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SCÈNES Le Gymnase de Marseille : bicentenaire d’un Phénix du théâtre (photo)

Le théâtre du Gymnase à Marseille, qui, en 200 ans, a attiré les plus grands artistes tout en frôlant la mort cent fois, fête aujourd’hui un bicentenaire tumultueux qui l’a vu devenir, avec le Jeu de paume à Aix-en-Provence, le plus important pôle théâtral de France. Aujourd’hui grosse machine accueillant aussi bien des compagnies de haut rang qu’une biennale de jeunes compagnies régionales, des créations, des productions ou des coproductions, le théâtre fut créé à deux pas de la Canebière le 13 septembre 1804 par un comédien, Giraud-Destinval, raconte Dominique Bluzet, son directeur. L’endroit, initialement baptisé « théâtre français », a « alors une position secondaire tout en bénéficiant d’un privilège », explique l’historien marseillais Pierre Échinard, coauteur d’une histoire des lieux avec le journaliste Michel Martin-Roland publiée à l’occasion du bicentenaire. La loi n’autorisait les grandes villes, hormis Paris, à ne disposer que de deux théâtres, situation qui va perdurer jusqu’au Second Empire, et Marseille abritait déjà un Grand Théâtre, ancêtre de l’Opéra actuel. Au Grand Théâtre revenait l’opéra et la tragédie. Le Gymnase « venait en complément » avec le vaudeville, les comédies et les mélodrames, le romantique ou les pièces provençales, poursuit Pierre Échinard, spécialiste du XIXe siècle. Ce qui n’empêche pas des grandes vedettes parisiennes comme Simon, Baret ou Sarah Bernhardt de s’y produire. Et, dit-il, le « Gymnase étant de fait ouvert à un public plus populaire, il est devenu créatif et créateur ». Ce théâtre à l’italienne a ainsi accueilli des attractions en tout genre : pantomimes, exhibitions d’athlètes, prestidigitateurs. Théâtre à tout faire « C’était un théâtre à tout faire », résume Pierre Échinard. C’était aussi le lieu des revues musicales, tradition reprise un siècle plus tard, dans les années 1960, lorsque le Gymnase se transforme en Olympia marseillais. « En 1958, le directeur Tony Reynault vend son théâtre des variétés et y rapatrie tout le music-hall marseillais », raconte Michel Martin-Roland. « Il a compris que le public recherche davantage la vedette que le spectacle », poursuit-il. Résultat, jusqu’en 1975, toutes les stars françaises y défilent : Henri Salvador mais aussi Gilbert Bécaud, Aznavour, Brel, Johnny Hallyday, Édith Piaf... Parallèlement, le théâtre connaît une renaissance à partir de 1969 sous la direction d’Antoine Bourseiller, qui surfe sur le psychédélisme, repeint la salle en noir et ouvre sa première saison avec un concert de free jazz. Marcel Maréchal y œuvrera ensuite cinq ans en attendant de prendre en main les destinées de La Criée (1975-1980). Le Gymnase connaît alors des années difficiles, renouant avec son passé aléatoire. Car c’est un « lieu fragile dès sa naissance », selon Dominique Bluzet, un « Phénix qui renaît sans cesse de ses cendres ». Le Gymnase a été par exemple vendu aux enchères quelques mois après son ouverture. « Il a été soumis à de très fréquentes crises, près d’un patron sur deux faisait faillite », résume Pierre Échinard. Racheté par la ville en 1983, le théâtre est intégralement rénové grâce notamment à un mécène américain, Armand Hammer, « après avoir failli crever pour de bon ». Puis il monte peu à peu en puissance jusqu’à former, avec Aix, un « pôle toujours en phase d’expansion », avec près de 20 000 abonnés, selon M. Bluzet.
Le théâtre du Gymnase à Marseille, qui, en 200 ans, a attiré les plus grands artistes tout en frôlant la mort cent fois, fête aujourd’hui un bicentenaire tumultueux qui l’a vu devenir, avec le Jeu de paume à Aix-en-Provence, le plus important pôle théâtral de France.
Aujourd’hui grosse machine accueillant aussi bien des compagnies de haut rang qu’une biennale de jeunes...