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Actualités - OPINION

Loyalistes et opposants dans l’attente du rapport Annan Le dilemme du cabinet, un premier prix à payer pour la prorogation

Pour le fond, une guerre, on sait quand et comment cela commence. Mais pas quand ni comment cela finit. Or l’échéance présidentielle a déclenché le grave conflit, extérieur aussi bien qu’intérieur, de l’amendement, de la prorogation. Pour le moment, on ne sait qu’une chose : il est moins que jamais question de voir ce pays se reposer, réaliser l’entente. Car, de nouveau, les Libanais se retrouvent dangereusement divisés. Et l’on ne sait pas comment on va pouvoir sortir de la crise ministérielle en gestation. Cela dépendra, en grande partie, de cette 1559 dont on aurait pu facilement se passer. On sait en effet que tout le monde attend le rapport Annan. Les loyalistes, pour voir s’ils vont être obligés, au cas où le ton serait sec, d’accepter l’idée d’un cabinet d’entente englobant les opposants. Et ces derniers, pour savoir s’ils devront participer, malgré leur refus de légitimer le coup de force, pour soutenir de l’intérieur l’accélération d’un processus de normalisation. Qui se déclencherait au cas où la Syrie et, partant, le Liban officiel devaient annoncer qu’ils se soumettent aux injonctions de l’Onu. Ce qui impliquerait la proclamation d’un calendrier-programme pour le retrait syrien. Mais la plupart des observateurs s’attendent, quelle que soit la teneur du rapport Annan, à un surcroît de complications politiques internes. En effet, si l’on dépasse le jeu sur les mots, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de possibilité d’entente. Les loyalistes ne veulent pas des opposants, au fond. Et s’ils le pouvaient, ils écarteraient même Hariri. Les opposants, pour leur part, ne souhaitent pas transiger, en cas d’accession au pouvoir, avec des principes que leurs vis-à-vis sont loin de partager. À partir de ce constat, des professionnels se demandent pourquoi l’on a pris, avec la prorogation parachutée, une décision qui n’apporte du bon à personne. Un choix absurde, puisqu’il provoque aussi bien une confrontation avec les USA, la France et le Conseil de sécurité qu’un clivage interne. Encore aujourd’hui, ces pôles n’en reviennent pas et restent perplexes. N’aurait-il pas été infiniment plus simple, plus avantageux, d’élire un nouveau président de la République, qui aurait été forcément agréé, sinon choisi, par la Syrie ? Qui se serait de la sorte épargné le reproche de s’immiscer dans les affaires intérieures libanaises et de régenter ce pays. Et qui aurait, en même temps, donné moins de prise aux exigences US concernant la neutralisation du Hezbollah, le retrait du Liban ou celui de l’appui aux radicaux palestiniens. Mais les officiels restent imperméables à cette logique élémentaire. Ainsi le président Berry fait mine de s’étonner qu’on fasse un tel tapage aujourd’hui, alors que la prorogation Hraoui s’était passée sans remous. Il observe que la différence tient sans doute au fait qu’il y a de la rancune (entendre US) accumulée contre la Syrie. À cause de son « non » aux conditions posées. Un refus sans lequel, estime le chef du Législatif, la prorogation aurait passé comme une lettre à la poste, sans objection. Mais, justement, sachant ce qu’il en était du côté des intentions US, pourquoi le défi ouvert ? Fouad Boutros a souligné, après un entretien avec le patriarche Sfeir, qu’il est certes exact que les grandes puissances agissent en fonction de leurs intérêts avant tout. Mais que, de la façon dont les choses se déroulent en ce qui a trait aux relations bilatérales libano-syriennes, à l’ombre de la présence de l’armée syrienne, les Libanais n’ont pas l’air de se comporter d’une manière naturelle ou raisonnable. Ce qui donne à penser aux grandes puissances que les anomalies d’attitude libanaise sont imputables aux pressions subies. Ce qui revient à dire que les Occidentaux s’aperçoivent que la domination syrienne fausse le jeu normal au Liban, ce qu’ils ne sauraient tolérer indéfiniment. Alors, pour en revenir à la question ministérielle, l’Onu, les USA et la France accepteront-ils sans broncher que Hariri, ou un autre, soit désigné par Damas ? P.I.

Pour le fond, une guerre, on sait quand et comment cela commence. Mais pas quand ni comment cela finit. Or l’échéance présidentielle a déclenché le grave conflit, extérieur aussi bien qu’intérieur, de l’amendement, de la prorogation. Pour le moment, on ne sait qu’une chose : il est moins que jamais question de voir ce pays se reposer, réaliser l’entente. Car, de...