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Perspectives Les informations sur un redéploiement syrien accueillies avec scepticisme et réserve Les réflexes du passé à la base de l’incompréhension profonde entre les opposants et Damas

Le contraire aurait été surprenant. Les informations filtrées à la presse à la fin de la semaine dernière au sujet d’un possible redéploiement imminent des forces syriennes ont suscité deux types de réactions qui reflètent le fossé qui oppose le pouvoir en place au reste du pays concernant le dossier des relations avec la Syrie. De nombreux observateurs ainsi que les pôles de l’opposition ont exprimé ainsi leur scepticisme et leur réserve quant à la véritable portée de cet éventuel redéploiement. Quant aux officiels, ils soulignent que si ce repli se concrétise, il aura été motivé exclusivement par des considérations libano-syriennes et nullement par l’attitude de la communauté internationale et par l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu. Le scepticisme manifesté ces dernières quarante-huit heures par nombre d’analystes et de responsables politiques met en relief cette profonde crise de confiance qui caractérise – quoi qu’en disent les dirigeants – nos rapports avec Damas. Une crise de confiance amplifiée par le dysfonctionnement, à la base, de l’ensemble des relations bilatérales. Reflétant une opinion largement répandue à ce propos, l’évêque maronite de Jbeil, Mgr Béchara Raï, soulignait samedi dernier sur les ondes de la LBCI que non seulement un éventuel redéploiement n’est pas suffisant, puisque c’est un retrait total qui est requis, mais il est devenu impératif de discuter de tous les facteurs de déséquilibre qui marquent nos rapports avec Damas, dans divers domaines qui dépassent le traditionnel cadre politique et militaro-sécuritaire. Les dirigeants des organismes économiques, les industriels, les commerçants, les agriculteurs et même les chauffeurs de taxi-service auraient beaucoup à dire à cet égard. Récemment, les autorités syriennes n’ont pas hésité – à juste titre, sans doute – d’interrompre la fourniture de courant électrique au Liban, dans l’attente que le gouvernement s’acquitte des arriérés qu’il devait à la Syrie sur ce plan. Et ce n’est que lorsque ces fonds ont été débloqués que Damas a repris l’approvisionnement de certaines régions en électricité. Il est malheureux de relever que dans la plupart des cas, les responsables libanais s’abstiennent d’adopter une attitude similaire et se montrent très timorés lorsqu’il s’agit de soulever et de débattre des conflits d’intérêt qui, par la force même des choses, peuvent apparaître avec la partie syrienne. C’est cette mise au pas du pouvoir local et tous les effets qu’elle a entraînés et qui ont profondément dénaturé les relations bilatérales qui ont contribué à accroître la crise de confiance aiguë à laquelle nous sommes parvenus. Rien d’étonnant, par voie de conséquence, que nombre de Libanais non seulement accueillent avec scepticisme les informations sur un redéploiement, mais estiment, avec Mgr Raï, que l’essentiel n’est pas le repli ou le retrait des forces militaires, mais la mise sur le tapis de tout le contentieux en suspens entre les deux pays dans les différents domaines. Cette perception des choses est évidemment absente du discours des responsables officiels qui estiment que « tout va très bien », comme le dirait Jeff à Madame la Marquise dans la célèbre (et très ancienne) chanson populaire française. Car ces responsables sont passés maîtres dans la pratique de la politique de l’autruche, comme le démontre la signification donnée, dans les cercles du pouvoir, à un éventuel redéploiement, perçu comme étant une simple mesure de routine décidée d’un commun accord, indépendamment du contexte de la 1559. Un haut responsable américain soulignait la semaine dernière, au sujet du rôle de la Syrie au Liban, que « les temps ont changé ». Le problème de base auquel le pays est confronté est précisément dû, peut-être, au fait que dans les hautes sphères on hésite encore à tenir compte (du moins publiquement) des nouvelles donnes apparues avec la chute de l’empire soviétique, les attentats du 11 septembre et la globalisation rampante. La règle du jeu, l’approche, la mentalité qui dictent les divers aspects des relations libano-syriennes ne peuvent plus être, en 2004, ce qu’elles étaient du temps de Brejnev et de la guerre froide. On ne peut rester figés dans les réflexes et les discours officiels du passé lorsque les références ont été bouleversées et que le paysage géopolitique du monde a radicalement changé. D’une certaine manière, tel est sans doute l’un des fondements de la crise de confiance, ou de l’incompréhension profonde, entre une large fraction des Libanais et le pouvoir syrien. Et dans ce contexte, les alliés « stratégiques » de Damas au Liban – ceux qui sont conscients de la nature du problème – pourraient jouer un rôle grandement salutaire, voire historique, pour rectifier le tir. Dans l’intérêt, bien compris, non seulement du Liban, mais surtout de Damas. Michel TOUMA
Le contraire aurait été surprenant. Les informations filtrées à la presse à la fin de la semaine dernière au sujet d’un possible redéploiement imminent des forces syriennes ont suscité deux types de réactions qui reflètent le fossé qui oppose le pouvoir en place au reste du pays concernant le dossier des relations avec la Syrie. De nombreux observateurs ainsi que les...