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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON La révolte d’un non-fumeur

Ils fument sans arrêt, comme des cheminées. Au boulot, dans leur voiture, au restaurant, dans les dîners, dans les chambres à coucher et même les hôpitaux, le tabac accompagne leurs moindres gestes. Une cigarette après l’autre, un cigare après l’autre, ils fument, sans compter, par boîtes entières. L’ambiance qu’ils préfèrent ? Des lieux enfumés, des cendriers remplis de mégots, des cendres qui jonchent leurs bureaux et les sols qu’ils foulent, une odeur fétide de tabac froid, un air irrespirable. Libre à eux de vouloir se donner un genre ou une contenance, de devenir accros ou même tabacomanes, de vivre dans l’illusion d’un plaisir unique, voire incomparable. Libre à eux de se jaunir les doigts, de sentir la cendre, dans leurs habits, dans leurs cheveux, dans leur haleine, dans leur chair. Libre à eux de se détruire la santé, d’abîmer leurs poumons condamnés à l’atrophie, chaque jour un peu plus. Mais on ne peut s’empêcher de dire halte face à cette liberté à sens unique. Face à ce j’m’enfichisme à l’égard d’autrui qui transforme malgré eux les non-fumeurs en fumeurs passifs, avec tous les risques que cela comporte. Face à cette indifférence hautaine qui ne supporte aucune répartie. La fumée dense à vous en faire pleurer, l’air irrespirable à vous en brûler les poumons, l’odeur insupportable à vous en faire rendre l’âme, les mégots de cigarette jetés jusque dans les toilettes, à vous en dégoûter jusqu’au restant de vos jours, les cendres qui s’incrustent dans vos claviers, vos livres, vos tiroirs, vos habits, à vous en faire sortir de vos gonds... Cela suffit ! Le comble, c’est lorsque les fumeurs sévissent avec audace, voire défi, dans les lieux qui leur sont interdits : les espaces non-fumeurs. Espaces qui commencent timidement à voir le jour au Liban, dans les administrations publiques, dans les bureaux et dans quelques transports en commun. Des espaces qui arborent fièrement l’écriteau ou la mention non-fumeur, mais dont les fumeurs font fi, au mépris de toute règle de bienséance, de courtoisie et de savoir-vivre. Au mépris du respect de la santé d’autrui et du droit le plus absolu au refus du tabagisme. Ici, on impose sa cigarette par la force. Là, on l’introduit sournoisement, bien cachée derrière le dos. Ailleurs, on s’invite, l’air de rien, cigarette à la bouche, en faisant mine d’avoir oublié l’interdiction de fumer. Mais à la moindre remarque, c’est au quart de tour que les fumeurs réagissent, la parole leste, la répartie facile, sur un ton de prétendue plaisanterie. Ils ne sauraient se faire marcher sur les pieds, eux. Quant aux non-fumeurs, ils n’ont qu’à ravaler leur colère et leur frustration, et continuer de se laisser intoxiquer en attendant patiemment que s’éteigne l’espèce des fumeurs désinvoltes. En attendant surtout que le décret ministériel promulgué il y a quelques années, interdisant de fumer dans les lieux publics, soit enfin appliqué. Il n’est quand même pas interdit de rêver ! Messieurs les fumeurs, cela vous dérange-t-il si nous ne fumons pas ? Anne-Marie EL-HAGE
Ils fument sans arrêt, comme des cheminées.
Au boulot, dans leur voiture, au restaurant, dans les dîners, dans les chambres à coucher et même les hôpitaux, le tabac accompagne leurs moindres gestes.
Une cigarette après l’autre, un cigare après l’autre, ils fument, sans compter, par boîtes entières. L’ambiance qu’ils préfèrent ? Des lieux enfumés, des cendriers...