Un calme précaire régnait hier soir à Aïn el-Héloué au terme d’une journée marquée par un accrochage entre le Fateh et les membres du groupuscule fondamentaliste Jund el-Cham.
Vers 13 heures, le garde du corps d’un responsable du Fateh a été assassiné dans le camp de Aïn el-Héloué par des membres de Jund el-Cham qui compte un blessé dans ses rangs, après les échanges de tirs.
« Sans raison valable, des hommes armés, membres de Jund el-Cham, ont tiré sur Anis Khodr, le garde du corps d’un chef militaire du Fateh, alors qu’il circulait dans le camp, le tuant sur le coup », a indiqué, dans un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour, Maher Choubeita, responsable du Fateh à Aïn el-Héloué.
Des accrochages à l’arme automatique ont suivi, les membres du mouvement de Yasser Arafat ont pourchassé les partisans de Jund el-Cham qui avaient pris la fuite. Ils ont perquisitionné dans une maison utilisée pour les réunions du mouvement intégriste. Ils y ont trouvé plusieurs armes et munitions, notamment des roquettes B7, des grenades à main et des caisses d’explosifs. Le Fateh a ensuite détruit le local en question. Maher Choubeita indique dans ce cadre que « c’est désormais ainsi que le Fateh traitera avec tous ceux qui tenteront de lui porter atteinte », soulignant qu’il « est devenu intolérable de voir le camp de Aïn el-Héloué en proie très fréquemment à ce genre d’accrochages ».
Aucun des membres de Jund el-Cham, qui se sont réfugiés dans les deux quartiers fondamentalistes de Aïn el-Héloué, n’a été arrêté par la police palestinienne. Hier en fin d’après-midi, plusieurs réunions ont eu lieu entre les diverses factions présentes à Aïn el-Héloué, notamment le Fateh, les groupements palestiniens prosyriens et les groupuscules fondamentalistes, afin de faire baisser la tension. Le mouvement de Yasser Arafat a exigé que la personne ayant tiré sur Anis Khodr soit livrée à la police palestinienne. Jusqu’à hier en soirée, les négociations étaient toujours en cours.
Interrogé au téléphone par L’Orient-Le Jour, le responsable du Fateh au Liban, Mounir Makdah, a commenté l’incident, soulignant que « c’est ainsi que les agents des Américains et du Mossad ont jugé bon de célébrer le quatrième anniversaire de l’intifada ». « Ils veulent aussi que dans son rapport de demain, Kofi Annan prenne en considération la question de l’armement dans les camps palestiniens du Liban », a-t-il ajouté.
Créé au début de l’été 2004, Jund el-Cham est un groupement sunnite formé notamment de Isbat el-Denniyé, une quinzaine de Libanais qui avaient trouvé refuge à Aïn el-Héloué après les massacres du Akkar en janvier 2000, et de deux factions palestiniennes dissidentes de Isbat al-Ansar : Isbat al-Nour qui avait pour chef Abdallah Chreidi – le mouvement avait été neutralisé par le Fateh au printemps 2003 après l’assassinat de son chef – ainsi que la Jamaa de Imad Yassine.
Jund el-Cham a pour chef Abou Youssef Charkié, un Palestinien expulsé du camp de Nahr el-Bared (Tripoli), il y a une quinzaine d’années, par le Fateh CR (Conseil révolutionnaire) d’Abou Nidal.
Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, en août dernier, Charkié avait précisé que « le nombre d’adhérents à Jund el-Cham ne compte pas, quand on a assez d’armes ».
Selon les responsables du Fateh, Abou Youssef Charkié ne sert que de couverture à d’autres factions fondamentalistes, notamment la Jamaa de Imad Yassine. Le dernier accrochage entre le Fateh et Jund el-Cham à Aïn el-Héloué remonte à un mois. Le 29 août dernier, le groupuscule islamiste avait tiré sur une manifestation organisée par le mouvement de Yasser Arafat ; les affrontements avaient fait à l’époque 3 morts et 7 blessés.
Patricia KHODER
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