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Actualités - OPINION

1559 - Le défi syro-libanais n’est pas bien motivé Une mission de défense difficile mais pas totalement impossible

Selon un ancien ambassadeur, la meilleure manière de tenter de neutraliser la 1559, c’est encore de rappeler au Conseil de sécurité qu’il doit mettre Israël en demeure d’appliquer les 242, 338 et 425. Après quoi, le Liban et la Syrie pourraient s’exécuter. Cependant, ce spécialiste relève que les deux pays ne peuvent pas rejeter la 1559 de fond en comble. Car ils ne peuvent nier l’immixtionnisme syrien, par trop flagrant. La dernière intervention de poids a eu pour effet de faire amender l’article 49 de la Constitution libanaise. Elle faisait suite à une ouverture priant les Libanais de s’exprimer. Ils l’ont fait. Des candidats se sont déclarés. Des pôles se sont prononcés contre la reconduction ou la prorogation. Ainsi que 45 députés, nombre suffisant pour torpiller le projet. C’est probablement à cause de cela que la Syrie a été obligée de se démasquer. Et d’exercer des pressions maximales pour forcer les parlementaires, dont des candidats, à changer leur veste d’épaule. Même le président Hariri et son bloc ont dû faire machine arrière. Les États-Unis et la France avaient pourtant prévenu la Syrie, depuis des mois, qu’il fallait laisser les Libanais élire un nouveau président de la République, dans le respect de la Constitution et des règles de la démocratie. Sans toucher à la loi fondamentale dans l’intérêt d’une seule personne. La Syrie a choisi de défier ces deux grandes puissances. Et elle a ignoré la position du patriarche Sfeir et des évêques maronites. En outre, personne n’a eu droit auparavant à des explications détaillées sur les motifs de cette attitude braquée. On s’est contenté d’affirmer qu’elle était dictée par des impératifs stratégiques, sans que l’on puisse deviner ce que l’art militaire vient faire dans une élection présidentielle. On ajoutait qu’il fallait faire face à une offensive américaine ou à des dangers déterminés. Et là non plus, il n’est pas facile de comprendre en quoi une élection au Liban peut être une arme efficace de défense. Surtout quand on l’utilise de manière agressive. Cependant, une fois le coup réalisé, des tentatives de communication sont effectuées en direction du patriarche Sfeir et du Conseil des évêques. Comme s’ils n’étaient là que pour prendre acte. Quoi qu’il en soit, pour beaucoup d’observateurs avisés, l’aventurisme évident de l’amendement relève du fait que certains intérêts communs particuliers ont pris le pas, à cette occasion, sur l’intérêt général. Le Liban et la Syrie se retrouvent donc en infraction avec la résolution 1559 promulguée par le Conseil de sécurité. Ils soutiennent que ce texte constitue une ingérence dans les affaires intérieures libanaises. Mais même les pays qui partagent ce point de vue ne peuvent renier la 1559, contre laquelle d’ailleurs personne n’a voté. Cependant, il semble improbable que les USA et la France réagissent maintenant en refusant de reconnaître le régime libanais issu d’un amendement anticonstitutionnel. Quant au retrait des forces étrangères, entendre des forces syriennes, il est régi par les accords de Taëf. Qui prévoient que les forces syriennes doivent se cantonner dans la Békaa, ou dans d’autres points, si la nécessité en est démontrée. Les dispositions initiales sont reprises dans le traité de fraternité. Les deux gouvernements y sont appelés à s’entendre sur le volume et la durée de séjour des forces syriennes, dans le respect de la souveraineté libanaise. Cette prescription, 14 ans après Taëf, reste lettre morte. Il y a longtemps que les deux parties laissent entendre que la présence militaire syrienne durera jusqu’à la restitution de Chebaa et même du Golan par Israël, voire même jusqu’à la conclusion d’une paix définitive dans la région. Parce que la Syrie estime qu’en étant présente militairement au Liban, elle peut mieux défendre son flanc contre une agression israélienne. Restent la neutralisation du Hezbollah, le retrait de tout soutien à des organisations classées comme terroristes, le contrôle des camps palestiniens et le déploiement de l’armée libanaise partout, sur la ligne frontière au Sud, notamment. Pour la Syrie et le Liban, ces éléments résultent de l’exode des Palestiniens, de l’occupation israélienne des territoires syriens et libanais. Les deux pays n’entendent donc répondre à ces exigences qu’après la récupération des terres occupées, accompagnée d’un règlement de la question des refugiés palestiniens. Optimiste par déformation professionnelle, si l’on peut dire, l’ancien diplomate cité estime que le dialogue syro-américain, axé sur le contrôle de la frontière avec l’Irak, devrait englober sous peu le volet libanais et le processus de paix dans la région. À son avis, il faut que la Syrie et le Liban déploient d’intenses efforts diplomatiques pour se gagner un appui arabe plus marqué. Et pour espérer un rapport Annan qui ne soit pas trop sévère. Émile KHOURY

Selon un ancien ambassadeur, la meilleure manière de tenter de neutraliser la 1559, c’est encore de rappeler au Conseil de sécurité qu’il doit mettre Israël en demeure d’appliquer les 242, 338 et 425. Après quoi, le Liban et la Syrie pourraient s’exécuter.
Cependant, ce spécialiste relève que les deux pays ne peuvent pas rejeter la 1559 de fond en comble. Car ils ne...