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Actualités - OPINION

Budget - Pas de gel indéfini du texte préparé par Siniora Saba envisage de séparer les dispositions comptables des projets touchant à la réforme administrative

Le plat de résistance du nouveau gouvernement, c’est évidemment la loi électorale. Mais le hors-d’œuvre, qui passe avant, c’est le budget 2005. Projet préparé par l’ancien ministre Fouad Siniora, mais qui n’a pas été transmis au Conseil des ministres pour être répercuté ensuite sur la Chambre. L’on a donc, généralement, craint que le pouvoir, pour éviter des complications et faute de temps, gèle ce créneau en recourant à la procédure dite du douzième provisoire. Qui devrait d’ailleurs être retenue pendant quelque temps. Car le gouvernement a déjà dépassé les délais légaux dont le respect lui aurait permis de promulguer le budget par décret si la Chambre ne l’approuvait pas en temps dû. Mais l’on apprend, de source informée, que le ministre des Finances, Élias Saba, s’est attelé dès sa désignation à l’étude pointue, détaillée des vues de son prédécesseur pour que le projet de loi financière se retrouve au plus tôt sur la table du Conseil des ministres avant transmission à la Chambre. Cependant, élément important, Saba met de côté les créneaux touchant à un plan global de réformes. Pour préparer, à tête reposée, son propre programme. Siniora, quant à lui, axant sur la compression des dépenses somptuaires, sur la lutte contre le gaspillage, la gabegie et le détournement de fonds publics, avait prévu de supprimer ces pompes à fric clientélistes que sont les caisses ou les conseils inutiles. Saba rend hommage aux efforts de Siniora. Surtout que l’État doit tenter d’assainir ses finances pour alléger la dette publique, le paiement de ses intérêts et pour réduire son déficit budgétaire. Car autrement, il serait difficile d’obtenir un moratoire pour le remboursement, 26 milliards de dollars sur 35 devant, en principe, être réglés en 2006. Saba a des réserves sur les propositions de Siniora. Mais il pense de même qu’il faut des réformes drastiques. Il envisage donc, comme le répètent les sources fiables citées, de les séparer du budget ordinaire afin de faire passer ce dernier rapidement. Qu’entend-on par budget ordinaire ? Tout simplement le vis-à-vis prévisionnel des dépenses et des recettes en l’état. C’est-à-dire sur les mêmes bases, avec les mêmes éléments que pour l’année en cours. Autrement dit, on garderait forcément les crédits affectés aux caisses et aux conseils en attendant de pouvoir les larguer. Mais, dans le prolongement des orientations de la déclaration ministérielle, Saba appliquerait une politique d’austérité d’ensemble. En tentant de réduire les dépenses improductives et de serrer la ceinture, en multipliant les efforts pour augmenter les ressources et les recettes de l’État. Des signes d’espoir se manifestent, affirment ces sources, qui citent un taux de croissance à la hausse ainsi qu’un accroissement statistique des recettes. Révision Saba, ajoutent ces sources, veut revoir les réformes proposées par Siniora. Et réviser le système fiscal. De manière à se rapprocher des engagements et des critères retenus à Paris II. Sur le point sensible des réformes, ces sources rappellent qu’il faut les dissocier en tout cas du projet de budget. Pour la bonne raison que leur concrétisation nécessite la promulgation, à part, de lois, ou de décrets, spécifiques. De plus, les garder dans le budget pourrait entraver l’application de ce dernier, car leur mise en forme prendrait normalement beaucoup de temps. plusieurs longs mois, alors que les législatives (et la fin du cabinet) sont pour mai. Pour ces sources, c’est la dissolution des corps visés qui doit se répercuter sur le budget, et non l’inverse. D’autant que pour réaliser les réformes, le gouvernement aurait besoin d’obtenir des pouvoirs extraordinaires de législation. Sans quoi, son plan s’enferrerait dans les dédales de la politique politicienne, des ruades des parties lésées et des débats stériles. Comme cela s’était produit l’an dernier. Quand Berry a claqué sèchement la porte au nez du gouvernement Hariri et de Siniora qui voulaient supprimer son cher (c’est le mot) Conseil du Sud. De la sorte, le déficit budgétaire, annoncé comme devant s’établir à 27 %, a atteint la barre des 32 %. Autre échec : le virement aux municipalités des crédits alloués aux députés dans le cadre du budget du ministère des Travaux publics. Les parlementaires ont rué des quatre fers dans les brancards et refusé ce changement, qui affecte leur influence électorale. Toujours est-il que l’ensemble de la classe politique souligne aujourd’hui les qualités et les mérites d’Élias Saba. Il avait détenu les Finances il y a 34 ans. Et avait été l’auteur du fameux décret 1943 taxant certains produits de complément. Les syndicats s’étaient alors soulevés, des grèves avaient éclaté et le décret avait dû être retiré. Aujourd’hui, il entend renforcer les organismes de contrôle, dont la Cour des comptes et les tribunaux administratifs. Il se propose également d’élaborer une méthode claire, rationnelle pour le traitement de problèmes épineux, endémiques, comme celui de l’EDL qui épuise le Trésor. Et dont une partie pourrait être privatisée après division entre production, transport et distribution. Philippe ABI-AKL
Le plat de résistance du nouveau gouvernement, c’est évidemment la loi électorale. Mais le hors-d’œuvre, qui passe avant, c’est le budget 2005. Projet préparé par l’ancien ministre Fouad Siniora, mais qui n’a pas été transmis au Conseil des ministres pour être répercuté ensuite sur la Chambre. L’on a donc, généralement, craint que le pouvoir, pour éviter des...