Premier rapport médical public, en 10 ans, sur l’état de santé du chef des FL dissoutes Geagea ne souffre que de maladies liées à ses conditions de détention

Samir Geagea est en bonne santé, il ne souffre pas de problèmes graves, mais sa situation physique nécessite un suivi. L’ancien chef des FL dissoutes – dont le poids est resté stable depuis sept ans – souffre de tachycardie et d’ostéomalacie, une maladie qui affaiblit les os et qui est due au manque d’exposition au soleil. Ces deux syndromes sont provoqués par ses conditions de détention. C’est ce qu’ont indiqué hier, lors d’une conférence de presse à l’Ordre des médecins, cinq spécialistes qui suivent sur le plan médical M. Geagea, incarcéré depuis plus de dix ans dans une cellule individuelle, située au troisième sous-sol d’un bâtiment du ministère de la Défense. Au cours de la conférence de presse, les médecins se sont déclarés « en même temps rassurés et inquiets, car, suite aux conditions de détention, la situation de santé de Geagea peut s’aggraver à tout moment ». La conférence de presse s’est tenue en présence notamment de Séthrida Samir Geagea, des avocats du chef des FL dissoutes Edmond Naïm, Issam Karam et Edmond Rizk, du député Ghassan Moukheiber, membre de la commission parlementaire des Droits de l’homme, de Boutros Doumit représentant le bâtonnier de Beyrouth, ainsi que des délégués de diverses organisations des droits de l’homme. Prenant la parole, le Dr Mario Aoun, président de l’Ordre des médecins, a évoqué le serment d’Hippocrate, énuméré des articles de la Charte des droits de l’homme des Nations unies et cité les conventions relatives au respect des droits des prisonniers, afin d’appeler au respect des lois en vigueur. Au cours de la conférence de presse, il a indiqué que l’Ordre des médecins organisera prochainement des séminaires à ce sujet. C’est le Dr Raja Chaftari, orthopédiste, qui a donné lecture du rapport dressé par les spécialistes qui ont examiné, à trois reprises, M. Geagea, et procédé aux analyses nécessaires, l’équipe étant formée du Dr Chaftari lui-même, et des Drs Walid Salamoun, chirurgien oncologue, Georges Ghanem, cardiologue, Fayez Abi Lamaa, réanimateur, et Ziad Harb, médecin sportif et nutritionniste. Dans leur rapport, les médecins soulignent que « l’état de santé général de Geagea semble être stable et sain mais présente des indices de perturbations sérieuses qui nécessitent un appel à l’application des chartes en vigueur ». En voici de larges extraits : « Pour ce qui concerne le tube digestif : vu les facteurs héréditaires et génétiques suivant lesquels il est recommandé de faire des analyses, une colonoscopie ainsi que des examens de sang ont été effectués et n’ont montré aucune présence de tumeur. Dans ce genre de cas,un suivi régulier devrait être assuré. « Le cœur : suite à des symptômes de tachycardie et d’essoufflement, une épreuve d’endurance a été effectuée. Elle a montré une fréquence cardiaque élevée, arrivant à 90 par minute pour atteindre les 170 au troisième palier de l’effort avec une récupération médiocre. Quand des examens plus poussés ont été effectués – suite à une modification de l’électrocardiogramme –, une coronarographie urgente était devenue nécessaire et a montré que les artères coronaires sont saines. La seule explication médicale serait un spasme coronaire dû aux conditions de détention du chef des FL dissoutes. « Le squelette : les analyses effectuées ont montré que M. Geagea souffre d’ostéomalacie, une maladie qui n’est pas commune chez un homme de son âge. Un bilan effectué sur les causes de cette maladie (qui peuvent être hormonales) s’avérant négatif, le seul diagnostic possible est un manque permanent d’exposition au soleil. » Répondant aux questions des journalistes, les spécialistes ont indiqué que leur rapport ne contredit pas la déclaration faite, mercredi dernier, sur l’état de santé de M. Geagea, par le procureur général de la République, Adnane Addoum. Ils ont relevé qu’ils n’ont pas visité la cellule du chef des FL, leur demande ayant été refusée. Notant que tout individu incarcéré dans les mêmes conditions que M. Geagea développe des maladies, le tout dépendant de sa constitution physique et psychologique, ainsi que de sa capacité à supporter de telles conditions, le Dr Ghanem a relevé que « sur une échelle de 0 à 100, le chef des FL aura une excellente note proche de 100 ». Il a indiqué que M. Geagea « passe son temps à lire, notamment des ouvrages de médecine. Il suit un régime végétarien et croit fermement que c’est ce régime qui le garde en forme ». Se penchant brièvement sur la situation psychologique de M. Geagea, le Dr Chaftari a lancé aux journalistes : « Vous serez surpris de sa capacité à communiquer. » Évoquant l’ostéomalacie, il a indiqué qu’elle peut provoquer des fractures sans pour autant que l’os soit soumis à des chocs, rappelant que c’est une maladie qui ne touche pas normalement les hommes ayant l’âge du chef des FL. Le Dr Ghanem a enfin souligné « une contradiction » se traduisant par » la facilité avec laquelle les analyses et les examens médicaux ont été effectués et les conditions de détention difficiles de Samir Geagea ». Les examens médicaux ont été effectués à la demande de Mme Geagea et présentés aux autorités concernées. La première série d’analyses effectuées au cours des trois derniers mois et dont les résultats ont été rendus publics hier sera suivie d’une autre. Probablement pour mieux cerner le problème du squelette et du tube digestif. Dans ce cadre, M. Geagea devrait prochainement subir des analyses hormonales et des IRM. Incarcéré depuis plus de dix ans dans une cellule individuelle souterraine, M. Geagea a eu droit récemment à une prolongation de ses moments d’exposition au soleil. Désormais, il bénéficie d’une heure trente d’ensoleillement, au cours desquelles il effectue une demi-heure de course à pied. Dans une déclaration à la fin de la conférence de presse, Mme Geagea a indiqué que « la présentation du rapport médical ne constitue pas une occasion pour appeler à la libération de Samir Geagea, qui est une cause pour laquelle nous luttons au quotidien ». Patricia KHODER