La nouvelle ministre d’État souligne son attachement profond au courant de Nabih Berry Hamzé : « Je ferai tout pour développer le rôle de la femme au Liban »(photo)

Il semble que sa nomination a été une surprise totale pour elle. Mais il est parfaitement clair que Wafa’ Dika Hamzé a très rapidement assumé son rôle de ministre (d’État) : elle ne reçoit qu’à des moments déterminés de la semaine, étant déjà impliquée dans les dédales des affaires ministérielles, et n’accorde que des entretiens (en série) d’une dizaine de minutes... La première femme ministre de l’histoire du Liban (avec Mme Leila Solh) ne se laisse pas intimider. Prudente à l’extrême, son interlocuteur ne sait pas si elle a tout ou rien à dire, et peine, pendant les quelques minutes dont il dispose, à cerner des propos presque impersonnels. Interrogée sur son passé, elle vous renvoie à son curriculum vitae publié par tous les journaux au lendemain de sa nomination, et auquel elle ne semble rien vouloir ajouter d’important. Mais si vous insistez pour obtenir d’elle une introspection, elle déclare : « Je suis une personne normale, qui aime donner et travailler en respectant certains principes et convictions. » « Je donne sans exiger, tous ceux qui me connaissent le savent », ajoute-t-elle tranquillement. Mme Hamzé ne semble pas gênée de son poste de ministre d’État aux compétences assez floues, et qu’elle a en fin de compte obtenu aux dépens du ministère de l’Agriculture vers lequel sa formation (diplôme de génie agricole de l’Université américaine) aurait dû pourtant la mener. « Les ministres d’État ont des capacités qu’il faudra savoir exploiter », indique-t-elle, avant de préciser que son futur champ d’action portera essentiellement sur la situation de la femme au Liban, un domaine qu’elle devrait connaître particulièrement, puisqu’elle est l’un des principaux membres du Comité national pour la femme, aux côtés de Mme Lahoud. « J’ai l’ambition de donner autant que possible pour cette cause, malgré la courte durée de vie du gouvernement. Mais je ne veux rien promettre. Je vous dis seulement que je ferai tout pour développer la place de la femme au Liban », affirme Mme Hamzé, qui lie cependant ses performances à « la capacité du gouvernement à réaliser ses ambitions durant cette période », avant d’affirmer que « le nouveau cabinet dispose de capacités énormes, malgré tout ce qu’on est en train de dire ». Sa participation au gouvernement lui ouvrira-t-elle la voie de la vie politique ? Mme Hamzé n’écarte pas cette possibilité, tout en précisant que cela dépendra de son expérience durant les six prochains mois. Mais elle s’empresse d’ajouter : « Je ne veux pas dire que ce gouvernement sera une expérience pour moi. » « En tout cas, il est encore trop tôt pour se prononcer », précise-elle non sans un certain trouble. À propos de sa position sur la scène politique libanaise, elle commence par souligner sa gratitude envers M. Berry, avant d’être un peu plus précise : « J’ai toujours appartenu au courant national (...), disant que le Liban ne peut pas être séparé de son entourage. » « Je suis avec tout ce qui donne au Liban la sécurité et la stabilité », ajoute-t-elle, avant de répéter : « ...au Liban et à son voisinage dont on ne peut pas le séparer. » Se défendant d’être un produit du clientélisme, Mme Hamzé conclut : « Je crois profondément au courant de M. Berry. » « Je suis prudente par rapport à la politique, mais je n’ai pas peur. J’ai choisi de participer à ce gouvernement, même si on ne m’a pas demandé mon avis, cela ayant été une surprise absolue. Mais lorsque ceci s’est réalisé, je l’ai accepté. Je ne pouvais pas refuser... Mes convictions m’ont imposé cette décision », souligne-t-elle. Samer GHAMROUN