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Actualités - OPINION

Sur les Campus L’émigration, un fléau aux différents visages

Les élections municipales ont quelque peu éclipsé, ces dernières semaines, les activités estudiantines, d’autant plus que les examens de fin d’année approchent dans les universités et que, pour les étudiants en fin de deuxième cycle, on commence à réfléchir à l’avenir. Et dans la grande majorité des cas, à préparer leur dossier pour l’envoyer en France, au Canada ou aux États-Unis, avec une seule idée en tête : poursuivre leurs études à l’étranger. Quitter le Liban. De manière momentanée, parfaire sa formation, se spécialiser, ou bien s’en aller définitivement, en prenant son destin à bras-le-corps, sans plus regarder en arrière. L’émigration est un phénomène omniprésent au niveau de la jeunesse libanaise. La maladie du siècle ? La solution au spleen libanais qui touche de plein fouet la jeunesse ? Quoi qu’il en soit, le thème a fait son entrée il y a bien longtemps dans les conversations de tous les jours des étudiants libanais et continue de susciter des discussions animées interétudiantes. Il est intéressant, à se titre, de tenter de dresser des idéaux-types de jeunes – sans échapper bien sûr au caractère schématique – confrontés au problème de l’émigration. D’un côté, il y a ceux nombreux qui, lucides, savent qu’ils ont besoin de voyager, de prendre le large, de se ressourcer à l’étranger. Ceux-là savent pertinemment qu’ils reviendront, contre vents et marées, travailler au Liban. Ils aspirent juste, estime Chrystel Salem, étudiante en droit à l’Université Saint-Joseph, à « se spécialiser à l’étranger pour revenir mieux armés et trouver du travail ici ». Pour pouvoir faire la différence au Liban, sur le terrain, il faut maximiser son savoir ailleurs, ce qui facilite le fait de percer sur le marché du travail. L’émigration n’est pas toujours synonyme de désengagement et de défaitisme, mais de porte de sortie pour mieux rebondir après. Il y a ceux qui refusent de quitter, par conviction ou par scepticisme. Ces jeunes pensent que le combat à faire est au Liban, et qu’il ne sert à rien de partir. Ces étudiants-là suivent de près l’action estudiantine, parce qu’ils pensent et espèrent encore pouvoir faire la différence au Liban. Voyager est, pour eux, synonyme de résignation au fait accompli. Animés par une volonté féroce de changement, ils sont prêts à rester, malgré les difficultés, dans leur pays pour modifier ce qui est possible, à leur échelle. Troisième catégorie d’étudiants, ceux qui considèrent, pour citer l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats Chakib Cortbawi, qu’ils ont « la valise sur le dos », et que « le Liban est pour eux un hôtel ». Ceux-là, dégoûtés des structures sociopolitiques, mais surtout morales et psychologiques du pays, préfèrent céder au désintérêt et militer pour le désengagement, en attendant d’obtenir leur diplôme, et aller scruter d’autres horizons jugés par eux plus appropriés et prometteurs. À la lumière de cette présentation qui, certes, n’est pas sans échapper aux clichés – puisqu’en fin de compte, chaque cas a ses spécificités et ses particularités –, la question qui se pose est la suivante : peut-on blâmer l’une de ces trois catégories pour le choix qu’elle est en train de faire, surtout lorsqu’un pays est à ce point en manque de repères ? Plusieurs facteurs, profondément enchevêtrés, entrent en jeu, à commencer par le conflit ancestral sur le plan libanais entre le sentiment individualiste et le sentiment sociocommunautaire d’appartenance à un groupe. Ne faudrait-il pas commencer par agir concrètement avant de demander aux jeunes de renoncer à leurs ambitions, notamment celles qui consistent à vivre dans un autre pays, à mener une existence radicalement différente ? « Le pays mérite une chance, et je n’ai pas perdu espoir », affirme Hassan Mohanna. Le président de l’USFC, le bureau de l’amicale des étudiants de l’Université américaine de Beyrouth, souhaite, en tant que responsable estudiantin, donner l’exemple. Un témoignage de confiance dans la fonction d’innovation, une charge tellement pesante mais ô combien noble, que doivent assumer, coûte que coûte, les étudiants libanais à l’heure actuelle. Michel HAJJI GEORGIOU
Les élections municipales ont quelque peu éclipsé, ces dernières semaines, les activités estudiantines, d’autant plus que les examens de fin d’année approchent dans les universités et que, pour les étudiants en fin de deuxième cycle, on commence à réfléchir à l’avenir. Et dans la grande majorité des cas, à préparer leur dossier pour l’envoyer en France, au...