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analyse Bkerké, pôle de dialogue et de paix

Le problème qui se pose, avec les régimes autoritaires, c’est que plus on s’éloigne du modèle démocratique, plus le retour à ce modèle risque d’être chaotique et marqué par des aléas politiques et des troubles à l’ordre public. C’est inévitable. C’est une loi politique. C’est la raison pour laquelle le dialogue est urgent. Mais le véritable dialogue, en l’état de confusion où se trouve le pays, ce n’est pas à Baabda qu’il se déroule, et encore moins au Parlement, mais à Bkerké, où le patriarche assume avec la difficulté qu’on imagine l’immense responsabilité d’être, malgré tout, un artisan de paix. Oui, pour se repérer dans le tourbillon politique où le Liban est pris, c’est aujourd’hui sur Bkerké que les regards doivent se fixer. Et c’est véritablement la cause de la paix que le patriarche défend, par l’extraordinaire mesure dont il parvient à faire preuve, au milieu de toutes les contradictions qui marquent en ce moment notre vie nationale. Un moment grave et pourtant précieux, marqué par une nervosité croissante du climat politique et une unanimité naissante contre la coercition habillée en fraternité. Ce que le patriarche cherche à montrer, c’est tout simplement que c’est par la voie démocratique, par le libre jeu des institutions qu’on se tirera, avec le moins de dommages et de convulsions possible, de l’impasse où la violation des règles démocratiques a engagé le Liban. Ce modèle d’action est celui qu’il faut proposer à la région tout entière. Et d’abord à la Syrie, qui multiplie les erreurs à l’endroit des Libanais, au point que certains, dont Walid Joumblatt, émettent l’hypothèse qu’on a forcé la main au chef de l’État syrien lors de la prorogation du mandat présidentiel. Mais la cause de la paix, quelle est-elle ? C’est la cause de la vérité, de la liberté et de la fraternité entre les communautés libanaises. Une fraternité pleine de prévenances, prête à toutes les excuses, pour éviter de heurter l’autre. On a ainsi vu le patriarche faire l’impasse sur une proposition de recours au référendum sur les questions vitales, avancée par Hassan Nasrallah. Toutefois, le soin du patriarche à ne pas blesser est pris dans le respect de la vérité et le droit à la liberté, et les calculs qu’il fait sont ceux que le respect de ces exigences inaliénables impose. La pensée politique du patriarche épouse étroitement, en cela, celle de Jean-Paul II qui, parlant en connaissance de cause – puisque son pays d’origine, la Pologne, a disparu plusieurs siècles durant de la carte géographique – pose à la nation des « lois objectives », telles que le droit d’exister ou le droit d’être libre, et soumet la paix et le rapprochement entre les nations au respect de ces lois. Ces lois, aucune majorité numérique, aucune majorité parlementaire n’a le droit d’y toucher. Elles sont intangibles. Ainsi, aucune majorité parlementaire n’a le droit de céder une parcelle de la souveraineté du Liban simplement parce qu’on ne peut pas céder ce qui ne vous appartient pas. On peut en dire autant d’ailleurs de l’intégrité territoriale ou de la liberté. Ces composantes de la nation sont constitutives de la nation. Elles appartiennent à tous et à chacun. Sinon, ce serait la porte ouverte à tous les abus. Sinon, l’article faisant du Liban « une patrie définitive » pourrait, demain, être modifié. C’est ce sens que l’on a voulu donner à l’article 49 de la Constitution. Pour l’opposition, il s’agit d’un article consensuel et son amendement a été un coup de force en bonne et due forme contre l’esprit de la Constitution, aussi tonitruant qu’ait été le concert de ceux qui lui sont favorables. Combien plus quand on sait quelles pressions ont été exercées pour rendre ce coup de force possible, quelle violence pour infléchir la volonté des députés et le masquer derrière une majorité parlementaire. À l’heure où le Premier ministre se rend à Bkerké et où l’autorité morale du siège patriarcal est reconnue de tous, chef de l’État en tête, il reviendra au patriarche de concilier les exigences de la paix et de la vérité, sans pour autant se substituer aux acteurs politiques qui doivent faire respecter les « droits objectifs » du Liban à exister et à être libre. Plutôt leaders nationaux au Liban que simples figurants en Syrie. Fady NOUN
Le problème qui se pose, avec les régimes autoritaires, c’est que plus on s’éloigne du modèle démocratique, plus le retour à ce modèle risque d’être chaotique et marqué par des aléas politiques et des troubles à l’ordre public. C’est inévitable. C’est une loi politique.
C’est la raison pour laquelle le dialogue est urgent. Mais le véritable dialogue, en...