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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIAL - Plus de 2 000 protestataires se sont rendus hier au siège de l’Ordre des médecins Le corps soignant a gagné son pari

Le pari est gagné. Hier, ils étaient plus de deux mille médecins, infirmiers, dentistes, biologistes et physiothérapeutes, venus de toutes les régions, pour protester, à la Maison du médecin, à Téhouita, contre les atermoiements de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS) à donner suite à leurs revendications. Cette journée d’avertissement – qui était « nécessaire pour ouvrir un dialogue utile », comme l’a souligné le président de l’Ordre des médecins Mario Aoun –, sera suivie, à partir d’aujourd’hui, d’une série de rencontres avec la CNSS et tous les tiers payants publics pour réaliser les revendications du corps soignant. Dès 9h, l’heure du début du sit-in, les différentes parties du corps soignant commençaient à affluer, par petits groupes, au siège de l’Ordre des médecins. Les protestataires ont rapidement envahi le hall du bâtiment, les deux étages qui le surplombent, ainsi que les escaliers. Sur les murs étaient suspendus des dessins sur lesquels on pouvait lire des slogans déplorant la situation dans laquelle se trouve le personnel médical : « Le contrat avec la CNSS est injuste et inique », « Je cherche du travail », « Le médecin est en danger », « Nous nous préoccupons du Liban, qui pense à nous ? » « Une seule journée n’aboutira peut-être pas au résultat souhaité, souligne un médecin. Il ne faut pas s’arrêter à ce stade-là. Il faudrait envisager des mesures d’escalade si cela s’avère nécessaire. Nous sommes même prêts à descendre dans la rue. » « J’espère que ce sit-in nous permettra d’atteindre nos objectifs, indique un autre médecin. Malheureusement, le médecin est devenu aujourd’hui un citoyen de troisième catégorie et tous les tiers payants publics essaient de lui imposer leurs conditions. La CNSS, à titre d’exemple, radie le médecin pour une durée de quatre mois s’il prescrit, à deux reprises, un médicament qu’elle ne couvre pas. C’est inacceptable ! Il s’agit là de méthodes de pression indécentes. Nous ne sommes pas des fonctionnaires de la CNSS ! » Un responsable du corps infirmier affirme que « nous allons nous trouver dans une impasse si le problème n’est pas traité dans sa globalité ». Une action syndicale et non politique Les présidents des différents syndicats et ordres ayant participé au sit-in ont exprimé leur appui à ce mouvement. « Quel est le sort de tout cet argent dépensé, soi-disant, sur la santé ? s’est demandé le président de l’Ordre des propriétaires des hôpitaux privés, Sleiman Haroun. Comment la facture du médicament atteint 500 millions de dollars par an, alors que la facture de santé dans sa globalité ne dépasse pas les 600 millions de dollars ? Comment la branche maternité à la CNSS a-t-elle fait faillite ? Actuellement, c’est la caisse des indemnités de fin de service qu’ils visent pour en emprunter 300 milliards de LL. » De son côté, le président du syndicat des biologistes, Fadi Hobeiche, a souligné que les médecins biologistes sont l’épine dorsale du corps soignant, du fait qu’il ne saurait y avoir un système de santé sans le diagnostic des laboratoires et des centres de radiologie. « Nous avons gagné le pari, a affirmé, quant à lui, le Dr Mario Aoun. Je misais sur votre présence et vous ne m’avez pas déçu. Au contraire, par votre mobilisation, vous m’avez donné un nouveau mandat pour poursuivre mon action qui vise à restituer aux médecins et au corps soignant leur dignité et leurs droits. » Précisant que le sit-in n’est pas une action politique mais syndicale, le Dr Aoun a noté que l’Ordre des médecins est le plus concerné par la santé du citoyen et par sa dignité. « Les médecins ne réclament pas de profits supplémentaires et ne cherchent pas à se distinguer des autres, a-t-il poursuivi. Ils demandent de pouvoir mener une vie décente qui leur permette de bien accomplir leur devoir sacré. » « Notre rassemblement avec toutes les composantes du corps soignant n’annule pas nos différends avec elles, principalement avec la direction de certains hôpitaux, a ajouté le Dr Aoun. Il doit constituer une motivation pour les régler le plus tôt possible. » Passant en revue les principaux problèmes que le corps soignant rencontre avec les assurances privées (réduire d’une manière injustifiée les honoraires des médecins, référer les malades à des praticiens qu’elles désignent, se mêler des traitements des patients hospitalisés, etc.), le Dr Aoun s’est déclaré désolé de voir la CNSS mener une campagne médiatique contre les médecins et leur Ordre, les présentant comme des hors-la-loi. Les revendications des médecins L’Ordre des médecins, a-t-il assuré, s’est engagé à ne pas entretenir des polémiques avec quiconque, et insiste, notamment, sur les points suivants : – lors du dernier protocole signé avec la CNSS, l’Ordre des médecins a accepté de réduire la valeur monétaire du « K » (« K » étant le facteur en base duquel est quoté chaque geste médical) pour permettre à la CNSS de couvrir un plus grand nombre de patients démunis ; – le protocole a été signé il y a douze ans. Au cours de cette période, le taux d’inflation a augmenté de 40 %, selon les chiffres de la Banque centrale, ce qui signifie que les honoraires des médecins ont baissé de 40 %, sans oublier que les retards dans les paiements dépassent parfois les douze mois ; – les médecins ont adhéré à la CNSS selon un décret-loi promulgué en 2001. Celui-ci a été amputé de plusieurs clauses et n’a pas été conforme à la loi de la CNSS, puisqu’il ne couvrait pas les examens externes et les médicaments. Suite à de nombreuses démarches, ce décret-loi a été modifié, mais reste incomplet. Le médecin, en effet, n’avait pas le droit à des honoraires s’il traitait un collègue à lui hospitalisé et assuré par la CNSS. De plus, quatre mois ont déjà passé depuis la promulgation de ce nouveau décret-loi, au cours desquels la CNSS percevait la cotisation mensuelle d’une valeur de 99 000 LL, sans que les examens externes effectués par les médecins ne soient couverts. Le problème majeur demeure toutefois le fait de contraindre les médecins, qui veulent adhérer à la CNSS, à payer un rétroactif datant de juin 2001. Ce qui est injuste, d’autant que les médecins ne peuvent pas supporter ce rétroactif ; – l’Ordre des médecins est le seul organisme qui régit les affaires des médecins et aucune partie n’a le droit de leur adresser des sommations ou de leur dicter leur comportement sans se référer à l’Ordre ; – le code de déontologie médicale a stipulé que le médecin doit rester indépendant lors de l’exercice de sa profession et de la prescription des médicaments, principalement si ceux-ci sont inscrits auprès du ministère de la Santé. Par conséquent, il n’est pas permis d’adresser une sommation à un médecin qui a respecté le code de déontologie ; – il est nécessaire de prévoir un bureau pour la CNSS au siège de l’Ordre pour faciliter les formalités aux médecins. « Cette journée d’avertissement est le premier jalon d’une stratégie visant à faire prévaloir le droit et remédier au déséquilibre qui règne dans le secteur de la santé au Liban », a conclu le Dr Aoun. Nada MERHI
Le pari est gagné. Hier, ils étaient plus de deux mille médecins, infirmiers, dentistes, biologistes et physiothérapeutes, venus de toutes les régions, pour protester, à la Maison du médecin, à Téhouita, contre les atermoiements de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS) à donner suite à leurs revendications. Cette journée d’avertissement – qui était «...