Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

1559 - Le tandem libano-syrien se défend comme il peut La thèse de « l’ingérence » du Conseil, une rareté dans les annales diplomatiques

Dans la houleuse histoire de l’Onu, émaillée de tant de conflits sanglants, on trouve rarement des parties qui aient accusé la plus haute instance exécutive internationale, le Conseil de sécurité, d’ingérence abusive. Des protestations, des reproches d’injustice ou de discrimination, des récriminations, il s’en trouve beaucoup. Mais une plainte officielle, en bonne et due forme, couchée noir sur blanc, ce n’est pas fréquent. Il faut, peut-être, regarder du côté du Kosovo et de Milosevic. Donc aujourd’hui, le Liban et la Syrie se distinguent sur ce plan. En effet, rattrapant une omission de réaction négative au sortir même de la 1559, ils ont attaqué l’Onu à partir du rapport de son secrétaire général, Kofi Annan. Damas Ainsi, Damas a adressé à ce dernier une note verbale (toujours écrite, en fait, et en diplomatie) déclarant que le débat en Conseil de sécurité sur les relations bilatérales syro-libanaises est un précédent d’ingérence illégitime dans les affaires intérieures de pays indépendants, membres de l’organisation. Ajoutant que cette initiative est contraire à l’alinéa 7 de l’article 2 de la Charte définissant les questions qui ne relèvent que des autorités d’un État déterminé. Damas affirme qu’avec la 1559, le Conseil déborde les missions que la Charte lui impartit. Car il n’est rien, dans les relations fraternelles privilégiées de la Syrie avec le Liban, qui menace la sécurité et la paix mondiales. De plus, aucun de ces deux pays n’a porté plainte contre l’autre, pour qu’il y ait saisine du Conseil. Sur le fond politique, la note syrienne attribue la situation régionale troublée à l’inexistence d’une paix équitable, du fait du défi constant qu’Israël lance à la Charte même des Nations unies. Beyrouth De son côté, le Liban a répondu à Kofi Annan par le biais de sa délégation permanente à l’Onu. Pour relever des failles et des erreurs dans les passages du rapport relatifs à la présence militaire syrienne, à la Résistance au Sud et à l’échéance présidentielle. La missive critique également le ton sévère adopté envers le Liban et la Syrie, ton qui contraste avec la souplesse manifestée à l’égard d’Israël. Annan se voit rappeler qu’il a omis de mentionner le rôle primordial joué par Israël dans les massacres de Sabra et de Chatila, commis lors de l’invasion israélienne de 1982. Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a déployé d’intenses contacts avec l’extérieur, dans la perspective de la réunion du Conseil de sécurité, sous la présidence rotative de la Grande-Bretagne. Ces relances ont mis l’accent sur le fait que, tout en restant respectueux de la légalité internationale, le Liban lui demande d’abord de faire appliquer les résolutions dans leur ordre chronologique. C’est-à-dire de s’assurer qu’Israël a rendu les terres, en vertu de la 242, de la 338 et de la 425, avant de songer à mettre en application la 1559. La France De son côté, Rafic Hariri devait revoir Jacques Chirac, qu’il avait rencontré la semaine dernière. Mais l’agenda du président français, dit-on, ne lui a pas permis d’accorder de nouveau audience au chef du gouvernement libanais. En réalité, la France se montre au moins aussi acharnée que les Américains pour la mise en place de la 1559. Elle mène campagne, d’après des sources diplomatiques fiables, en vue d’une résolution dite mécanique, d’une 1559 bis en somme, qui fixerait clairement un calendrier-programme pour le retrait syrien de ce pays. Comme pour l’envoi de l’armée libanaise au Sud, en lieu et place du Hezbollah, appelé à désarmer. Selon ces sources, une résolution annexe a plus de chances d’être prise qu’une proclamation du Conseil par le truchement de son président. Pourquoi ? Parce que pour cette dernière procédure, il faut, en réalité, la signature unanime des 15 membres du Conseil, tandis qu’une résolution est votée à la majorité. L’Amérique Du côté américain, on garde évidemment l’œil ouvert. Le nouvel ambassadeur, Jeffrey Feltman, met pleinement à profit les visites protocolaires qu’il effectue pour faire connaissance. Washington, malgré la contestation de l’amendement et de la prorogation, lui a demandé de ne pas bouder Baabda. Sans doute pour mieux faire acte de présence pesante. Le diplomate devrait donc demander audience dans les prochains jours. À la lumière, si l’on peut dire, de ce que le Conseil de sécurité aura pris comme décisions concernant la 1559. Donc, sur le plan politique sinon légal, les USA considèrent désormais la prorogation comme un fait accompli dépassé. Qu’il est donc inutile de tenter de ramener en arrière les aiguilles de l’horloge. Ce serait de la perte de temps, l’essentiel étant que désormais le cas libanais se trouve internationalisé. Sans plus être livré à la tutelle exclusive de la Syrie. L’opposition Partant de cette réalité nouvelle, et du rapport de Kofi Annan qui constitue une étape importante, des pôles locaux s’étonnent du combat d’arrière-garde que le Liban officiel livre encore au sujet de la 1559. Pour eux, ce baroud d’honneur est préjudiciable à l’intérêt bien compris du pays, en tant qu’entité indépendante, bien entendu. Ils soulignent que le Liban a toujours eu besoin de l’ombrelle, et de l’aide, de l’Onu. Qui a notamment cautionné le pacte de Taëf, qui n’a donc rien d’un traité bilatéral avec la Syrie, comme les loyalistes le soutiennent. Si le Liban veut voir réglé le problème des réfugiés palestiniens, il ne doit pas se mettre à dos les instances internationales. Et il ne doit pas non plus contester le constat d’Annan concernant la présence militaire qui consacre l’hégémonie politique syrienne. À laquelle il faut mettre un terme, à l’amiable, pour retrouver la normale, concluent ces sources. Philippe ABI-AKL
Dans la houleuse histoire de l’Onu, émaillée de tant de conflits sanglants, on trouve rarement des parties qui aient accusé la plus haute instance exécutive internationale, le Conseil de sécurité, d’ingérence abusive. Des protestations, des reproches d’injustice ou de discrimination, des récriminations, il s’en trouve beaucoup. Mais une plainte officielle, en bonne et...