Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Un grand tapage médiatique, mais peu de mouvements de troupes (photo)

Annoncé en grande pompe lundi dans la nuit, le premier jour du cinquième redéploiement syrien n’était pas à la hauteur des attentes des habitants des régions touchées par l’initiative de Damas. Le tapage médiatique orchestré tout au long de la journée ne correspondait pas à la réalité sur le terrain, du moins jusqu’à hier en fin d’après-midi. L’Agence nationale de l’information (Ani) avait annoncé en début d’après-midi que « les soldats syriens ont évacué leurs positions situées sur les rives du fleuve Damour et les collines avoisinantes. Des camions transportant des troupes et des munitions ont été aperçus quittant le Chouf vers la Békaa ». « Les troupes syriennes ont également évacué quatre positions à Doha (Aramoun) », ajoute le texte de l’Ani. Citant des sources militaires, l’AFP a annoncé, de son côté, le redéploiement de 3 000 des 18 000 soldats syriens présents sur le sol libanais. Au cours de notre tournée, hier après-midi, seules quatre petites positions syriennes avaient déjà été évacuées non loin de la côte, entre Khaldé et Doha, au sud de Beyrouth. Il convient de signaler que les positions syriennes de Doha (Aramoun) et de Damour – comme celles de Dhour el-Choueir au Metn et Hammana à Baabda – avaient été renforcées par des milliers de soldats syriens qui s’étaient retirés de Beyrouth et du Metn lors des premier et deuxième redéploiements syriens, respectivement en juin 2001 et mars 2002. Rappelons dans ce cadre que les troupes de Damas qui avaient quitté Monte Verde, Fanar, Beit Méry et d’autres localités de la banlieue est de Beyrouth s’étaient (ré) installées dans cette région à l’issue du 13 octobre 1990, un an après la signature des accords de Taëf. Damour et Doha, hier après-midi. Les habitants guettent les mouvements des troupes annoncés par les radios mais pas encore constatés sur le terrain. « Il faut peut-être attendre la nuit ou les jours à venir pour voir », disent certains optimistes. « Ce n’est qu’un coup médiatique, les Syriens veulent faire bonne figure devant les Américains, ils ne partiront pas de sitôt », lancent les sceptiques. Qu’ils soient chrétiens ou musulmans, les habitants de ces localités ont les mêmes réponses et les mêmes réactions. Et, une fois n’est pas coutume, ils sont unanimes : tous espèrent – avec beaucoup de scepticisme néanmoins – que leurs terrains et villages seront évacués par les troupes de Damas. Damour et Dahlanié. Jusqu’à 16 heures 30 hier, aucun mouvement de troupe n’avait été enregistré dans ces terrains immenses, au bord de la mer, de la plaine de Damour ou sur les hauteurs de Dahlanié. L’immense position syrienne qui se prolonge de la côte de Damour jusqu’aux collines de Dahlanié est toujours là avec ses missiles sol-air, ses tranchées et ses soldats qui s’entraînent à longueur de journée, notamment dans un champ de tir au bord de la mer. « Ils doivent être plus de 2 000 dans la région. Régulièrement, ils s’entraînent hors de leurs positions, sur la route principale, par unités de 400 hommes. Il faut aussi compter les armes et les munitions qu’ils ont cachées dans les bois », indique Élie, qui a décidé hier de ne plus répondre aux coups de fil qu’il reçoit de Beyrouth. « Depuis ce matin, tous ceux qui me connaissent m’appellent pour vérifier si les Syriens sont partis, ils sont toujours là et j’en ai ras le bol de répondre par la négative », explique-t-il, un brin d’énervement dans la voix. Joseph renchérit : « S’ils partent, tous les habitants de Damour retourneront au village, on ne peut même pas aller dans les champs sans leur autorisation. Ils sont partout. » « De plus, avec une telle situation, les habitants de Damour ne sont pas encouragés à entreprendre des projets touristiques ou économiques », ajoute-t-il. À Doha, les radars et les positions d’artillerie toujours en place Doha (Aramoun). La localité est comparable à ce qu’était Monte Verde durant les années quatre-vingt-dix. C’est que Doha a un emplacement stratégique surplombant la mer, de l’aéroport de Beyrouth jusqu’aux entrées de Saïda. Ici, aucune position n’a été évacuée, mises à part quatre petites villas où logeaient, selon les habitants, des responsables de l’armée syrienne. Hier jusqu’à 18 heures, les radars et les positions d’artillerie de l’armée syrienne étaient toujours en place. De plus, contrairement aux informations diffusées, les hauteurs de Aramoun, notamment la position de Asfourié et de la station d’électricité, n’avaient toujours pas été évacuées. Quand on pose la question sur le mouvement des troupes à Rawad qui habite non loin d’un important poste syrien, il éclate de rire et lance : « Oubliez l’affaire. » « Ils ne partiront jamais, et si la caserne est à moitié vide ici, c’est bien parce qu’ils sont dans les champs en train de s’entraîner. N’oubliez pas que c’est le triangle de Khaldé, une position stratégique qu’ils ne lâcheront jamais. Du moins pas avant un changement global », explique-t-il, presque la mort dans l’âme. Depuis qu’il a écouté les nouvelles, Ziad sort toutes les quinze minutes de son épicerie, espérant voir un camion transportant des soldats qui partent. Son souhait hier n’a pas été exaucé. « Ils vivent parmi nous, dans nos immeubles, depuis une vingtaine d’années... De plus, à chaque redéploiement, le nombre des soldats syriens à Doha augmente. Ces gens-là ne rentreront jamais chez eux », dit-il. Ghaleb, lui, est optimiste. Lors du dernier redéploiement syrien en juin 2003, un poste d’artillerie non loin de chez lui avait été évacué en pleine nuit, une dizaine de jours après la fin officielle du repli, sans tapage. « Il y a quelques semaines, les soldats nous ont dit qu’ils évacueront Doha avant la fin septembre. De plus, je ne vois plus mon voisin, un colonel de l’armée syrienne, depuis une dizaine de jours. Je pense qu’il est parti », rapporte-t-il. « Il faut attendre les jours à venir, pour juger de l’ampleur de ce redéploiement. Les mouvements de troupes sont surtout effectués la nuit », conclut-il. Patricia KHODER
Annoncé en grande pompe lundi dans la nuit, le premier jour du cinquième redéploiement syrien n’était pas à la hauteur des attentes des habitants des régions touchées par l’initiative de Damas. Le tapage médiatique orchestré tout au long de la journée ne correspondait pas à la réalité sur le terrain, du moins jusqu’à hier en fin d’après-midi. L’Agence nationale...