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Communautés - Le synode patriarcal a achevé la deuxième phase de ses travaux Le Liban est aux maronites ce que Rome est aux catholiques, déclare le patriarche Sfeir (photo)

Le synode patriarcal maronite a conclu hier la seconde phase de ses travaux par un hymne exaltant et émouvant au Liban, entonné par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, dans l’homélie de la messe qui l’a conclu. « Nous nous sommes réunis au Liban, une patrie qui nous est chère à tous, non en raison de sa superficie, qui est négligeable au regard de celles des grandes nations, ni en raison du nombre de ses habitants, qui n’atteint même pas celui d’une petite ville de ce vaste monde, a déclaré le patriarche. Si nous avons choisi le Liban, c’est pour sa profondeur historique qui a presque six mille ans d’âge (...). L’insistance de certains textes sur l’importance du Liban pour les maronites ne doit pas être comprise comme une dépréciation des autres patries, proches ou lointaines, ni une minimisation de leur histoire, qui est parfaitement digne (...). Mais le Liban, pour les maronites, c’est comme Jérusalem pour l’ensemble des chrétiens, Rome pour les catholiques ou La Mecque pour les musulmans. C’est le symbole d’une authentique maronité, comme l’affirme l’un des textes examinés. C’est cette terre et nulle autre que les maronites ont habitée, après leur constitution en Église et l’élection de leur premier patriarche, saint Jean Maron, à la fin du 7e siècle, et son installation à Kfarhay, dans la région de Batroun. Avant cet important événement, ils faisaient partie de l’Église universelle, comme d’autres chrétiens. Ils se trouvaient en Syrie, qu’ils ont quittée ensuite par vagues, avant d’être Église, par soif de liberté et d’indépendance. » « La Syrie, a relevé le patriarche, est au regard de l’Église comme n’importe quel autre pays, même si elle jouit du privilège d’avoir précédé les autres comme lieu de résidence des maronites et que sa terre recèle les restes de leur père fondateur, saint Maron, qu’ils honorent et vénèrent. » Mais cette exaltation du Liban par le patriarche maronite n’a revêtu, dans ses paroles, aucun accent étroitement nationaliste, conformément aux orientations prises au cours de la première phase du synode, où le patriarche Sfeir avait clairement affirmé que l’Église maronite ne revendique aucune partie du Liban comme lui étant exclusive. Une identité ecclésiale Cette orientation fondamentale a été réitérée en tête du communiqué final publié hier à l’issue des travaux synodaux, qui se sont tenus du 17 au 27 octobre. Résumant en quelques lignes les divers documents passés en revue, le communiqué final a affirmé que « l’identité des maronites n’est ni nationale ni ethnique, mais ecclésiale », ce qui n’exclut pas l’attachement à la terre. Outre l’homélie patriarcale, un autre texte portant sur « L’Église et la terre » a explicité hier le sens du profond attachement des maronites au Liban, un attachement qui n’est plus tourné vers le passé, mais vers l’avenir. « Le Liban est devenu la terre du renouveau et de la sainteté et, en même temps, la terre du témoignage chrétien, de l’ouverture et du dialogue, de la convivialité avec les autres communautés chrétiennes et les non-chrétiens. En dépit des nombreuses guerres dont elle a été témoin, sa terre est devenue celle de la convivialité librement choisie. C’est celle de la patrie message. Et c’est pourquoi il faut la préserver pour que le message continue d’avoir sa terre, et le dialogue des civilisations et des religions une patrie dont l’histoire est celle de la convivialité et dont la vocation est le dialogue ». Applaudis par l’assistance, ce paragraphe et le document sur la terre ont a été adoptés par l’assemblée synodale. Le dialogue Le dialogue avec les autres Églises devait faire l’objet d’un paragraphe spécial du message final qui a placé le patrimoine syriaque, dont l’Église maronite est la dépositaire, avec d’autres Églises sœurs, au niveau des patrimoines byzantin et latin. La double communion de l’Église maronite avec le patrimoine syriaque antiochien et le siège de Pierre « a permis à l’Église maronite d’être un pont et de passer l’esprit de l’Orient en Occident, et l’esprit de l’Occident en Orient », a affirmé le message final. Au sujet du dialogue avec les musulmans, le message final souligne que « la présence de l’Église maronite dans le monde arabe est une présence aussi authentique que sa présence au Liban. Car le Liban n’est pas une île isolée où les maronites sont venus s’installer loin de leur environnement. Et comme ils ont édifié au Liban une patrie avec leurs frères musulmans (...) ils se considèrent également concernés par le destin du Machrek arabe où ils sont insérés, en particulier en Syrie, en Égypte et en Terre sainte (...). La langue arabe est une langue qu’ils se sont appropriée, après le syriaque, et à la renaissance de laquelle ils ont contribué de façon privilégiée (...). À cette occasion, notre Église proclame sa solidarité avec nos frères musulmans dans cet Orient et avec les peuples arabes opprimés en Palestine et en Irak, et assure que le dialogue islamo-chrétien est la voie de l’avenir, non seulement dans cette région, mais dans le monde entier ». Le message final n’omet pas, par ailleurs, de faire allusion, sans le nommer, au régime syrien, en affirmant que « la patrie que les maronites considèrent aujourd’hui comme leur patrie effective ou spirituelle