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Actualités - CHRONOLOGIE

Un «Véronèse profane» et jubilatoire au musée du Luxembourg (photo)

Même les dieux ont l’air humain sous la touche d’un «Véronèse profane», chaleureux, bienveillant, amoureux de l’amour et de la beauté, présenté en 42 œuvres au musée du Luxembourg à partir d’aujourd’hui, mercredi 22 septembre. Jusqu’au 30 janvier prochain, on redécouvrira comment Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), grand peintre de l’histoire sainte, loin d’être celui de la chair triste, martyrisée, consacra son génie à chanter l’opulence heureuse. Ses Vénus n’ont rien de femmes fatales et leurs aimables rondeurs mises en valeur par une touche lumineuse, émergeant de somptueux drapés, s’accompagnent de regards tendres ou de mains caressant la chevelure bouclée de leur Adonis. Dans Vénus, Mars et Amour avec un cheval, le dieu de la guerre a troqué son armure pour la tenue d’Adam, seulement dérangé dans son jeu amoureux par la tête de son cheval qui semble gentiment le rappeler à ses fonctions martiales. Dans L’Enlèvement d’Europe, Zeus métamorphosé en taureau a plutôt l’air d’un bœuf bonasse avec ses guirlandes de fleurs autour des oreilles, et qui brouterait paisiblement s’il n’embrassait pas le pied de sa captive. Enfin, c’est à se demander, si le Jeune homme entre le Vice et la Vertu, finalement entraîné par la seconde, n’aurait pas dû s’attarder aux charmes troubles mais sans vulgarité de la première. Mais bon, la morale est sauve. On imagine mieux dans le XVIe siècle italien les froncements de sourcils qu’eut l’Inquisition devant les facéties picturales de Véronèse – hallebardiers vidant les verres – dans La Cène, promptement rebaptisée Le Repas chez Levi. L’exposition célèbre également ses portraits – où, d’une simple zébrure naît un moiré et, d’une transparence, un velouté –, comme Portrait de femme (La Bella Nani), en fait celui de l’épouse de Véronèse, douce et songeuse. Pour le commissaire de l’exposition Claudio Strinati, surintendant des Musées de Rome, «Véronèse opère la synthèse entre la magnificence des couleurs de la peinture vénitienne et la peinture de la terre ferme, entre Padoue Vicence, Vérone et Rovigo». C’est là qu’est née sa maîtrise de l’espace. Alliant perspectives et raccourcis audacieux à un talent de coloriste – merveilles de complémentaires – qui s’épanouira à Venise, Véronèse devait s’affirmer comme un des plus grands maîtres du XVIe siècle, fils spirituel du Titien, et concurrent souvent heureux d’un autre génie, celui du Tintoret. L’ensemble présenté au musée du Luxembourg comprend 31 peintures et 11 dessins, venus de Vienne (Lucrèce) ou Strasbourg (Mort de Porcris), de Gênes (Suzanne et les vieillards) ou Saint-Pétersbourg (Diane chasseresse). Une occasion rêvée de retourner au Louvre pour admirer Les Noces de Cana et ses mille inventions amusantes (la dame au cure-dents, le chat s’attaquant à un masque de pierre), ou encore à Versailles pour Un repas chez Simon.
Même les dieux ont l’air humain sous la touche d’un «Véronèse profane», chaleureux, bienveillant, amoureux de l’amour et de la beauté, présenté en 42 œuvres au musée du Luxembourg à partir d’aujourd’hui, mercredi 22 septembre.
Jusqu’au 30 janvier prochain, on redécouvrira comment Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588), grand peintre de l’histoire sainte,...