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Communautés - L’Église maronite manifeste son attachement à la francophonie Le synode patriarcal soulève le dossier brûlant de l’enseignement supérieur

Réuni depuis dimanche 17 octobre, le synode patriarcal maronite poursuit aujourd’hui ses débats en abordant certains de ses textes les plus délicats, notamment les rapports de l’Église maronite avec la culture, la politique, la réalité économique et le fait social. Samedi, le synode avait achevé d’écouter la lecture d’un document crucial sur l’Église maronite et l’enseignement supérieur, qui établit le constat de la situation affligeante où se trouve l’Université libanaise, évoquant en outre la multiplication anarchique des universités et instituts d’études supérieures à but lucratif et le développement des universités privées relevant des ordres religieux. Le document manifeste pudiquement les craintes, pourtant fondées, que ces universités aient oublié les recommandations « de coordination et de coopération » qui leur sont demandées par le Concile Vatican II (1965) et l’Exhortation apostolique (1997). C’est le coordinateur du texte sur l’Église maronite et l’enseignement supérieur, M. Henri Awit, qui a lu le document, dont il a affirmé qu’il est le fruit de trois ans de recherches et de neuf remaniements. Ce texte, a-t-il précisé, a été établi en collaboration avec des responsables des quatre universités maronites, l’Université du Saint-Esprit-Kaslik, relevant de l’Ordre libanais maronite, l’Université Notre-Dame de Loueizé, relevant de l’Ordre mariamite, l’Université La Sagesse, relevant de l’archevêché maronite de Beyrouth, et enfin l’Université antonine, relevant de l’Ordre des antonins. Décision a été prise, par la suite, d’inclure aussi dans le document l’Université libanaise (UL). C’est évidemment la description de l’état actuel du secteur de l’enseignement supérieur qui a été la plus significative. Le document a placé en tête de ce volet l’UL. C’est ainsi que le synode a pu prendre connaissance de façon détaillée de la situation qui y prévaut, notamment sur le plan des bâtiments, au nombre de 94, dont la plupart sont des immeubles résidentiels non prévus pour l’enseignement. La capacité maximale de ces édifices est de 17 000 étudiants, alors que 65 000 y sont aujourd’hui inscrits. Le document décrit également l’état de l’appareil administratif universitaire, précisant qu’il n’existe pas de régime particulier pour l’UL, et que les considérations politiques, confessionnelles et régionalistes y règnent sans partage. Mais le plus affligeant reste la situation des professeurs, dont on pourrait beaucoup dire. À titre d’exemple, le document affirme qu’il n’existe aucun plan pour le renouvellement du cadre professoral et la préparation à des spécialisations, dont l’UL a besoin. D’ici à 2020, près de 1 277 professeurs actuels, dont la moyenne d’âge est de 55 ans, devront prendre leur retraite. Pullulement des universités Le document aborde ensuite l’inquiétante question du pullulement des universités privées, dont un nombre « appréciable » fonctionne dans l’illégalité totale, acceptant les étudiants et délivrant des diplômes sans autorisation, n’hésitant pas à se faire de la publicité. Selon le document, l’activité de certains de ces établissements frise l’escroquerie, puisqu’ils usurpent une qualité qu’ils n’ont pas, différente de celle sous laquelle ils ont présenté leur demande d’autorisation. Ces établissements enseignent des disciplines non autorisées, mentent sur les autorisations qu’ils possèdent, ouvrent des branches régionales sans même disposer du cadre académique adéquat, acceptent des étudiants non qualifiés pour l’enseignement universitaire et délivrent de fausses attestations. En conséquence, l’assemblée synodale a approuvé la création d’un Conseil national de l’enseignement supérieur qui serait chargé du contrôle des universités et des instituts d’études supérieures. Le document aborde aussi la question de l’accès à l’enseignement supérieur et préconise une série de mesures destinées à empêcher que la liberté de cet accès soit compromise par des barrières financières, tout en invitant l’État à agir dans ce domaine. L’Église et la francophonie Le document sur l’Église et l’enseignement supérieur fait une bonne place aux rapports de l’Église maronite avec la francophonie. Abordant la question des langues et la nécessité de ne pas oublier le syriaque, tout en continuant d’exceller en arabe, le document recommande l’apprentissage approfondi des langues étrangères, mais dans le respect d’une hiérarchie qui place le français avant l’anglais. Après avoir constaté que l’anglais progresse dans les écoles et universités, le document rappelle que « les chrétiens en général, et maronites en particulier, sont liés à leurs racines spirituelles par la langue française, où la religion chrétienne a laissé des traces ineffaçables. À travers elle, ils sont en liaison directe avec le patrimoine théologique catholique et avec ses valeurs humaines fondamentales. La substitution de l’anglais au français menace de priver les chrétiens de certaines de leurs principales et plus riches sources spirituelles ». De ce fait, par-delà les choix individuels des chrétiens, le document demande aux collectivités, communautés, institutions collectives de ne pas faire prévaloir une langue sur l’autre, ou remplacer une langue par l’autre, sans tenir compte des intérêts de l’Église. Le document signale enfin, mais trop superficiellement, le manque de coordination et de coopération entre les universités maronites. Ce manque de coordination est souvent à la source d’un gaspillage d’énergies et de ressources académiques et financièrs déplorable, sans parler du contre-témoignage qu’il représente. Fady NOUN
Réuni depuis dimanche 17 octobre, le synode patriarcal maronite poursuit aujourd’hui ses débats en abordant certains de ses textes les plus délicats, notamment les rapports de l’Église maronite avec la culture, la politique, la réalité économique et le fait social.
Samedi, le synode avait achevé d’écouter la lecture d’un document crucial sur l’Église maronite et...