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Actualités - ANALYSE

La séance parlementaire sera également consacrée à l’élection du vice-président ; l’opposition lance Andraos dans la bataille Le gouvernement ne pourra espérer de la Chambre qu’une confiance rachitique

Les Libanais n’ont plus d’illusions. Ils les ont perdues au cours de leurs voyages : la guerre, la mise sous tutelle politique, la déliquescence de la démocratie, des libertés, de l’État de droit, les gouffres économiques, etc. Ainsi, ils savent bien que le gouvernement Karamé obtiendra la confiance de la Chambre à l’issue de la séance parlementaire consacrée à l’examen de la déclaration ministérielle, qui s’ouvrira demain jeudi pour se terminer, en principe, samedi. Il l’obtiendra, mais le résultat de l’adhésion parlementaire sera on ne peut plus rachitique, et cette légitimité « made in Beirut » que le gouvernement et son tuteur syrien veulent à tout prix, pour laquelle ils mettent depuis quelques jours, dans la balance, tout leur poids, risque fort de ne pas être à la hauteur des espérances ou des calculs du régime. Signe révélateur : les milieux proches de Nabih Berry, grand avocat de la défense du nouveau cabinet, estiment que ce dernier recueillerait entre 65 (c’est le nombre de voix minimum pour l’obtention de la confiance) et 70 « oui ». Alors que 82 députés avaient désigné Omar Karamé lors des consultations à Baabda. Les Libanais savent bien que ce gouvernement, dont la durée de vie n’est pas censée excéder les sept mois, sera légitimé par les députés malgré les kyrielles de critiques qui ont accompagné aussi bien sa gestation, sa naissance, que la publication de sa déclaration ministérielle, bourrée de promesses, belles certes, mais totalement vagues et prévisibles, et dénuées de tout mécanisme d’action. Des critiques qui se sont multipliées, avec plus ou moins de circonspection, de virulence, de sincérité, de pacifisme et de démocratie, non seulement de la part de l’opposition libanaise, évidemment, mais également de celle de cercles connus et reconnus jusqu’à il y a quelques semaines pour leur loyalisme souvent effréné, et qui n’ont toujours pas digéré le fait de ne pas avoir été désignés ou représentés parmi les Trente. La troïka tripolitaine (Safadi-Fadel-Kabbara) par exemple a de fortes chances de ne pas accorder sa confiance à l’équipe Karamé. Ou du moins, elle y réfléchit sérieusement. Idem pour le tandem Issa el-Khoury-Tok, qui n’a pas accueilli à bras ouverts l’attribution à l’un de ses proches du portefeuille du Développement administratif, Ibrahim Daher, alors qu’aucun d’entre eux n’a eu cette « chance » au cours des précédents cabinets d’après-guerre. Les deux députés bécharriotes ont d’ailleurs boycotté pour la première fois l’iftar annuel organisé à Tripoli par l’association caritative du Premier ministre, et parrainé par ce dernier. Pas loin de ces indécis : les députés hezbollahis. Tous les scenarii ont été évoqués depuis quelques jours. Dimanche soir, Abdallah Cassir se contentait d’assurer que son parti adoptera « une position claire et radicale, basée sur la déclaration ministérielle ». Quoi qu’il en soit, des sources proches du parti du Dieu donnaient la préférence jusqu’à hier à l’abstention, tout en n’écartant pas la défiance. Ses députés se réuniront cet après-midi pour trancher. Et peut-être seront-ils sensibles aux pressions qui ne manqueront pas d’aller crescendo, d’ici ou d’ailleurs, pour les convaincre (et avec eux une flopée d’indécis) de voter « oui ». En mettant en avant la nécessité de booster cette nouvelle équipe, de lui donner sa chance et de rappeler qu’elle n’a que sept mois à vivre. D’ailleurs, le secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah, a reçu hier un appel téléphonique d’importance du Premier ministre... Au centre du panel, il y aura les députés haririens. Le maître de Koraytem, qui a vu et entendu les intentions de son successeur à son égard, sa volonté évidente de privilégier l’apaisement et de ne pas faire comme Sélim Hoss et son équipe, qui avaient abondé, en 1998, dans les attaques personnelles et les mesures revanchardes. Mais la courtoisie a ses limites, surtout quand il s’agit de politique libanaise. S’il ne votera pas la défiance à l’encontre de l’équipe Karamé, Rafic Hariri (qui n’a sûrement pas oublié, en outre, ce qui lui a été dit et répété avant l’amendement de la Constitution sur les rives du Barada ou près des ruines de Anjar) n’optera pas non plus pour la confiance : lui-même et ses lieutenants proches s’abstiendront. Ou alors ils s’absenteront. C’est d’ailleurs ce paramètre-là qui risque de peser relativement lourd dans le futur score. Parce que, dès aujourd’hui, de nombreux députés, à l’instar entre autres de Farid Makari ou de Ghattas Khoury, prendront l’avion pour quelques jours certainement mérités de vacances. D’autres préféreront regarder les débats parlementaires sur leur petit écran de télévision. Et écouter, notamment, les interventions des joumblattistes et des membres de Kornet Chehwane, qui s’annoncent d’ores et déjà assez retentissantes pour certaines, et pour tous, fidèles à ce à quoi les Libanais ont été habitués. Ils attendront évidemment avec beaucoup d’impatience les propos, que l’on prévoit enflammés, de l’incontournable Walid Joumblatt. Sauf que des sources proches du Rassemblement démocratique ont évoqué, interrogées par L’Orient-Le Jour, l’hésitation du leader druze, qui pourrait préférer laisser parler ses hommes, « pacifiquement et démocratiquement », plutôt que de se laisser embarquer dans une polémique stérile avec les hommes lige du pouvoir et du tuteur syrien. Le bloc Joumblatt, qui a tenu hier sa réunion hebdomadaire, a également décidé, tout naturellement, d’appuyer la candidature à la vice-présidence de la Chambre de l’un des siens, le seul grec-orthodoxe des 29 « d’honneur » qui avaient refusé le 3 septembre dernier de voter l’amendement de la Constitution : le député de Aley Antoine Andraos. Sauf qu’il leur faudra se mettre d’accord avec Rafic Hariri, qui aurait dit « oui » à Michel Murr, qui brigue lui aussi la quatrième présidence de l’État, mais en exigeant l’unanimité. Cette élection, pour laquelle l’opposition voudrait une bataille démocratique, sera ainsi l’autre moment fort de cette séance parlementaire. Antoine Andraos risquerait ainsi de s’opposer au député de Bteghrine, en faveur duquel Fayez Ghosn s’est retiré, notamment après que son chef de bloc, Sleimane Frangié, lui eut souligné qu’il ne voulait pas de bataille pour ce poste. Autre élément important de cette élection : la demande réitérée hier par Boutros Harb en faveur d’un vote secret, et pas à main levée et à la va-vite, comme aime à le faire Nabih Berry. La place de l’Étoile va définitivement faire parler d’elle dans les jours à venir. Enfin dans le bon sens ? Ziyad MAKHOUL
Les Libanais n’ont plus d’illusions. Ils les ont perdues au cours de leurs voyages : la guerre, la mise sous tutelle politique, la déliquescence de la démocratie, des libertés, de l’État de droit, les gouffres économiques, etc.
Ainsi, ils savent bien que le gouvernement Karamé obtiendra la confiance de la Chambre à l’issue de la séance parlementaire consacrée à...