Hassoun et à une demande qui s’est relativement maintenue au fil des années, malgré les aléas. « Ce qui différencie mon entreprise de celle de mes ancêtres, explique M. Hassoun, c’est que je ne me limite pas au savoir-faire traditionnel. J’ai établi des contacts avec des experts étrangers, notamment français, belges et japonais, pour approfondir mes connaissances. » L’artisan affirme également qu’il puise ses informations sur Internet, dans les revues médicales et scientifiques, ce qui confère à ses produits une valeur ajoutée. « Avant, on fabriquait des savons à base de sel marin et de gingembre ; après qu’on eut découvert que la caféine faisait fondre la graisse, j’ai commencé à mélanger cette substance aux autres, car actuellement, le savon amincissant est très demandé », souligne-t-il. M. Hassoun estime par ailleurs qu’un des facteurs de succès du savon artisanal est sa rareté. Ce qui en fait un produit précieux, relevant du patrimoine libanais et d’une région donnée. « Le fait qu’on ne retrouve ce savon qu’au Khan de Tripoli lui confère encore plus de valeur. » Pour lui, cela explique pourquoi le savon du Khan, qui est un lieu touristique reconnu, est vendu en majorité à des étrangers. « À part les habitants de Tripoli qui connaissent la valeur de notre savon, nous ne vendons que 2 % de nos produits sur le marché local ; tout le reste est écoulé à l’étranger », dit-il, ajoutant que ses meilleurs clients sont les Français. « À Paris, nos produits sont présents dans une soixantaine de succursales de Parashop, une société spécialisée dans les produits organiques », souligne M. Hassoun. Le savon du Khan est également apprécié dans les pays du Golfe, précise-t-il, ajoutant que Badr Hassoun & fils exporte chaque année des savons à hauteur de 50 000 dollars. « Pour l’instant, les affaires vont bien, souligne M. Badr. Mais nous pourrons très bien connaître une crise en raison des coûts élevés de production, mais surtout parce que celle-ci est saisonnière et à petite échelle. » « À part le fait que nous importons 80 % de nos matières premières, notre plus grand problème est l’apparition saisonnière des herbes ou des fruits qui entrent dans la fabrication de notre savon », explique-t-il. Et d’ajouter : « À l’heure actuelle, je suis en manque d’écorce de grenade, un ingrédient essentiel à la fabrication du savon antirides, qui est un produit très demandé. » Résultat : la microentreprise ne rattrape presque jamais la demande car sa production est « souvent en deçà de celle-ci ». « C’est pour cette raison également que le savon fait à la main n’intéresse pas les commerçants, car seule la production à grande échelle compte pour eux ; ainsi, je ne pourrais jamais le vendre dans un supermarché . » Autre facteur risque: le secteur de l’artisanat n’est pas protégé au Liban. Conscient de cette situation, M. Hassoun vient tout récemment d’enregistrer ses produits avec leur indication géographique (« Hassoun - Khan el-saboun »), dans l’espoir que cette initiative sauvegarderait sa petite entreprise pour plusieurs années encore. Rana MOUSSAOUI
Badr Hassoun & fils, une microentreprise spécialisée dans la fabrication du savon artisanal et basée au Khan de Tripoli, vend 98 % de ses produits à l’étranger. Une singularité dont elle peut se targuer puisque peu de petites ou de très petites entreprises libanaises relevant du secteur artisanal parviennent à exporter leurs produits dans une telle proportion.
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