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Ce qu’ils en pensent Redéploiement syrien

On savait que quelque chose se préparait depuis quelques jours, mais l’annonce du cinquième redéploiement des troupes syriennes au Liban a quand même été une surprise. Et comme d’habitude dans ce genre d’événement, l’annonce est d’abord venue des autorités syriennes (cette fois-ci de l’ambassadeur de Syrie à Washington), même si les responsables libanais ont vite tenté de rattraper la situation en publiant un communiqué détaillé sur la décision de rédéploiement et ses modalités. Selon une source de sécurité, quelles que soient les interprétations données à ce redéploiement, il s’inscrit dans l’application de l’accord de Taëf, qui avait obtenu l’appui de la communauté internationale. C’est au ministre de la Défense, Mahmoud Hammoud, que nous avons posé les questions élémentaires sur un sujet aussi délicat. Mahmoud Hammoud, ministre de la Défense Q : Comment expliquez-vous cette décision brutale de retirer des troupes syriennes du Liban, dans cette atmosphère internationale aussi complexe ? R : « La décision peut vous paraître brutale, mais elle est en gestation depuis près de trois mois. Les réunions entre les deux commandements militaires libanais et syrien se multiplient dans le but d’évaluer en permanence la situation sur le terrain et de prendre les mesures qui s’imposent dans ce cadre. La décision n’est donc pas liée aux derniers développements internationaux. Elle n’est pas récente et a été dictée par la situation satisfaisante de la sécurité au Liban. Nous avons eu un bel été avec de nombreux visiteurs et tout s’est très bien passé. Il fallait donc que cette atmosphère de sécurité se traduise sur le terrain par des mesures concrètes. » Q : Justement, ces quelques jours, la sécurité semble un peu perturbée, avec les incidents de Bourj Hammoud et ceux du Sud. Est-ce bien le moment de faire une telle annonce ? R : « Cela prouve bien que la décision de retrait n’est pas née d’hier et qu’elle n’est pas liée à un contexte particulier. Elle s’inscrit dans le cadre de l’application de l’accord de Taëf et de la coordination permanente entre les commandements militaires libanais et syrien. Par ailleurs, je voudrais préciser que dans tous les pays du monde, il y a des incidents. Cela ne signifie pas pour autant que la sécurité y est instable. En tout cas, au Liban, la situation générale est satisfaisante et les incidents sont vite circonscrits. De plus, le déploiement de l’armée sur l’ensemble du territoire permettra de mieux juger la situation sur le terrain. » Q : Quand vous dites déploiement sur l’ensemble du territoire, cela signifie-t-il qu’elle ira au Sud, conformément à l’une des clauses de la résolution 1559 du Conseil de sécurité ? R : « Vous savez très bien que la demande de déploiement de l’armée le long de la frontière paraît simple mais cache d’autres objectifs. Je crois que la décision de redéploiement syrien n’a rien à voir avec cette revendication. De plus, notre pays est grand par son importance, mais petit en surface. Et l’armée a des casernes à Bint Jbeil, Marjeyoun, Hasbaya, etc. Et à partir delà, les soldats ont besoin de moins de cinq minutes pour atteindre la frontière en cas d’incident. Sans parler de la force sécuritaire commune qui regroupe des FSI, des soldats, des éléments de la Sûreté générale, etc, et qui opère au Sud. La situation là-bas est d’ailleurs très calme depuis un mois. Ceux qui réclament le déploiement de l’armée au Sud adoptent une position théorique et ne connaissent pas la réalité sur le terrain. Enfin, il n’y a pas de soldats syriens là-bas, pour que l’armée libanaise prenne leur relais. Je crois surtout que le Liban mérite que l’on cesse de tout critiquer et que l’on ait un regard positif. C’est notre pays et nous avons tout intérêt à être solidaires et à le défendre par tous nos moyens. Je souhaiterais bien sûr que le problème régional soit résolu. Lorsque j’étais ministre des AE, nous avions lancé, au sommet de Beyrouth, une initiative en vue d’un règlement global. Mais elle n’a pas eu l’impact souhaité, à cause de la situation régionale. Nous sommes toutefois toujours prêts à la relancer car nous avons hâte de nous consacrer au développement de notre pays. » Q : Ce retrait-là sera-t-il le dernier et quelles sont, exactement, les régions concernées ? R : « Je ne pense pas qu’il sera le dernier. Il porte sur une zone allant de Dhour Choueir à Damour. Mais je ne connais pas les détails sur les cartes, car ce sont là des questions logistiques que les commandements armés des deux pays étudient ensemble. Je sais simplement que l’armée libanaise prendra la relève des troupes syriennes là où celles-ci se retireront. Maintenant, où s’installeront dans les détails les bataillons et les brigades, je préfère que les deux armées en parlent entre elles. » Karim Raad, étudiant en sciences politiques Q : Pensez-vous que le redéploiement syrien est lié à la résolution 1559 et serait-il le dernier ? R : « Je suis quasiment certain que la brusque décision du redéploiement est liée aux pressions américaines sur la Syrie. Au début, Damas a tenté d’atermoyer, lançant quelques ballons d’essai, mais elle a vite vu que cette fois c’est du sérieux et qu’elle ne peut plus faire la sourde oreille. Est-ce le dernier redéploiement ? Je l’espère mais je ne le crois pas. Je pense que la Syrie va encore essayer de gagner du temps. Elle jette du lest et attend la réaction internationale. Et c’est sur base de cette réaction qu’elle décidera de la politique à suivre. Je crois que ces stratagèmes ne trompent plus personne. Malheureusement, les responsables libanais se croient toujours obligés de tenir un langage d’un autre âge, comme s’ils pouvaient encore convaincre qui que ce soit. Même en Syrie, on ne va pas jusque-là dans la langue de bois... Toujours est-il que toute démarche syrienne en ce sens est bonne à prendre. En espérant que cette fois, ce soit du sérieux, car la communauté internationale ne semble pas devoir se laisser leurrer. » Scarlett HADDAD
On savait que quelque chose se préparait depuis quelques jours, mais l’annonce du cinquième redéploiement des troupes syriennes au Liban a quand même été une surprise. Et comme d’habitude dans ce genre d’événement, l’annonce est d’abord venue des autorités syriennes (cette fois-ci de l’ambassadeur de Syrie à Washington), même si les responsables libanais ont...