Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Cinéma Une fiction à donner le frisson : « The Manchurian Candidate » de Jonathan Demme (Photo)

Dépassé, l’espionnage classique «à la James bond». Il s’agit maintenant de manipulations de tout ordre, ou de lavage de cerveau selon des méthodes ultrasophistiquées. En ces temps d’élection présidentielle américaine et d’intrigues autour de la « haute » politique, voilà un film qui vient à son heure. L’histoire avait été imaginée par Richard Condon dans un livre à grand succès. John Frankenheimer en fit un film (resté célèbre) en 1962, avec Frank Sinatra en vedette. Que se passait-il dans ce premier Manchurian Candidate? En bref, ceci. Un héros de la guerre de Corée, rentré aux États-Unis, reste traumatisé par d’étranges souvenirs, jusqu’à ce qu’on réalise qu’il pourrait bien préparer des assassinats « politiques ». La carrière de sa mère, qui est sénateur US, devrait en être favorisée : elle a « son » candidat (maccarthyste) pour la Maison-Blanche. Le film eut un retentissement considérable. Peu après sa sortie, éclatait la crise des missiles à Cuba, et The Manchurian Candidate était retiré de la circulation! Un an plus tard, le président Kennedy était assassiné, à Dallas... Le film ne devait réapparaître sur les écrans qu’en 1987. Étrange, non ? Aujourd’hui, Tina Sinatra (fille de Frank) a eu l’idée du remake: le projet, écarté par la Warner Bros., fut finalement repris par Paramount. Les dérives de la politique The Manchurian Candidate a gardé son titre (en France, c’était Un crime dans la tête). Mais le grand méchant ennemi ne pouvait plus être le monde communiste: le rôle est échu au terrorisme international (?), Et la guerre du Golfe a pris le relais du conflit coréen. Derrière la caméra, feu Frankenheimer est remplacé par Jonathan Demme (l’auteur de The Silence of the Lambs, une référence de poids). Ben Marco (Denzel Washington) et ses hommes, pris dans une embuscade, ont été sauvés par l’action audacieuse du sergent Raymond Shaw, lequel va faire son chemin jusqu’à devenir candidat à la vice-présidence US. Avec l’aide de sa maternelle : l’étonnante Meryl Streep incarne l’ambitieuse femme sénateur. Cependant, Ben Marco se pose de plus en plus de questions: que s’était-il réellement passé durant la guerre ? Un invraisemblable complot est-il en préparation ? Dans l’ambiance qui prévaut actuellement aux États-Unis, on n’a pas manqué de rapprocher la satire politique du film de l’effet dévastateur (?) du pamphlet anti-Bush Fahrenheit 9/11, de Michael Moore. Jonathan Demme n’est pas d’accord. Pas plus que Denzel Washington, lequel souligne: « Ce n’est qu’un film, et il est peu probable qu’il change les intentions de vote du public.» Dans The Manchurian Candidate, on n’entend pas une seule fois les mots «démocrates» et «républicains». Quant à Meryl Streep, ravie d’avoir trouvé là un personnage à sa mesure – qui est immense –, un détail l’amuse beaucoup: «D’aucuns ont prétendu que parmi les “modèles” d’Eleanor Shaw se trouvait, au premier rang, Hillary Clinton. » Meryl Streep répond en riant : «Quoi, pour l’ambition politique ? Non, rien à voir avec Hillary! il n’en est pas question.»* Ainsi se présente le film de Jonathan Demme, à coup sûr un des plus attendus de la nouvelle saison. On en jugera prochainement chez nous. J.-P. GOUX-PELLETAN * À noter que Janet Leigh, l’inoubliable victime d’Hitchcock dans Psycho, faisait partie de la distribution du Manchurian Candidate, première version.
Dépassé, l’espionnage classique «à la James bond». Il s’agit maintenant de manipulations de tout ordre, ou de lavage de cerveau selon des méthodes ultrasophistiquées. En ces temps d’élection présidentielle américaine et d’intrigues autour de la « haute » politique, voilà un film qui vient à son heure.
L’histoire avait été imaginée par Richard Condon dans un...