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ÉCLaIRAGE Le chef du PSP a quasiment lié son sort à celui des forces démocratiques Au « Bristol », solidarité totale avec Joumblatt en attendant le front d’opposition pluriel et organisé

Le congrès pour la victoire des libertés, organisé hier au Bristol avec la participation d’une très large palette d’opposants de diverses appartenances politiques et communautaires a fourni l’occasion aux courants représentés et aux dix orateurs qui ont pris la parole (et dont les allocutions sont reproduites ci-dessous) de pourfendre « le régime militaro-sécuritaire », mais aussi d’exprimer leur solidarité, voire leur désormais indéfectible unité avec Walid Joumblatt. Les parties qui ont pris part à la rencontre sont affiliées à cette « dynamique du centre » qui regroupe actuellement Kornet Chehwane, le Forum démocratique, la Gauche démocratique, le Renouveau démocratique et la Rencontre démocratique (bloc joumblattiste) – et à laquelle le courant aouniste devrait absolument se joindre pour que « la boucle soit enfin bouclée ». Le chef du PSP ne se faisait d’ailleurs guère d’illusions quant à sa situation actuelle, et le message capital qu’il a adressé hier à l’audience du Bristol portait en lui une détermination farouche et le besoin d’une unité à parfaire autour de lui en vue de le renforcer. Voire de le protéger. Et pour cause : au moment même où le maître de Moukhtara affirmait sans détour à l’opposition plurielle : « Si je sors de vos rangs, je suis fichu », les flèches de plus d’un prosyrien aguerri, l’inévitable Assem Kanso en tête, s’abattaient sur lui pour le traiter de traître et le menacer d’un dossier politico-judiciaire. Et les détracteurs de Joumblatt, alliés bien dociles de l’axe Baabda-Anjar-Damas, annonçaient leur ambition de préparer aujourd’hui un contre-Bristol, à l’hôtel Commodore, pour « bannir » le chef du PSP, une fois pour toutes, des « rangs nationaux ». Une nouvelle « guerre des hôtels » en perspective, qui fait étrangement songer aux contre-manifestations emmenées en 2001-2002 par la cellule télécommandée de Hamad ou par les Ahbaches en vue d’empêcher Kornet Chehwane ou les courants chrétiens de manifester dans la rue. Mieux encore, Joumblatt a dû attendre hier avant de s’assurer qu’il passerait bel et bien aujourd’hui à la télévision, en dépit de toutes les pressions exercées pour empêcher l’émission. L’histoire a, dit-on, une fâcheuse tendance à se répéter. Par deux fois au moins, le chef du PSP a été soumis à d’intenses pressions pour avoir franchi certaines lignes rouges (et dépassé les barrières communautaires en usant d’un discours suffisamment souverainiste) imposées par Damas. S’il faut se fier au dernier ouvrage d’Alain Ménargues, un premier rapprochement avec les forces chrétiennes en 1980 avait été avorté en raison de pressions catégoriques et persuasives de la « Sublime porte ». Une deuxième fois, en 2001, son ouverture sur le patriarche maronite avait conduit le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam à faire le voyage jusqu’à Moukhtara, et Assem Kanso à sortir de sa réserve pour menacer le leader socialiste, sous la coupole du Parlement. Par deux fois, Joumblatt était rentré dans le rang, s’était assagi, reprenant à tue-tête la phraséologie officielle, avec une bonne dose de pragmatisme. Mais hier, la horde de messagers d’une Syrie apparemment courroucée a délivré son message au maître de Moukhtara – Nader Succar a même été jusqu’à accuser le leader druze de vouloir accueillir chez lui « son ami » de l’Internationale socialiste Shimon Pérès ! Reste que le chef du PSP a lui aussi, en retour, transmis son message au Bristol. Mais le Bristol n’est qu’une étape. Dans les cercles de la nouvelle opposition, qui a définitivement brisé le carcan communautaire, le mouvement n’est pas près de s’essouffler. Le document de Clemenceau, mardi, et le congrès d`hier ne constituent en fait que des étapes préliminaires d’une dynamique qui doit déboucher sur le cauchemar absolu de tout régime un tant soit peu autoritaire : un vaste front d’opposition organisée et unifiée par un discours, des principes, des objectifs. Les réunions se multiplient dans ce cadre pour élaborer, la semaine prochaine, un document commun à tous les courants politiques qui étaient réunis au Bristol, puis de tenter une ouverture en direction des députés indépendants qui se sont opposés à un « Lahoud bis », tels que Farès Boueiz ou Ahmed Fatfat, par exemple, en leur réservant la place qu’ils méritent au sein de cette coalition. Il reste que la fanfare d’attaques orchestrée contre Walid Joumblatt échappe au champ du politique. Elle amorce dangereusement une chute vers le degré zéro du politique qui, si elle se confirme, ne manquera pas de mettre encore plus le Liban sous la loupe des observateurs internationaux. D’autant que, cette fois, l’opposition ne se taira pas. Michel HAJJI GEORGIOU
Le congrès pour la victoire des libertés, organisé hier au Bristol avec la participation d’une très large palette d’opposants de diverses appartenances politiques et communautaires a fourni l’occasion aux courants représentés et aux dix orateurs qui ont pris la parole (et dont les allocutions sont reproduites ci-dessous) de pourfendre « le régime militaro-sécuritaire »,...