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Vient de paraître «Vergers d’exil», un hommage à Gabriel Bounoure

Parmi les livres de la rentrée littéraire à Paris on se doit de signaler, aux Éditions Geuthner, la parution de Vergers d’exil, un recueil de textes concernant Gabriel Bounoure, fondateur de l’École supérieure des lettres de Beyrouth. La génération libanaise d’aujourd’hui ne connaît pas l’histoire peu commune de celle de l’École, ni celle de son fondateur. Cette institution a constitué, jusqu’au moment où elle fut intégrée à l’Université St-Joseph, à la fin des années soixante-dix, une aventure intellectuelle et spirituelle, un moment magique de l’histoire du Liban. Gérard Khoury eut l’heureuse idée d’organiser, à Aix-en-Provence, un colloque sur Gabriel Bounoure et, par la suite, d’aller à la recherche de la correspondance qui s’était établie entre Bounoure et Georges Schéhadé. Les deux initiatives aboutirent merveilleusement, et Gérard Khoury fit publier les textes présentés au colloque, ainsi que la correspondance, en un livre dont il tira le titre d’une lettre de Bounoure: Vergers d’exil. Gabriel Bounoure demeurera l’une des figures exceptionnelles de la présence française en Orient – au Liban et en Syrie – à l’époque du mandat. Conseiller dès 1922 auprès de la puissance mandataire, il décida, à l’avènement de l’indépendance du Liban, de créer ce qu’il nomma «L’École supérieure des lettres», soit une faculté des lettres autonome dont il fut le premier directeur et l’un des professeurs. L’École fut inaugurée début janvier 1945, elle-même inaugurant une nouvelle approche pour les relations entre la France et l’Orient arabe. Bounoure était en même temps le principal critique de poésie à la NRF de Paris. Il gardait, à partir de Beyrouth, des liens d’amitié avec certains des plus grands écrivains tels que Pierre-Jean Jouve, Michaux, Claudel, Jouhandeau... C’était un homme de liberté, un penseur farouchement ouvert, un homme de civilisation. Nous avons été, Salah Stétié, Antoine Médawar, Wagih Ghossoub, Yvette Achkar, et d’autres, les élèves des premiers jours, des premières promotions. L’École siégea à la villa Karam, Achrafieh, à l’avenue Clemenceau, puis rue de Damas, là où siège aujourd’hui le Centre culturel français. Elle eut pour secrétaire général Georges Schéhadé... C’est ainsi, d’ailleurs, que je le surpris un soir dans son bureau, regardant les eucalyptus du jardin, et (nous étions fin septembre) je l’entendis s’exclamer: «J’ai trouvé!» Il venait de trouver le nom d’un des personnages de La soirée des proverbes: le lieutenant Septembre... Vergers d’exil permettra à ses lecteurs d’avoir une connaissance de Bounoure et, à travers lui, d’un aspect du Liban d’alors, encore si proche, malgré tout. Car l’École des lettres, sous sa direction et son enseignement, était devenue un foyer de culture où se rassemblaient non seulement des étudiants mais aussi les poètes et écrivains libanais de langue arabe tout aussi bien que de langue française. Parmi ses prestigieux invités, on ne peut pas ne pas évoquer les conférences données par Louis Massignon, et la visite d’une semaine qu’André Gide effectua à Beyrouth et où il se promena dans les allées du jardin de la villa Karam, et où il présida le jury d’un débat sur la poésie, organisé par l’École. La correspondance Bounoure-Schéhadé ne peut qu’enchanter les lecteurs du créateur de Monsieur Bob’le, et remettre un peu dans son contexte l’aventure littéraire exceptionnelle du grand poète qu’il fut. Vergers d’exil, vergers de poésie, vergers de culture. Etel ADNAN
Parmi les livres de la rentrée littéraire à Paris on se doit de signaler, aux Éditions Geuthner, la parution de Vergers d’exil, un recueil de textes concernant Gabriel Bounoure, fondateur de l’École supérieure des lettres de Beyrouth.
La génération libanaise d’aujourd’hui ne connaît pas l’histoire peu commune de celle de l’École, ni celle de son fondateur. Cette...