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Actualités - OPINION

Spot Ping-pong à Pyongyang

Ce pays est un cas génétique rare. Composite, artificiel même, ne l’oublions pas, il souffre d’une déficience immunitaire certaine. Quelque chose comme le sida. À Taëf, on lui a appliqué une trithérapie syro-arabo-américaine. Qui l’a mis en rémission, qui l’a sauvé de la mort subite. Mais pas plus. De multiples poisons nichés dans le cerveau, le pancréas, le foie métastasent partout. À partir de ce réjouissant tableau clinique, les traitants, tous les traitants sans exception aucune, ne peuvent que se tromper quelque part. Celui qui veut soigner le dos nuit aux jambes, et ainsi de suite. Mais si certains commettent involontairement de faux mouvements, d’autres défient délibérément la science. Ou la technique opératoire. Ces gestes inappropriés fondent, en fait, l’histoire contemporaine de ce pays. Il faudrait des volumes entiers pour en effectuer l’inventaire. Contentons-nous donc, à titre d’exemple, d’évoquer quelques éléments récents : – Quand l’Américain, ou le Français, somme la Syrie de ne pas s’immiscer, il est dans son droit. Au regard, non pas des grands principes creux, mais des rapports de force, de la défense d’intérêts internationaux. – De même pour le retrait syrien. En 92, George Shultz était venu le réclamer. En application de Taëf, dont l’Américain est le coparrain. On l’a envoyé sur les roses. Et pendant 12 ans, Washington, comme Paris, a dormi sur ce glorieux laurier. S’il se réveille aujourd’hui, c’est en bâillant d’une manière assez équivoque. Dans ce sens qu’il fait de ce retrait non pas un impératif nécessitant ultimatum, mais une condition élastique, facilement négociable. Sur le dos de qui ? – Devant ces réalités de base, on serait tenté de se féliciter du durcissement apparent du discours (c’est le mot) syrien. Car en ruant dans les brancards, Damas se met en posture de rupture. D’autant plus fâcheusement que ses arguments, de par leur faiblesse logique et juridique flagrante, apportent de l’eau au moulin de ses adversaires. Ainsi, dans son récent speech, Assad évite toute mention d’ouverture en direction de l’Amérique. Or, jusqu’à la 1559, la Syrie ne cessait de répéter qu’elle était demandeuse de dialogue. Elle risque aujourd’hui, en refusant de (pour)parler, que les USA et la France la prennent au mot. – En se braquant, elle se réfère peut-être à l’exemple nord-coréen. Pyongyang a en effet pour habitude, chaque fois qu’un round de négociations est lancé, de durcir le ton, pour obtenir un surcroît de concessions. Mais Damas oublie un peu vite qu’il n’a plus l’URSS à ses côtés ni les pays arabes sciés par le syndrome Ben Laden. Ni la bombinette, ni le Japon en face comme cible immédiate, ni la Chine dans son dos pour couvrir éventuellement ses arrières. – On reste, malgré tout, dans un cadre de prénégociation. Pour la banale raison qu’après le fiasco, aussi certain que relatif, de l’Irak, le militarisme US ne risque pas de se déchaîner contre la Syrie. Surtout en période électorale. Il ne faudrait donc pas s’étonner si, in fine, Américains et Syriens se mettaient d’accord. Sauf que ces derniers auraient intérêt à comprendre que les surenchères préalables se paient forcément au moment de se mettre à table. J.I.
Ce pays est un cas génétique rare. Composite, artificiel même, ne l’oublions pas, il souffre d’une déficience immunitaire certaine. Quelque chose comme le sida. À Taëf, on lui a appliqué une trithérapie syro-arabo-américaine. Qui l’a mis en rémission, qui l’a sauvé de la mort subite. Mais pas plus. De multiples poisons nichés dans le cerveau, le pancréas, le foie...