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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Lettre d’un compagnon de route J’ai longtemps hésité avant de prendre la liberté de vous écrire. Si je m’y suis enfin décidé, c’est à cause de l’irrésistible désir de vous exprimer noir sur blanc ma très vive admiration pour l’objectivité de votre journal pour les enquêtes, les articles et les commentaires de valeur que vous servez à vos lecteurs, ainsi que pour les efforts méritoires visant à rapporter les informations dans les plus brefs délais possibles. Je vous avoue tout cela avec mes plus cuisants regrets car je suis malheureusement obligé de cesser de compter parmi les fidèles lecteurs de votre quotidien qui, jusqu’à maintenant, a constitué un véritable baume dans ma vie quotidienne. C’est que, simple fonctionnaire public à la retraite, je dois faire face, depuis un certains temps, à de difficiles problèmes de santé, entraînant des frais de traitement exorbitants et me mettant du coup dans l’impossibilité absolue d’acheter un livre ou votre journal, que j’ai fini par considérer comme un compagnon de route. Que dis-je ? Comme un véritable compagnon de route au milieu du désert aride de la vieillesse et de l’enfer de la maladie. Ce qui rend cette séparation obligatoire plus poignante, c’est que, dès ma plus tendre enfance, je voue un amour illimité pour le français, que j’ai enseigné pendant plus de 46 ans à différents niveaux. En tant que deux amis contraints à se quitter (du moins de mon côté), et ce après une longue période de compagnie bénéfique (pour moi surtout), je me permets de vous présenter à vous et à vos collaborateurs mes excuses pour cette séparation non voulue qui, je l’espère, cessera dès que ma situation financière se sera améliorée et m’aura permis de payer mes lectures préférées. Je sais que ce vœu fait partie du domaine des souhaits. Que serait la vie d’un vieillard sans ces souhaits auxquels il s’accroche de toutes ces forces ? Merci pour votre patience et pour votre compréhension.Badreddine Z. Tripoli Nous tenons à vous remercier pour votre lettre, qui nous touche profondément. Et à vous dire qu’une séparation est toujours une dure épreuve, surtout avec un fidèle ami – ce à quoi nous ne voulons pas nous résoudre. Aussi, avons-nous décidé de vous assurer un abonnement qui vous permettra de continuer à suivre l’actualité. Merci pour votre fidélité, qui est aussi, comme la nôtre à l’égard de nos lecteurs, celle du cœur.Publicité de rêveEn zappant sur les chaînes satellitaires, je tombe sur une publicité de rêve vantant les bienfaits d’une bouffe pour chiens, et rien qu’à voir cela, j’ai l’eau à la bouche et les larmes aux yeux. Pas facile de voir tout ce raffinement digne des grands chefs étoilés sans penser à l’injustice et au mépris dans lesquels nous baignons. Quand nous manquons de tout, même des choses les plus élémentaires de la vie, une publicité pareille est révoltante. « Choc des civilisations » ou « choc des priorités » ? me diriez-vous. Alors que certains en sont à se préoccuper du bien-être de leurs animaux, d’autres se demandent si demain existera. Injustice, pauvreté, violence, régression, humiliation... La liste s’avère longue et déprimante. Par temps de vache maigre, il vaut mieux être chien en France que citoyen au Moyen-Orient !Carole MOUZANNAR NAWAR Les Yanni, Boulos et ÉmileNous recevons de M. Michel Bardawil ce qui suit : « Dans mon article du 14/10 sur le Fleuve de Beyrouth que vous avez bien voulu publier sous le titre : “ Quand Émile Yanni voulait transformer Beyrouth en île ”, j’ai cité le nom du promoteur de l’idée, Paul (Boulos) Yanni, qui a précédé Émile Yanni (dans les années 50). L’erreur est mienne, car Paul Yanni était président de l’Office des eaux de Beyrouth et non administrateur de la capitale. »Quand la lucidité débouche sur le pessimismeLe Libanais peut s’autogouverner ; c’est un citoyen capable, contrôlable, responsable ; enfin, il n’est pas borné. Tels étaient les cinq arguments avancés il y a peu par un lecteur. Et auxquels une lectrice répond point par point cette semaine, en faisant valoir que pour l’essentiel, tout se ramène à une seule qualité, mais de taille : le sens de la communauté. Tant il est vrai que la civilisation, c’est après tout apprendre à vivre en société et non point comme des individus distincts, n’ayant rien en commun à partager. Pessimiste donc, dans sa lucidité ? Tout autant en tout cas que cette autre lectrice à qui, nous dit-elle, on vient d’annoncer que « le meilleur » est à venir. Et qui s’inquiète, après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1559 et après la prorogation du mandat présidentiel. Mais qui ne s’en interroge pas moins : Pourquoi dois-je attendre deux ans encore avant de pouvoir exercer mon droit de citoyenne à part entière, c’est-à-dire voter ? Un troisième correspondant, faussement candide, se demande pourquoi la décision onusienne constituerait une ingérence dans les affaires intérieures du pays et pas le dernier en date des diktats syriens.Le meilleur est à venir...