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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON Amorphe, apathique, soumis, jusqu’à quand ?

Après la hausse du prix du mazout, des tarifs de l’électricité, des factures de la téléphonie fixe et mobile, c’est à présent le prix de la rabta de pain si chère aux Libanais qui, dit-on, va s’envoler d’ici à une dizaine de jours. Et avec, en prime, une augmentation du prix des sacs en nylon. Fallait s’y attendre, maintenant que plus rien ne semble sous contrôle dans le pays. Maintenant que tous les secteurs tombent en décrépitude. Maintenant que la corruption a rongé toutes les institutions publiques, sans exception. Le pire, dans cette envolée des prix, dans cette cascade de coups assénés à une population exsangue, c’est que personne ne réagit. Le citoyen encaisse les coups, se laisse faire et ravale sa grogne, tout en continuant à se faire saigner à blanc. Sa facture d’électricité qui a doublé en l’espace d’un petit mois, sans préavis, sans aucune justification ? Le citoyen se contente de réprimander mollement le percepteur, et puis se dépêche de payer son dû, en jurant toutefois de faire la chasse au gaspi dès le mois prochain. Sa facture de téléphone qui a dernièrement enregistré un record de manière incompréhensible, sans crier gare ? Le citoyen se borne à passer ses nerfs sur ses enfants, qu’il accuse d’être pendus au téléphone, et puis se rue au guichet des PTT pour payer sa facture, rubis sur l’ongle. En se promettant toutefois de redoubler de vigilance dès le mois prochain. Sa facture de mazout qui a fait un bond gigantesque ? Le citoyen, transformé en comptable, fait des calculs d’épicier et se contente de retarder sa commande ou de se munir de la quantité minimale, dans l’espoir que le prochain lot sera plus abordable. Mais encore une fois, il aura mal calculé et devra se résoudre à acheter sa tonne ou plutôt sa demi-tonne au prix fort. En remerciant le ciel d’avoir pu s’approvisionner en ces temps durs, tout en se promettant de se restreindre, histoire de tenir toute la saison d’hiver. Cette fois, c’est sur le malheureux chauffeur de citerne que le citoyen déversera sa colère et son impuissance, mais sans plus. Aujourd’hui, c’est le prix du pain qui menace de s’envoler. Ce pain, l’ami fidèle du Libanais, l’invité permanent à sa table, à son moindre repas, à sa moindre collation, le citoyen n’a d’autre choix que de l’acheter, et à tout prix. À moins de le remplacer par un bol de riz, une assiettée de borghol ou un plat de pâtes. À moins de se priver tout bonnement de cette « arouss » si chère aux enfants et à leurs mamans. Gageons que le citoyen, cette fois aussi, se bornera à se plaindre, tout en ravalant sa frustration. Amorphe, apathique, soumis, comme toujours. Ailleurs, la révolte aurait eu raison de la corruption, et les responsables des abus auraient été obligés de se démettre. Ailleurs, c’est le peuple tout entier qui se serait soulevé, toutes tendances confondues, pour préserver ses droits. Anne-Marie EL-HAGE
Après la hausse du prix du mazout, des tarifs de l’électricité, des factures de la téléphonie fixe et mobile, c’est à présent le prix de la rabta de pain si chère aux Libanais qui, dit-on, va s’envoler d’ici à une dizaine de jours.
Et avec, en prime, une augmentation du prix des sacs en nylon.
Fallait s’y attendre, maintenant que plus rien ne semble sous contrôle...