subit des secousses qui menacent son indépendance et sa liberté de décision (...) chose qu’aucun maronite et aucun Libanais n’acceptent ». La vente des biens Au demeurant, le texte sur l’Église et la terre rejoint, par certaines de ses considérations, le texte sur l’Église et l’économie, en soulevant notamment le phénomène de l’abandon de l’agriculture, en raison du développement d’une économie de services. Le texte effleure au passage le grave problème de la vente des terres aux gens fortunés par les familles nécessiteuses « dont le nombre augmente de jour en jour ». Sur le plan pratique, qu’est-ce que le synode patriarcal maronite apporte? Pour l’instant, et tant que ses travaux continuent d’être en cours, rien de précis encore. Toutefois, certaines choses semblent acquises, comme par exemple un secrétariat spécial, à Bkerké, pour les Églises maronites présentes dans les pays d’émigration. On a également parlé d’une sorte d’appareil analogue à celui dont dispose l’Église catholique, à Rome, pour les divers aspects de la vie de l’Église maronite, et notamment pour les relations entre le siège patriarcal et les ordres monastiques. Le message final cite également une mise en commun des ressources pastorales de l’Église pour la formation des prêtres destinés à servir dans les pays d’émigration. Il est également question, dans le message final, au chapitre parlant du renouveau des structures et des personnes, de la nécessité urgente d’organiser la vie des diocèses et des paroisses, de créer les conditions adéquates pour la participation des laïcs. Mais pour atteindre ces objectifs, les structures existent. Ce qui manque, c’est un renouveau des mentalités, qui ne s’opère que lentement. Dans un effort pour encourager une augmentation du taux de natalité chez les maronites, le message final évoque la possibilité d’adopter une règle permettant la prise en charge financière du quatrième enfant d’une famille maronite, sur les plans scolaire et médical. Mais pour que ces projets et d’autres propositions concrètes fassent leur chemin vers la lumière, il faut encore que le synode patriarcal maronite refonde les textes maintenant votés et en élimine les redites et les contradictions. Ce qui devrait se faire d’ici à juin prochain ou, en cas de retard, septembre 2005. Fady NOUN Deux observateurs musulmans Deux délégués musulmans assistaient à la réunion d’hier, à titre d’observateurs, Mohammed Sammak, pour les sunnites, et Nabih Aawar, pour les druzes. Le représentant de Dar el-Fatwa a rendu un vibrant hommage au patriarche Sfeir et a évoqué les diverses initiatives de l’Église maronite pour promouvoir le dialogue interreligieux, notamment aux rencontres d’Assise. Pour sa part, M. Aawar a demandé aux chrétiens et aux musulmans d’unifier leur vision de l’avenir, et aux chrétiens de rester vigilants contre le sionisme international, ennemi commun aux chrétiens et aux musulmans. M. Aawar a également demandé aux chrétiens de ne pas prêter l’oreille aux chants des sirènes « venus de l’étranger » et de ne pas tendre la main vers l’extérieur, à la recherche de points d’appui ou de secours. Naissance d’un centre de documentation maronite Le patriarche Sfeir a décidé la création d’un centre de documentation et de recherches maronite pour mieux aider les maronites à connaître leur histoire, a annoncé mardi l’évêque Samir Mazloum, son premier président en exercice. L’institution culturelle dépendra de Bkerké et travaillera sous la supervision du patriarcat. Ses activités couvriront tous genres de documentations historiques et sociales, ainsi que l’établissement de statistiques. Le centre publiera une revue en plusieurs langues , éditera des ouvrages de référence et organisera des conférences. Son bureau comprend, outre Mgr Mazloum, Joseph Richard Moukarzel (vice-président), Alexandre Najjar (secrétaire), Khater Abi Habib (trésorier), Mgr Camille Zeidan, Joy Tabet, Farid Khazen, Georges Jabre, Sélim Tabet, Joseph Faddoul, Carole Dagher et Melhem Chaoul, membres. Le président du centre, Mgr Mazloum, a invité les maronites à contribuer au centre à travers leurs documents et leurs dons. Découvertes archéologiques en Syrie L’évêque maronite d’Alep, Younès Anis Abi Aad, a annoncé aux membres du synode patriarcal que la tombe présumée de saint Maron pourrait avoir été découverte dans l’église Saint-Julien, près du village de Brad, non loin de la citadelle de Calotta. La présentation de Mgr Abi Aad s’est accompagnée de projection de diapositives et d’un film. Une telle découverte, si elle se confirmait, dissiperait le vague qui continue d’entourer le lieu de l’inhumation de saint Maron, dont une partie des reliques avait été transférée en Italie. Cette découverte éclaircirait aussi certains pans de l’histoire de l’Église maronite. Financées par un industriel alépin, Hani Azouz, les fouilles sont effectuées sous la supervision du père Abdo Badaoui et d’un ingénieur, Élie Tohmé, sur base de cartes établies lors de fouilles précédentes. Selon certaines sources, le chef de l’État syrien s’intéresse de près à ces découvertes archéologiques et encourage les fouilles.
Le synode patriarcal maronite a conclu hier la seconde phase de ses travaux par un hymne exaltant et émouvant au Liban, entonné par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, dans l’homélie de la messe qui l’a conclu.
« Nous nous sommes réunis au Liban, une patrie qui nous est chère à tous, non en raison de sa superficie, qui est négligeable au regard de celles...