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CONCERT Au théâtre Monnot Le décevant tour de chant de Jean Guidoni (Photo)

C’était pourtant annoncé sur les cartons d’invitation que le spectacle commençait à 20h30 précises. Eh bien non, les quatre musiciens ne sont arrivés sur scène qu’aux alentours de 21h. Fumée blanche étouffante et atmosphère de concert agité avec un public hétéroclite de tous âges, où bon nombre d’auditeurs ont quitté la salle avant la fin du récital. Chemise noire portée baba cool avec col ouvert, pantalon gris foncé de coupe classique, chaussures noires lustrées, Jean Guidoni salue le public émergeant de ces fumées qui voilent les spots et asphyxient le public. Silhouette empâtée d’un artiste qui n’a plus rien de son outrageuse flamboyance physique de jeunesse… Mais l’esprit de révolte et de sensibilité d’écorché vif est toujours quelque part là; probablement dans ces mots avec lesquels Jean Guidoni défend inébranlablement la chanson à texte française. Mots narrant la vie, ses revers et ses émotions. Tout en n’ignorant guère le dernier voyage, celui de la mort: «Le chant des morts fait perdre le Nord...», dit-il un peu lugubrement sentencieux. Un monde dur, pourtant bourré de bons sentiments avec quelques pointes d’humour. Certes noir, mais c’est toujours de l’humour… Quelques pas de danse maladroitement esquissés, une cigarette qu’il grille à la Gainsbourg, sur scène, un look sage et quelque peu «ringard» d’un homme qui ne cache plus l’outrage du temps, Jean Guidoni n’a pas un grand charisme pour séduire ou captiver la salle souvent assourdie par une musique fortissimo avec des dissonances marquées. D’autant plus que la sonorisation, poussée à fond, était carrément défectueuse: micro ne transmettant pas nettement les paroles du chanteur, batterie lâchée à brides abattues, guitares électriques tonitruantes, rythmes parfois syncopés comme les éclats vaguement jazzy de Nougaro. Voilà Jean Guidoni pour la croisade de son nouvel album Trapèze. Pas très équilibré et guère convaincant ce Trapèze qui n’a rien d’éblouissant. Côté musique, on reste bien froid devant tant d’agitation vaine et l’on n’a souvent même pas pu savourer la beauté des mots (car il y en a) tant les sonorités intempestives étouffaient toute netteté de message et de communication. «Le monde n’a plus de nom… mais évidemment il y a la vie», dit l’artiste entre deux sursauts de colère et de résignation pour dénoncer «les temps incertains». On n’oublie pas non plus la revendication de Guidoni à la tendresse et l’amour lui qui, tout en «installant une cellule de crise», voudrait «être otage de ses bras serrés…» Un moment où l’émotion a quand même passé, celle de la chanson pour sa mère… «Je te préférais encore quand tu sonnais avant d’entrer…», chante mélancoliquement l’artiste accompagné d’une mélodie doucement plaintive. Touchante prévenance de toutes les mamans qui en savent long sur la vie et ses perfides secrets… «Ramenez-moi des moceaux d’étoiles», clame ce barde des temps modernes sur fond de musique hurlante. On aurait bien aimé en voir nous au moins leur clignotement, mais hélas, ce tour de chant, aux mots qui ont besoin plus de silence et de calme, est décevant. Edgar DAVIDIAN
C’était pourtant annoncé sur les cartons d’invitation que le spectacle commençait à 20h30 précises. Eh bien non, les quatre musiciens ne sont arrivés sur scène qu’aux alentours de 21h. Fumée blanche étouffante et atmosphère de concert agité avec un public hétéroclite de tous âges, où bon nombre d’auditeurs ont quitté la salle avant la fin du récital.
Chemise...