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Société Hurriyat Khassa engage le premier combat dans le monde arabe pour la dépénalisation de l’homosexualité

Pour la première fois dans le monde arabe, une organisation non gouvernementale libanaise, Hurriyat Khassa (Libertés privées), a engagé une campagne pour la dépénalisation de l’homosexualité au Liban, en projetant au cours du week-end écoulé Victim, le film qui a permis la levée de cette interdiction légale en Grande-Bretagne. La projection, dans un amphithéâtre de l’Université américaine de Beyrouth, a été suivie d’un débat où partisans et adversaires des droits des homosexuels se sont affrontés, les uns défendant le droit à la différence et les autres la nécessité de respecter la morale publique et les interdits religieux. « Nous avons choisi Victim parce que ce film, datant de 1961, a provoqué un tournant en Grande-Bretagne. Il a eu pour les homosexuels le même impact que Dans la chaleur de la nuit (In the Heat of the Night, 1967), un film phare dans la lutte contre le racisme anti-noirs », explique un membre de l’ONG cité par l’AFP sous le couvert de l’anonymat. Victim raconte l’histoire d’un jeune homosexuel qui se suicide pour protéger du chantage son amant, un avocat de renom dont le rôle est interprété par l’acteur britannique Dirk Bogarde. Au risque de détruire sa réputation, l’avocat traînera en justice la bande de maîtres chanteurs, qui s’en prenait aussi bien à des personnes connues qu’au coiffeur du quartier. Bogarde avait pris à l’époque le même risque en défendant les homosexuels dans une Angleterre qui ne s’était pas encore débarrassée du puritanisme. Se référant au préambule de la Constitution libanaise qui reconnaît la primauté de la Charte universelle des droits de l’homme, Hurriyat Khassa œuvre à l’abolition de l’article 534 du code pénal qui sanctionne d’un an de prison les « relations sexuelles contre nature ». Se battant contre l’ostracisme public, cette ONG a adressé une lettre de protestation à l’Ordre de la presse, déplorant les « termes insultants » contre les homosexuels dans la presse locale et arabe. Elle a également pris à partie un journaliste du quotidien arabe al-Hayat, Abdo Wazzen, pour un article intitulé « Dégoût sur la place publique », dans lequel il exprimait en termes virulents son horreur du mariage de deux homosexuels célébré à Bègles il y a près de deux mois par le maire écologiste français Noël Mamère. Hurriyat Khassa s’en est également pris au magazine libanais al-Mouhayed, qui s’était indigné de la présence d’homosexuels au cours d’une manifestation altermondialiste à Beyrouth en 2003. Regroupés sous une bannière arc-en-ciel (l’étendard du mouvement gay), une dizaine d’homosexuels, hommes et femmes, avaient défilé aux côtés de partis politiques opposés à la guerre en Irak. Pour l’association Helem (Rêve), qui défend sur son site Internet (www.helem.net) le droit « des homosexuels libanais au respect et à l’amour sans risques », la situation au Liban reste somme toute meilleure que dans le reste du monde arabe. Helem rapporte que selon une étude datant de 1999, se basant sur un échantillon de 650 Libanais, 5% ont affirmé être homosexuels. Mais pour cette association, l’article 534 est le prétexte à un chantage de la police ou de corbeaux. « La première chose qu’un flic tente de soutirer à un homosexuel, ce sont des aveux de relations avec des personnalités politiques afin de les ficher. En outre, ce sont en général les faibles qui écopent, les riches et les puissants trouvant toujours les moyens de se protéger » des autorités, ajoute Helem. Selon Amnesty International, les homosexuels sont sévèrement sanctionnés dans la plupart des pays arabes et certains leur appliquent la peine de mort. Ainsi, en Arabie saoudite, en 2002, 44 homosexuels ont été condamnés à de lourdes peines et quatre d’entre eux ont été exécutés.

Pour la première fois dans le monde arabe, une organisation non gouvernementale libanaise, Hurriyat Khassa (Libertés privées), a engagé une campagne pour la dépénalisation de l’homosexualité au Liban, en projetant au cours du week-end écoulé Victim, le film qui a permis la levée de cette interdiction légale en Grande-Bretagne.
La projection, dans un amphithéâtre de...