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Actualités - CHRONOLOGIE

Bkerké - Un sermon dominical à dominante sociale Sfeir met en garde contre les dérapages menaçant la paix civile (photo)

« Ce que nous entendons sur les ondes, ce que nous lisons dans la presse n’est guère rassurant. Surtout si l’on en vient à penser que le but pourrait en être de troubler la paix civile, pour nous ramener à une période que nul d’entre nous n’a intérêt à faire revivre ou à se remémorer. » C’est par ces termes que le patriarche Sfeir a mis en garde hier, dans son sermon dominical, contre les dangereux dérapages de l’heure. Il a rappelé à tous que « les divergences en démocratie sont admissibles, à condition qu’elles se cantonnent dans les idées et les propos », sans se traduire en remous sur le terrain. Dans sa volonté de réduire les tensions ambiantes, le prélat a souligné qu’il est « bénéfique pour l’homme, en tous lieux, de s’élever au-dessus des rancunes, des petitesses. Pour répandre autour de lui un esprit de paix, surtout s’il se trouve en position de pouvoir ». Mgr Sfeir a présidé l’office divin à Bkerké avec le concours de NN.SS. Chucrallah Harb et Youssef Tok. En présence d’une délégation de la Ligue maronite et d’une autre des Scouts chrétiens. Ainsi que de notables dont le directeur de l’Agence nationale d’information, André Kassas, le juge d’instruction du Nord, Raffoul Boustani, et le Dr Charbel Azar. Le sermon qui a suivi la lecture de l’Évangile s’inscrit par son thème dans la série des plaidoyers à caractère social que le patriarche développe depuis plusieurs mois. En poursuivant l’analyse des études publiées par le Conseil pontifical pour la justice et la paix, à l’occasion du vingtième anniversaire de l’encyclique papale « La pratique du travail ». Mgr Sfeir a mis l’accent sur le droit de l’homme à se réaliser en tant que créature libre dont on ne peut arracher la dignité. Citant les Écritures, il reprend la maxime « L’argent gagné par l’oppression diminue, tandis que celui gagné par la main s’accroît ». Ce qui s’apparente au proverbe « Bien mal acquis ne profite jamais ». Le patriarche rappelle que Jean-Paul II, à l’instar de Léon XIII, défend l’idée que le travail ne peut être dissocié de sa dimension humaine. C’est-à-dire qu’en aucun cas l’on ne doit ignorer la dignité d’homme du travailleur. D’autant que le Tout-Puissant a voulu que ses créatures soient des frères et des sœurs, non des ennemis en leur donnant la terre en partage. Mgr Sfeir relève que cet enseignement est à l’opposé de la pensée de certains philosophes ou de la pratique de certains politiciens qui cultivent la haine et la traîtrise, les fraudes et les affrontements pour soutenir qu’il existe de tout temps une lutte des classes, qui doit s’assouvir par la voie de la révolution. Cette théorie, communiste, est contraire à celle de l’Église qui, regrette le patriarche, reste assez peu connue. Il s’agit donc de produire un effort pour en dévoiler les trésors, dit-il. En rappelant les thèmes sociaux traités par le Saint-Père, dont l’avortement, l’euthanasie, l’horaire de travail, la sécurité sociale. En insistant sur cette dérive qui consiste à ne voir que les effets économiques, sans tenir compte de l’homme. Pour Mgr Sfeir, qui cite le pape, on ne peut traiter un travailleur d’usine comme un boulon. Car sa dignité d’homme doit passer avant tout. Il répète qu’il est toujours inadmissible de vouloir faire passer le changement par la violence. Il condamne l’exploitation des travailleurs et souligne que le labeur doit prendre le pas sur le capital. Par la suite, recevant des visiteurs, dont les Scouts chrétiens, Mgr Sfeir a prononcé un mot souhaitant à tous des jours meilleurs, de paix véritable, mais rappelant que le Seigneur avait dit que sur cette terre, il n’est pas de repos parfait comme au ciel. Il faut donc lutter, œuvrer au jour le jour en portant sa croix. Avec courage, dévouement et sincérité. Signalons que samedi, Mgr Sfeir a eu un entretien avec l’ancien ambassadeur américain John Kelly. Interrogé à sa sortie de Bkerké sur la politique US, Kelly a rappelé qu’il n’est plus en fonctions depuis dix ans et qu’il n’a aucune qualité officielle. Pour préciser ensuite, à titre privé, que les États-Unis se sont toujours préoccupés de l’indépendance du Liban et ont régulièrement tenté de voler à son secours. Il a toutefois soutenu que son passage lui permet de constater que le Liban respire un air plus libre que d’autres pays de la région. Il a enfin éludé une question sur la 1559.
« Ce que nous entendons sur les ondes, ce que nous lisons dans la presse n’est guère rassurant. Surtout si l’on en vient à penser que le but pourrait en être de troubler la paix civile, pour nous ramener à une période que nul d’entre nous n’a intérêt à faire revivre ou à se remémorer. » C’est par ces termes que le patriarche Sfeir a mis en garde hier, dans son...