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Le premier Conseil des ministres consacré à la désignation du comité de rédaction de la déclaration ministérielle Ferzli met en garde contre les critiques « synchronisées avec l’extérieur » (photos)

C’est sur fond de contestation générale que s’est tenu hier le premier Conseil des ministres en présence du chef de l’État, Émile Lahoud, et du nouveau président du Conseil, Omar Karamé. Seul absent, le vice-président du Conseil, Issam Farès qui se trouve actuellement à l’étranger. Si le ton du chef de l’État est apparu relativement conciliant, en tout cas réaliste, celui adopté par le nouveau ministre de l’Information, Élie Ferzli, était plutôt polémique, ce dernier ayant notamment usé de menaces à peine voilées à l’encontre de tous ceux qui ont critiqué la composition du nouveau gouvernement ou le contexte général qui a préludé à sa naissance. C’est donc sous la présidence du chef de l’État que s’est tenu ce premier Conseil des ministres. Après avoir souhaité « la bienvenue » aux nouveaux membres du gouvernement, M. Lahoud a souligné que « bien que le mandat de la nouvelle équipe soit de courte durée, celle-ci pourra et devra toutefois effectuer des réalisations importantes, d’autant que cette période est censée paver la voie à une phase ultérieure ». Le président a rappelé les défis majeurs auquels le Liban doit faire face actuellement sur le plan local ausi bien qu’international. S’adressant aux journalistes à l’issue de la réunion qui a été consacrée à la désignation du comité chargé de la rédaction de la déclaration ministérielle, le Premier ministre a qualifié cette première rencontre entre le chef de l’État et les ministres d’« harmonieuse, reflétant « une pensée, une méthode et une détermination unifiées. Il s’agit d’user de tous les moyens pour exécuter les projets prévus et mettre en application la déclaration ministérielle à venir ». Demain soir, le comité devra se réunir en soirée pour examiner et finaliser le projet de la déclaration dans lequel le gouvernement annoncera son programme politique. C’est sur la base de ce texte que le Parlement sera appelé à accorder sa confiance à la nouvelle équipe. Formé des ministres Élias Saba, Albert Mansour, Élie Ferzli, Sami Minkara, Yassine Jaber, Mahmoud Hammoud, Adnane Kassar, Adnane Addoum, Ibrahim Daher, Naji Boustany et Wi’am Wahhab, le comité s’est réuni hier, à 12h30, au Sérail, sous la présidence de M. Karamé. Ferzli belliqueux Interrogé sur les critiques faites à l’encontre du gouvernement, M. Karamé a souligné que ce dernier « n’a même pas encore eu le temps de se réunir ». Il s’est dit confiant que ces reproches « ne pourront pas empêcher le gouvernement de mener à bien sa mission ». Le ministre de l’Information s’emploiera, de son côté, à réagir aux attaques dirigées contre le gouvernement Karamé et surtout la manière dont a été concocté le nouvel Exécutif. Répondant aux questions des journalistes, M. Ferzli a accusé ses pourfendeurs « d’orchestrer une campagne médiatique de l’intérieur et à partir de l’extérieur », et ce « avant même que les noms des ministres n’aient été divulgués ». « J’espère que cette euphonie (sur le plan local et international) n’a pas été synchronisée. Cela soulèverait des interrogations sérieuses », a indiqué le ministre, en rappelant que le Premier ministre s’est clariement prononcé en faveur de la « politique de la main tendue ». Évoquant la composition du nouveau gouvernement, M. Ferzli a insisté sur le fait qu’il est formé de personnalités « probes, qui ont déjà fait leurs preuves sur le plan de la vie politique, économique et sociale ». Réagissant aux récents propos du porte-parole du département d’État, Richard Ermitage, le ministre s’est montré belliqueux, affirmant que « le responsable américain ignore que le (Premier ministre Omar) Karamé appartient à l’une des premières familles qui ont œuvré en faveur de l’indépendance ». Multipliant les éloges à l’égard des nouveaux ministres, il a rappelé que Leïla Riad el-Solh (ministre de l’Industrie) est la fille « de l’artisan de l’entente nationale au Liban et l’un des héros de l’indépendance » ; Talal Arslane (ministre des Déplacés) « le fils de Majid Arslane » et Sleimane Frangié (ministre de l’Intérieur), « le fils Frangié, etc ». « Nous n’avons pas de leçons à recevoir de