Diplomatie - L’Irak et les territoires occupés à l’ordre du jour de la 122e session ministérielle Le Liban renonce à faire condamner formellement la 1559 par la Ligue arabe

Le chef de la diplomatie libanaise, Jean Obeid, prend l’avion ce matin pour Le Caire, où il assistera en soirée à une réunion consultative à huis clos des ministres des Affaires étrangères des 22 pour discuter, autour d’un dîner de travail, des principaux points à l’ordre du jour de la 122e session ordinaire du Conseil ministériel de la Ligue arabe. Une session de deux jours qui s’ouvre demain dans la capitale égyptienne. Vingt points figurent à cet ordre du jour, notamment la question palestinienne et la situation en Irak, selon le projet d’agenda examiné par les délégués dimanche. Selon notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, le Liban souhaitait y faire figurer une condamnation arabe de la résolution 1559 du Conseil de sécurité sur le respect de la souveraineté libanaise, qu’il considère comme une ingérence dans ses affaires intérieures. Toutefois, pour empêcher un débat sur le fond de cette résolution, et constatant que certains pays, comme la Jordanie et l’Égypte, ne partagent pas son point de vue, le Liban a décidé de ne plus faire mention officiellement de la 1559 dans le projet de résolution qu’il compte soumettre au vote. En lieu et place de son projet initial, le Liban va soumettre au vote, au titre de la « solidarité avec la République libanaise », une motion demandant notamment aux pays arabes « d’appuyer le Liban dans la sauvegarde de ses droits et de sa souveraineté dans les instances internationales, ainsi que ses choix politiques internes et externes ». Le Liban a été conduit à adopter cette formule de compromis dans la perspective de la prochaine session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Onu, qui s’ouvre demain à New York. Toutefois, des contacts sont en cours pour fixer la date de l’allocution que doit prononcer le chef de la délégation libanaise à l’Assemblée générale, Issam Farès. Le vote d’une motion de solidarité devrait servir d’entrée en matière à une réunion qui se tiendrait à New York, à l’initiative du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et en présence de ministres des Affaires étrangères arabes influents, avec de hauts responsables américains et européens, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, pour discuter de la résolution 1559. La solidarité arabe est d’autant plus précieuse que par la voix du secrétaire d’État adjoint chargé du Proche-Orient, William Burns, estimant que « le temps est venu pour des actions concrètes », les États-Unis et la France expriment un consensus qui n’est pas né d’hier. Cet accord remonte en fait au début de l’été, quand les présidents Bush et Chirac s’étaient rencontrés en marge du sommet des G8 à Sea Island. Ce consensus s’était confirmé à l’occasion d’une deuxième rencontre entre les deux hommes, en marge des cérémonies marquant le débarquement américain en Normandie. La barrière de séparation Par ailleurs, la construction par Israël de la barrière de séparation dans les territoires palestiniens, le conflit arabo-israélien, l’activation de l’initiative de paix arabe, la situation en Irak et le rejet des sanctions unilatérales américaines contre la Syrie seront parmi les priorités examinées par les ministres. Le danger que représente la course d’Israël à l’armement et « les dangers des activités spatiales israéliennes sur la sécurité nationale arabe » seront également examinés. La Ligue a demandé aux ministres de discuter d’une proposition de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), portant sur la tenue d’un forum à travers lequel le Proche-Orient pourrait profiter de l’expérience d’autres régions dans la création d’une zone sans armes nucléaires. La coordination arabe pour lutter contre le commerce illégal des armes légères et de petite taille sera également passée en revue. Les ministres examineront la tenue du sommet des pays arabes et d’Amérique du Sud, prévu au Brésil en avril 2005. Les ministres se pencheront également sur les questions d’ordre interne propres à la Ligue, et sur le rapport de M. Moussa concernant la réforme, le développement et la modernisation dans le monde arabe.