À 19 ans, je me demande pourquoi il me faut attendre deux ans encore avant d’avoir le droit de voter. Plusieurs raisons me viennent à l’esprit, que je vais essayer d’énumérer en évitant de paraître trop logique pour ne pas donner l’impression de m’inscrire en faux contre les clichés qui nous sont servis. Tout d’abord, il faut prendre en considération le fait que je fais partie de la population libanaise, certainement ignorante, illettrée même et en tout cas facilement dupée par les déclarations hypocrites de nos dirigeants. Il est facile de me faire avaler toutes les farces dont on essaie de me nourrir. Ainsi, croyez-moi, j’ai été convaincue du fait que le redéploiement des forces syriennes s’effectue conformément à l’accord de Taëf et ne constitue nullement une réponse à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu. Pour ce qui est de la prorogation du mandat présidentiel, il faut se faire à l’idée que les 29 parlementaires qui s’y sont opposés sont, eux aussi, des ignares qui n’ont rien compris à ce « Liban, pays démocratique et pluraliste ». Et aujourd’hui, on nous dit que le meilleur est encore à venir…Yara SAAB Réponse à cinq argumentsCertains avancent, pour défendre la capacité du Libanais à s’autogouverner, cinq arguments, dont le premier est qu’il n’est pas mineur. L’éducation, contrairement à ce que pensent quelques-uns, ne se traduit pas uniquement par le degré d’alphabétisation à l’échelle mondiale, mais plutôt par la sagesse, l’intelligence, la dignité, la capacité de bien agir et réagir quand un obstacle surgit, la capacité de comprendre qu’on vit en société, avec des gens qui ont des points de vue différents. Le deuxième point est que le Libanais est capable : c’est un commerçant qui recherche la richesse par tous les moyens. Un pays ne doit pas avoir à sa tête des commerçants, mais plutôt des héros. Le troisième point est que le Libanais est contrôlable. Certains définissent la personne incontrôlable comme étant quelqu’un qui se soustrait à la discipline. Mais quelle discipline s’il n’y a pas de sécurité sociale, pas de réseaux de transport, pas de règles de route ? Les Libanais deviennent contrôlables quand le contrôle existe. Le quatrième point est que le Libanais est responsable. Par définition, un homme irresponsable est celui qui n’est pas capable de répondre de ses actes, de sa conduite. Un « patriote » irresponsable est celui qui prétend aimer sa patrie, mais qui n’est pas capable de répondre de ses devoirs envers elle, et qui l’abandonne dès que surgit un obstacle. Le cinquième point est que le Libanais n’est pas « borné ». Hélas!! Les Libanais ne prennent pas la modernité dans son ensemble, mais une part d’elle, plus exactement la partie qui leur convient. Malheureusement, c’est le mauvais côté !Hiba HADDAD Fuite en avant On savait que le monde n’avait pas beaucoup de respect pour un régime inféodé. Mais clamer sans sourciller que la résolution du Conseil de sécurité constitue une ingérence, alors qu’ordonner une prorogation à des parlementaires libanais et composer le gouvernement d’un pays sous tutelle n’en sont pas une, non seulement frise le ridicule, mais aussi disqualifie tout simplement les tenants de cet avis de tout rôle sérieux dans la région auquel ils auraient pu prétendre. Cette disqualification portant en elle les germes d’un changement à venir. L’accord unanime des membres du Conseil de sécurité sur la déclaration présidentielle du Conseil prouve bien que certains n’ont plus qu’à ramasser leurs billes, leur crédibilité internationale ayant reçu un camouflet universel malgré tous les conseils que les puissances ont pu leur prodiguer, alors que d’autres, pour quelque raison que ce soit (on n’en voit guère de valides), supportent l’ingérence des uns et refusent celles des autres. Ceux-là n’ont plus qu’à lécher leurs blessures avant de faire face au verdict d’un peuple indépendant qui refuse la soumission à toute ingérence, quelle que soit son origine, sauf quand celle-ci est imposée par des menaces à peine déguisées. La sagesse et la souplesse internationale qui avaient assuré la survie contre nature des uns n’a d’égal que la fuite en avant à laquelle s’accrochent éperdument certains nostalgiques d’un siècle révolu. J. MOURACADEHAdressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Lettre d’un compagnon de route
J’ai longtemps hésité avant de prendre la liberté de vous écrire. Si je m’y suis enfin décidé, c’est à cause de l’irrésistible désir de vous exprimer noir sur blanc ma très vive admiration pour l’objectivité de votre journal pour les enquêtes, les articles et les commentaires de valeur que vous servez à vos lecteurs, ainsi que...