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Détenus 28 jours à Falloujah par les moudjahidines irakiens Aram Nalbandian et Charbel Hajj sont arrivés hier en soirée à l’aéroport de Beyrouth (photo)

Après 27 jours de captivité à Falloujah, Aram Nalbandian, 47 ans, et Charbel Hajj, 31 ans, sont rentrés à Beyrouth. L’avion qui les transportait de Bagdad s’est posé sur le tarmac de l’AIB à 20h. Ils ont été emmenés à l’AUH ; Aram a la cheville cassée et Charbel souffre de plusieurs fractures au bassin. Quelques heures avant leur libération – qui avait nécessité dix jours de négociations – la maison dans laquelle ils étaient détenus a été visée par un bombardement aérien. « Ce sont les moudjahidines, qui les détenaient, qui les ont amenés à l’hôpital, leur chauffeur irakien, Ahmed Mirza, détenu avec eux, a péri dans le raid », a indiqué dans un entretien avec la presse le PDG de Ci- Ci, l’entreprise qui les emploie, Fady Yassine. Depuis le 18 septembre, date de l’enlèvement de Charbel et de Aram, Fady avait remué ciel et terre pour les libérer. Hier, il était à bord de l’avion qui transportait les otages jusqu’à Beyrouth. Et avant qu’il ne retrouve sa famille, venue à l’aéroport avec des fleurs à l’intention des deux anciens otages, Yassine est resté près de ses employés, aidant les secouristes à transporter le brancard de Charbel Hajj. Le PDG de l’entreprise indique qu’il avait quitté Beyrouth dimanche, les moudjahidines lui ayant promis de lui remettre les deux otages mardi. Quelques heures avant leur libération, le bâtiment où ils étaient détenus avait été bombardé par l’armée américaine. M. Yassine tient à remercier Abou Abdallah el-Kébir, chef de milice à Falloujah, et les responsables de l’entreprise égyptienne Irakouna qui l’avaient aidé à effectuer les contacts nécessaires pour la libération des deux Libanais. « Eux-mêmes ont encore deux employés pris en otages », indique M. Yassine. En réponse à une question, il explique que « les deux Libanais avaient été pris en otages par une bande de malfaiteurs, qui voulait les troquer contre de l’argent avec une autre bande, et ils sont tombés ensuite dans les mains des moudjahidines ». Interrogé au sujet de la rançon, M. Yassine relève : « Bien sûr, on avait négocié une rançon, qui s’est chiffrée à 100 000 dollars, mais finalement Abou Abdallah el-Kébir a refusé de l’encaisser expliquant qu’il refusait de prendre de l’argent pour libérer des otages arabes qui ne collaboraient pas avec les Américains ». Évoquant également les négociations pour la libération des otages, il a indiqué qu’il s’était réuni à Tripoli, il y a presque deux semaines, avec cheikh Saer, chef du comité des ulémas musulmans en Irak, et que la rencontre s’était tenue en présence d’un cheikh tripolitain et de cheikh Maher Hammoud, responsable religieux à Saïda et à Aïn el-Héloué. À sa sortie d’avion, Aram Nalbandian, qui avait hâte de retrouver sa famille, est assailli par les journalistes. La voix fatiguée, il raconte sa libération. Il indique aussi qu’il avait été torturé au début de sa détention et souligne : « Nous avons su que Kenneth Bigley a été égorgé. » Comment ? « Ils nous ont raconté », dit-il. Avant de rejoindre Beyrouth, les deux otages, qui avaient passé deux heures sous les décombres de la maison bombardée, avaient indiqué à l’AFP qu’ils avaient été enlevés par le groupe d’Abou Moussab al-Zarqaoui, relevant que cinq combattants ont été tués dans le raid. « Nous nous dirigions vers Falloujah, le 17 septembre, lorsque nous avons été arrêtés par un barrage de la résistance », a raconté Charbel. « Ils nous ont interrogés pendant les 5 premiers jours avant de nous transférer dans une deuxième maison », poursuit-il. Les deux hommes parlent d’une « guerre de nerfs », de longues heures sans sommeil, de pratiques peu orthodoxes, puis se ravisent, comme s’ils voulaient éviter l’ire de leurs kidnappeurs. La plupart du temps, les otages avaient les yeux bandés avec un bout de tissu tenu en place par un fil de fer. « On devinait les heures de la journée grâce à l’appel à la prière » des mosquées, a indiqué Aram. Quand ils avaient la permission d’ôter leur bandeau, ils trouvaient en face d’eux des ravisseurs masqués. Lorsqu’ils sont interrogés sur la présence d’Arabes non irakiens parmi le groupe, ils refusent de parler et répètent avoir été bien traités. « Le plus dur c’est de ne pas savoir quand on va sortir », a relevé Aram. « Et puis il y a les voix d’autres otages dans des chambres voisines. » « Les derniers jours, il y avait un Égyptien », a renchéri Charbel. Et de nombreux Irakiens châtiés pour des affaires de mœurs ou de vol. « Nous sommes allés dans la tanière de l’ours », a conclu Aram. Le tarmac de l’AIB, hier soir. Aram Nalbandian, amaigri et fatigué, avait beaucoup de mal à descendre les quelques marches de la passerelle de l’avion. Il a été accueilli par sa sœur Rose, en sanglots. Cette dernière était venue avec son époux à l’aéroport. Sa mère, sous calmants, était incapable de se déplacer jusqu’à l’AIB. Aram est père de trois enfants, Tatiana, 12 ans, Tommy 10 ans, et Angela 7 ans. Tout comme la famille de Charbel Hajj, les Nalbandian avaient su dimanche 19 septembre, par le biais du journal télévisé, qu’Aram, présent en Irak depuis avril dernier, avait été kidnappé. Et Rose comme les Hajj ne voulait pas parler de ces 28 jours d’attente. Il a fallu une dizaine de minutes pour que la Croix-Rouge puisse transporter Charbel Hajj jusqu’à l’ambulance. Allongé sur un brancard, le jeune homme, presque squelettique, a le visage rongé par une longue barbe et toute secousse lui fait mal. Sa mère, Nohad, le voit l’espace de quelques instants avant de s’évanouir. Avec toute la famille, venue à l’aéroport, notamment le père de l’ancien otage Karam et ses trois sœurs Roula, Rana et Racha, Nohad a suivi son fils en voiture jusqu’à l’AUH. Charbel s’était rendu en Irak, 25 jours avant son enlèvement. Patricia KHODER

Après 27 jours de captivité à Falloujah, Aram Nalbandian, 47 ans, et Charbel Hajj, 31 ans, sont rentrés à Beyrouth. L’avion qui les transportait de Bagdad s’est posé sur le tarmac de l’AIB à 20h. Ils ont été emmenés à l’AUH ; Aram a la cheville cassée et Charbel souffre de plusieurs fractures au bassin. Quelques heures avant leur libération – qui avait...