Hariri s’est entretenu avec Sfeir et Joumblatt et s’apprête à rencontrer Kornet Chehwane À la recherche d’un « gouvernement d’union nationale » (photo)

La question de la formation d’un nouveau gouvernement continue d’être au centre des contacts du Premier ministre Rafic Hariri, qui s’est entretenu samedi avec le chef de l’Église maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, et hier avec M. Walid Joumblatt. Le Premier ministre se prépare, par ailleurs, à rencontrer le Rassemblement de Kornet Chehwane. Le Premier ministre a quitté le siège patriarcal de Bkerké, visiblement satisfait, après un aparté d’environ une heure, suivi d’un déjeuner, avec le chef de l’Église maronite. Le député Bassem Fleyhane accompagnait le Premier ministre. Selon des sources bien informées, l’entretien entre M. Hariri et le chef de l’Église maronite a été « sérieux, détaillé et constructif », et a été « généralement positif ». La question de la formation d’un nouveau gouvernement était certes au centre de l’entretien, mais à aucun moment il n’a été question de noms, soulignent les sources citées Selon des sources ecclésiastiques, le patriarche Sfeir a préféré « écouter plutôt que parler ». Et ces sources de préciser que les positions du patriarche n’ont pas changé, et qu’il préfère « prendre son temps et juger sur pièce, avant de prendre position ». On sait aussi que le chef de l’Église maronite attend impatiemment la publication du rapport du secrétaire général de l’ Onu sur l’application de la résolution 1559 « pour savoir si le Liban s’est mis ou pas en marge de la communauté internationale ». Par ailleurs, l’entretien a porté sur une évaluation du cours des événements pris après le vote de la prorogation du mandat du président Lahoud, la loi électorale et l’achèvement du processus de retour des déplacés de la guerre. En tout état de cause, le Premier ministre a quitté le siège patriarcal de Bkerké sans faire de déclaration. Par ailleurs, le chef du gouvernement aurait informé le patriarche Sfeir des résultats de sa dernière visite à Damas. Selon des sources proches de M. Hariri, ce dernier « n’a pas changé d’avis » et travaille sur l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale « dont personne ne serait exclu », et où seraient représentés le Rassemblement de Kornet Chehwane et des ministres qui seraient proches du patriarche maronite. Avec Joumblatt Hier, et comme chaque dimanche, le Premier ministre a reçu à son domicile le chef du PSP, accompagné des députés Marwan Hamadé et Nehmé Tohmé. De l’entretien, qui revêt une importance cruciale à ce tournant de la vie nationale, aucun détail n’a filtré. Toutefois, selon des observateurs, les deux hommes sont d’accord sur le fait qu’un gouvernement d’union nationale ne doit exclure personne, et donc pas plus Walid Joumblatt que Kornet Chehwane. Partant, et estimant que le mariage du feu et de l’eau est une formule dont même Damas n’a pas le secret, ces observateurs estiment que le prochain gouvernement ne serait pas formé par M. Hariri. Et d’expliquer que l’entrée au gouvernement du PSP refléterait un « pas stratégique en arrière » que les partisans de la prorogation ne seraient pas prêts à faciliter, à moins d’un miracle, car cette entrée implique l’adoption, par le gouvernement, d’une déclaration ministérielle qui reprendrait pour l’essentiel le « manifeste de Clemenceau ». Ce qui vaut pour Joumblatt vaut aussi pour le patriarche, ajoutent les sources citées, qui voient mal le chef de l’Église maronite accorder sa caution morale à un gouvernement qui ne chercherait pas à traduire dans les faits une réconciliation nationale véritable. Notons, en marge de ces considérations, que le chef du PSP a assisté hier à un déjeuner politique offert en son honneur par le Dr Ghattas Khoury, seul député du bloc du Premier ministre à avoir osé défier les pressions syriennes et voter contre la prorogation. Kornet Chehwane Au programme de M. Hariri figure enfin une rencontre avec le Rassemblement de Kornet Chehwane. On apprend en effet, de source bien informée, qu’un contact a été engagé par le Premier ministre à cette fin, sans qu’il soit possible de préciser si la rencontre se limitera aux membres du secrétariat de ce Rassemblement, ou si elle aura lieu au cours d’une réunion plaindre. On estime, toutefois, au sein de ce rassemblement, que c’est le rapport du secrétaire général de l’Onu sur l’application de la 1559 qui déterminera les grandes orientations de l’étape à venir. De ce fait, on cherche à « ne pas devancer les faits » et, comme pour le patriarche, à « voir venir ». Selon une source à Kornet Chehwane citant le patriarche, « la période que nous vivons pourrait accoucher bientôt de quelque chose de positif, non sans avoir été précédée des convulsions propres à toute nouvelle naissance ».