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Concert - Elle a chanté Prévert au Music Hall Mutine et touchante Lio... (photos)

Quand Lio la flamboyante chante Prévert le poète, la nostalgie change de registre. Elle s’habille d’insolence, se pare de rébellion, séduit comme une enjôleuse, pétille de malice et émeut sans sombrer dans la mélancolie. Sur la scène du Music Hall (centre Starco), Lio a déployé, l’espace d’un concert unique (en clôture du Salon «Lire en français et en musique»), toutes les facettes de son Cœur de rubis (titre du spectacle tiré d’une des plus belles chansons qu’elle a interprétées). Un Cœur de rubis qui, battant à l’unisson de celui dont elle revendique la filiation spirituelle, a séduit et charmé un public hétéroclite, composé autant d’amoureux du beau verbe que d’admirateurs de la belle brune «qui ne compte pas pour des prunes». Laquelle, à l’étonnement de beaucoup, a mis ses pas dans ceux de Prévert, avec une sensibilité et une tendresse magnifiques. C’est qu’elle était plutôt connue pour son Banana Split, pour ses Amoureux solitaires et pour son aura d’ex-lolita provocatrice, Lio. Mais, dès qu’elle apparaît dans la pénombre d’une scène au décor épuré, se limitant à un piano, une table de bistrot et deux chaises, moulée dans une longue robe bustier, une étole de fourrure blanche sur les épaules, on perçoit le changement radical. C’est une femme vraie, émouvante, forte et fragile à la fois qui se dévoile, qui se livre, à travers les mots qu’on dirait écrits pour elle, d’un poète dont elle revendique la même tendresse populaire, la même sincérité, le même esprit libertaire et une lucidité sans failles mais sans cynisme... «Je suis comme je suis» Avec pour seuls accompagnateurs un pianiste et un accordéoniste, Lio a entraîné le public au gré des vers libres de ce chantre admirable des petits riens du quotidien, ce génial ciseleur de phrases-bijoux. Touchante dans son interprétation, Lio ne joue pas dans la cour de Montand (grand interprète de Prévert), mais préfère s’approprier, avec la complicité du compositeur Philippe Gérard (qui a écrit entre autres pour Piaf, Montand ou Salvador), parmi ces textes qui font presque partie du patrimoine national français, ceux qui s’accordent le mieux à sa sensibilité. Elle les interprète à sa manière: mélange de grâce mutine, de poésie et d’émotion sincère. Au gré des changements de tenues (ensemble pantalon rouge fatal et petite robe fleurie) se succèdent ainsi: Cœur de rubis, Sanguine, Chant Song, Je suis comme je suis, Chacun son cirque, Allumette ou Les feuilles mortes... Elle esquisse des pas de danse, tourbillonne pieds nus sur l’air de Tournesol, entame une hilarante discussion avec ses... pieds, égratigne à plus d’une reprise George Bush, taquine le pianiste, se hisse avec la souplesse d’un chat sur son piano et, volubile, raconte, se raconte... Son premier coup de cœur pour Prévert, à l’âge de neuf ans, lorsqu’elle reçoit le recueil Paroles du poète. Sa rencontre avec le compositeur septuagénaire (Philippe Gérard) qui voit en elle une merveilleuse interprète des mélodies de Prévert, tandis qu’elle, blessée par les critiques et par les aléas de la vie, se qualifie de «chanteuse de bananes». Et sa perception du poète, tendre bougon caché derrière la fumée de sa cigarette. «Prévert, dont Arletty disait, cite-elle: “Je l’aime d’amour mon Jacques, chez lui rien de bas”.» Un petit air coquin plus loin, Dieu et Diable, et la voilà qui, en toute intimité, en toute sensibilité, émue par les applaudissements du public, entame a cappella, et les larmes aux yeux, une dernière chanson, C’est l’amour qui m’a faite. «C’est celle qui me ressemble le plus», confie-t-elle. Drôle et touchante Lio! Zéna ZALZAL
Quand Lio la flamboyante chante Prévert le poète, la nostalgie change de registre. Elle s’habille d’insolence, se pare de rébellion, séduit comme une enjôleuse, pétille de malice et émeut sans sombrer dans la mélancolie.

Sur la scène du Music Hall (centre Starco), Lio a déployé, l’espace d’un concert unique (en clôture du Salon «Lire en français et en...