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Actualités - OPINION

Les émigrés nous écrivent

Être et avoir été On se demande, non sans anxiété, si certains commentaires de presse ne seraient qu’une occasion de vanter, sans utilité aucune, l’expression de l’impuissance d’un peuple qui s’est laissé aller à la débauche politique tout au courant de sa brève existence, depuis son indépendance jusqu’en 1974. Nous payons aujourd’hui les conséquences des scandales politiques et économiques du passé comme nos enfants continueront à payer les échéances du fiasco libanais. La vieille garde, elle, se contentera de lire des articles « full of sound and fury, and signifying nothing » (W. Shakespeare). Au nom de la vérité, il nous faut reconnaître et surtout remédier à notre inhabileté à redresser le caractère de notre patrimoine, caractère au service de l’individu et au détriment de celui de la nation. Le Liban a toujours revendiqué le succès de ses individus comme étant siens ; mais sur le plan national, qu’ont fait les soi-disant gouvernements pour guider le navire à travers les tempêtes régionales ? Rien ! Où sont les projets économiques qui auraient relevé le niveau de vie, et donc le niveau du devoir et de la responsabilité civile ? Ils ont commis gaffe sur gaffe, ils ont volé, dilapidé, menti et rationalisé chacune de leurs décisions, comme le font aujourd’hui certains membres du Parlement qui, sans y être contraints, nous servent des déclarations prosyriennes et des commentaires à dormir debout. Qui pourrait m’empêcher en tant que citoyen de m’élever contre la dernière charade parlementaire ? C’est dans ces moments de tourmente que le silence est d’or. Mais comment le faire comprendre à nos jeunes qui sont élevés dans une atmosphère de mensonges et de chimères? Nous demeurons ce que nous sommes. Il nous faut reconnaître que les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent. Je suis sûr, hélas, que la majorité des Libanais est d’accord sur ce qui vient de se passer. Finalement, il est grand temps de réaliser que le Liban a définitivement changé et que notre passé n’est plus qu’un passé. « On ne peut être et avoir été. » Percy Dahan New York Plaidoyer pour Émile Lahoud Je lis avec intérêt les réactions de mes concitoyens sur la réélection du président de la République. Je suis aussi un peu sidéré à la lecture des articles dont les auteurs prétendent parler au nom de l’ensemble des Libanais, au Brésil et en France, pour critiquer la reconduction. En effet, certains appuient le président, et non sans raisons... Pourquoi toute cette opposition à la reconduction ? Pourquoi aucune critique de la reconduction depuis près de douze ans du même et unique Premier ministre (bon d’accord, avec un intermède de quelques mois...) qui, selon la Constitution, concentre, lui, tous les pouvoirs ? Je me rappelle aussi de Murphy revenant de Damas avec Mikhaël Daher dans ses bagages, de Nassib Lahoud retrouvant les députés élus au Metn par je ne sais quel miracle. Ceux-là mêmes qui critiquent aujourd’hui parce que la décision ne sert pas leurs intérêts personnels, qu’ils n’oublient pas ! Alors, sans revenir au passé, Émile Lahoud est le seul capable aujourd’hui de lutter contre les magouilles douteuses. Merci à lui de rendre à la présidence de la République son prestige et son honneur bafoué sous le précédent mandat. Merci au président d’essayer de rendre le pays au Libanais. Il était en bonne voie pour partir à Ryad. Paul Sursock Paris Souvenirs du Liban Étant né en 1971, je n’ai jamais connu le Liban si ce n’est par mes fréquents voyages ces cinq dernières années. Je n’avais entendu parler de la beauté de mon pays que par mes parents évoquant les souvenirs de leur jeunesse passée au pays du Cèdre. Mon premier voyage, en 1998, m’a permis de découvrir la beauté du paysage libanais. C’est vrai qu’il est beau, mon pays. Mais il suffit d’y passer quelques jours pour se rendre compte à quel point il n’y a que le peu de verdure restante qui vaille la peine. D’année en année, ma déception ne fait que grandir. L’apogée fut atteinte en ce jour de « réélection » ou plutôt d’assassinat de la pseudodémocratie du Liban. Quelle honte ! La dette de notre cher pays atteint des records d’année en année, allant de pair avec les records de coupures de courant et d’eau... Nos routes non éclairées et plus que mal entretenues battent des records de victimes à cause du manque d’intérêt des autorités pour la sécurité des automobilistes. Partout ailleurs, la jeunesse regarde vers l’avenir. Au Liban, on regarde le passé. Le passé que nos parents ont connu dans la « Suisse du