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Taëf n’a jamais lié le retrait au dossier régional

Selon un ancien ambassadeur, le redéploiement, ou le repositionnement pour utiliser les termes de Taëf, doit s’accompagner d’une délimitation du volume et de la durée de séjour des forces syriennes. Ainsi que d’une définition de leurs rapports avec les autorités libanaises. Cet ex-diplomate s’appuie sur le témoignage d’un des artisans de Taëf, Albert Mansour. Qui met l’accent, dans un ouvrage axé sur le travail des législateurs, sur les éléments suivants : – Il est impossible (on est en 89) d’agencer un retrait syrien immédiat. Il faut tenir compte de la nécessité de protéger les entrées de Damas d’une agression israélienne. Tout comme on ne peut laisser l’anarchie et les combats intérieurs se propager dans les régions libanaises. – Les débats de l’époque, les déclarations du comité arabe tripartite : le délai de deux ans fixé pour le retrait est un maximum. Plus exactement, au bout de ce délai, les forces syriennes sont censées s’être regroupées dans des positions déterminées de la Békaa. – Il est imprécis de soutenir que le regroupement des forces dans la Békaa dépend d’un accord entre les deux gouvernements libanais et syrien. Le texte exact de Taëf édicte, en effet, littéralement, qu’au bout de la période des deux ans « les deux gouvernements décideront le repositionnement des forces syriennes dans la Békaa. » Il est évident que les deux gouvernements n’ont pas le choix : ils doivent décider, ordonner, le repli et il n’est pas question d’une condition préalable quelconque. – C’est seulement au niveau de la phase suivante qu’il peut y avoir arrangement. Taëf indique en effet qu’après le repli, et seulement après, les deux gouvernements pourront négocier, et se mettre d’accord, sur le volume et la durée de séjour des forces syriennes repositionnées, ainsi que sur la nature de leurs rapports avec les autorités locales. – Nulle part on ne trouve, dans Taëf, que le retrait syrien est lié à l’occupation du Liban-Sud par Israël. Ou qu’il dépend d’un accord entre les deux gouvernements libanais et syrien. En fait, si repositionnement et retrait n’ont pas lieu, le pacte de Taëf, définitivement trahi, tombe. Et tout ce qui s’en est suivi tombe aussi. – Ce qui est indiscutable, souligne Mansour, c’est que Taëf a uni les réformes politiques et la souveraineté. Une façon d’indiquer qu’une fois les réformes accomplies, dans un délai de deux ans, la souveraineté doit être récupérée en entier, dans sa pleine intégralité. Donc que le retrait syrien doit être parachevé. Ces données de base battent en brèche la position officielle rechantée récemment par le ministre de la Défense, Mahmoud Hammoud. Qui annonce que le retrait syrien complet n’aura lieu qu’après un règlement de paix régional global, après restitution des territoires arabes occupés par Israël, et après récupération de tous les droits arabes. Ce qui signifie que le Liban (officiel) ne veut tout simplement pas retrouver sa souveraineté avant un (hypothétique, voire illusoire) traité de paix régional. Qui serait conclu à Pâques, à la Trinité ou aux calendes grecques... – Quant aux relations libano-syriennes, Albert Mansour signale que l’on n’en a pas beaucoup discuté à Taëf. Car cette question paraissait englobée par le thème de la souveraineté, déjà débattu et tranché. Il précise qu’on croyait alors avoir toutes les garanties nécessaires, du fait même que le retrait syrien devait avoir lieu au maximum deux ans plus tard. On croyait de même qu’une fois le repositionnement accompli, la présence syrienne ne serait plus que militaire. Et qu’il n’y aurait plus d’ingérence dans les affaires intérieures libanaises, notamment sur le plan sécuritaire. Dès lors, les relations bilatérales pourraient être privilégiées. En fonction des intérêts communs et de la fraternité « stratégique ». Un terme qui, sur insistance du président des Kataëb et du camp maronite, a été remplacé par une mention générale d’intérêts fraternels. De même, l’on a obtenu un rajout important : la nécessité que des accords bilatéraux potentiels se fassent dans « le respect de la souveraineté et de l’indépendance de chacun des deux pays ». Le témoin précise que les radicaux (libanistes) avaient donc accepté les liens privilégiés sous promesse d’une souveraineté libanaise effective. Ils avaient même accepté de céder les prérogatives de la présidence de la République, toujours pour obtenir en contrepartie la souveraineté du Liban. Pour en revenir à l’actualité, l’ancien diplomate initialement cité répond aux loyalistes qui accusent le Conseil de sécurité d’ingérence que cette instance est concernée car elle a cautionné Taëf, qui est un accord international et non pas bilatéral. Émile KHOURY
Selon un ancien ambassadeur, le redéploiement, ou le repositionnement pour utiliser les termes de Taëf, doit s’accompagner d’une délimitation du volume et de la durée de séjour des forces syriennes. Ainsi que d’une définition de leurs rapports avec les autorités libanaises. Cet ex-diplomate s’appuie sur le témoignage d’un des artisans de Taëf, Albert Mansour. Qui met...