ce responsable américain en matière d’indépendance et de souveraineté », a asséné M. Ferzli, précisant qu’il est « temps que le Liban se dérobe aux pressions qui sont exercées sur la région ». L’ancien vice-président de l’Assemblée a en outre réitéré la volonté du Premier ministre « d’appliquer à la lettre » la Constitution, « en respectant l’esprit » du texte fondamental. Au cours d’un échange avec les journalistes qui s’inquiétaient de l’avènement de nouvelles mesures qui pourraient être prises à l’encontre des médias – sachant que « ces derniers n’ont fait que rapporter les déclarations faites par les responsables à l’intérieur et à l’étranger », comme l’a précisé un confrère de la presse – M. Ferzli a affirmé : « Lorsque ce gouvernement s’engage à appliquer la Constitution, cela veut dire qu’il entend appliquer la démocratie parlemenaire et le principe des libertés qui doivent être régies par la loi et la Constitution. » Tout en se prononçant en faveur du pluralisme de l’information, le ministre a indiqué que « ce gouvernement a le droit de défendre ses droits et sa ligne politique » car, a-t-il dit, « il n’est pas permis que règne la loi du plus fort ». Et d’insister que « l’équipe gouvernementale a le droit de se défendre puisqu’elle cherche à défendre les intérêts des citoyens et leurs moyens de subsistance ». Interrogé sur ses craintes concernant une éventuelle « synchronisation qui aurait eu lieu entre l’opposition libanaise et “l’étranger” notamment au niveau de certains slogans », M. Ferzli s’est dit « convaincu des bonnes intentions dont est animée l’opposition libanaise ». « Cependant, je voudrais simplement attirer (son) attention sur le fait qu’elle (l’opposition) risque d’être exploitée par l’extérieur, dans le cadre des pressions exercées sur la scène locale. Celles-ci ne servent nullement l’intérêt du Liban », a-t-il dit. Prié de commenter les affirmations faisant état d’une « faible représentation des maronites et des Beyrouthins au sein du gouvernement », M. Ferzli s’est contenté de dire qu’il s’agit « d’un point de vue particulier », estimant que « la notion de représentation faible ou importante est toute relative ». « Cela fait partie du jeu politique », a estimé le ministre. À la question de savoir si le gouvernement prendra des initiatives pour mettre fin à la surveillance à laquelle le Liban est soumis de la part de la France et des États-Unis, M. Ferzli a assuré que « toute décision qui sera prise à l’avenir devra servir l’intérêt du pays à l’ombre des nouveaux développements régionaux. Les rumeurs finiront bien par être démenties l’une après l’autre », a conlu le ministre. Par ailleurs, le comité de rédaction de la déclaration ministérielle s’est réuni pendant une heure et demie en présence de ses 11 membres « choisis sur base de leurs compétences respectives » pour élaborer le projet de la déclaration. À l’issue de la réunion, M. Ferzli a souligné que les discussions ont porté sur les questions économiques, sociales et juridiques, ainsi que sur la situation politique locale et régionale. Les participants se sont en outre penchés sur la mission que devra assumer le futur gouvernement à la lumière de ces données, a-t-il expliqué aux journalistes. À la question de savoir si la déclaration ministérielle comprendra un plan de redressement économique, le ministre a répondu que le texte soulèvera « les grandes lignes » et prendra en considération la situation générale qui prévaut dans le pays à tous les niveaux. À un journaliste qui lui demandait si le texte de la déclaration abordera la question de la présence syrienne au Liban, il a répondu que cette présence « est régie par un accord officiel, et constitue une constante de la politique libanaise ». « Aucune pression ne saura porter atteinte » aux relations libano-syriennes, a-t-il ajouté. Quant à la loi électorale, M. Ferzli a souligné que le seul critère qui sera pris en compte sur ce plan est celui qui est prévu par les accords de Taëf.

C’est sur fond de contestation générale que s’est tenu hier le premier Conseil des ministres en présence du chef de l’État, Émile Lahoud, et du nouveau président du Conseil, Omar Karamé. Seul absent, le vice-président du Conseil, Issam Farès qui se trouve actuellement à l’étranger.
Si le ton du chef de l’État est apparu relativement conciliant, en tout cas...