Moyen-Orient ». Dans mon pays, il vaut mieux être vieux et se remémorer les beaux souvenirs d’avant-guerre, que jeune et craindre l’avenir morose, triste, noir et désolant d’un pays qui ne nous appartient plus. D’un pays vendu. D’un pays où la verdure et la matière grise font désormais place à la désertification en tout genre, écologique et humaine. Ziad ABDO Émirats arabes unis our de tristesse Je ne suis pas libanais, mais j’aime votre pays depuis longtemps et je suivais toujours à la télévision les infos le concernant. Mais depuis 2001, je lis votre journal, découvert à l’occasion de ma première visite à votre pays. Aujourd’hui, je suis vraiment triste parce que je suis depuis quelques jours les nouvelles concernant l’élection présidentielle. Triste pour votre pays, triste pour les vrais Libanais, triste pour la soi-disant démocratie que vous chantez. Triste parce qu’il n’y a plus d’hommes à l’instar des résistants de mon pays qui, grâce à leur martyre et leurs souffrances, nous permettent de vivre librement. Et surtout triste pour votre président, vos ministres et vos députés qui acceptent de vivre sous la férule d’un pays soi-disant frère. R. GOURVES France La liberté, ça se prend Étudiant à l’Université américaine de Beyrouth, je suis actuellement en stage en Allemagne pour une période de deux mois. Ayant suivi les récents événements concernant l’amendement de l’article 49 de la Constitution, je dois avouer que je n’ai nullement envie de rentrer. Dégoûté, indigné, les mots sont faibles pour désigner cette rage d’impuissance qui me remplit le cœur face à ce Parlement – constitué de 29 députés – qui assassine volontiers une nation, à laquelle, par moments, je souhaiterais ne jamais appartenir (...). L’opposition se mobilise, mais pour des questions de forme, et ne parvient pas à un consensus. Dans le cas où cela arrive, « on » – et on sait bien qui – vient vite mettre des bâtons dans les roues pour empêcher tout rapprochement. À tous les concernés, je demande : quand cela changera-t-il ? À tous les Libanais, je demande: quand renoncerez-vous à cette rancune que vous éprouvez les uns envers les autres ? Quand comprendrez-vous que votre survie dépend de cette cohabitation, de cette entente bien fragile? À tous les jeunes, désespérés de voir cette classe politique parler pour ne rien dire, je demande : quand ferez-vous quelque chose ? Quand réclamerez-vous votre droit de vote ? Quand déciderez-vous de protester parce qu’un naturalisé depuis à peine quelque temps – et pas toujours légalement – a plus de droits que vous ? La liberté, ça se prend, ça ne se donne pas. Michel TEHINI Allemagne En attendant de Gaulle Heureusement que L’Orient-Le Jour existe pour avoir de vraies nouvelles de notre pays. Nous, les Libanais à l’étranger, sommes écœurés par les informations que diffusent les chaînes libanaises et arabes. Des fois, je me demande si nous sommes au Liban ou en Syrie. J’ai honte des hommes qui dirigent le Liban, et des fois, je remercie Dieu que les gens qui m’entourent ici ne comprennent pas l’arabe. Pas un seul homme, politique ou autre, ne peut prononcer le mot Liban sans lui accoler celui de Syrie. Et je me pose la question : où sont nos hommes, notre jeunesse ? Pourquoi cette passivité ? Il nous faut un autre de Gaulle au Liban. Et parmi nos hommes politiques, l’opposition y comprise, il n’y en a pas un. Dommage. Continuez à nous informer comme vous le faites, avec cette indépendance qui vous caractérise. Siham DAGHER France L’appel aux Arabes Quelle honte ! Quelle aberration ! Le Liban contre la résolution de l’Onu et qui demande l’appui des pays arabes ! Pour quelle raison ? Pour dire que nous sommes parfaitement heureux de la présence syrienne sur notre territoire ? Laissez-moi mourir, faites tout pour que ma tumeur reste en moi, je me suis tellement habitué à mon cancer qu’il fait maintenant partie de moi. J’ai peur de le perdre... et puis, de quel droit demandez-vous que l’on m’en débarrasse ? J’aime ma pourriture, et cela ne regarde personne. Mes membres sont douloureux ? Mon cancer est généralisé ? Et alors ? Ce n’est pas votre problème. Cessez d’agiter le spectre d’une guerre civile, on n’en a pas peur, on ne va pas s’entretuer. Je pense que nous avons tous enduré la même sale guerre, que vous perpétrez tous en vendant notre pays. Maria TOPALIAN France

Être et avoir été
On se demande, non sans anxiété, si certains commentaires de presse ne seraient qu’une occasion de vanter, sans utilité aucune, l’expression de l’impuissance d’un peuple qui s’est laissé aller à la débauche politique tout au courant de sa brève existence, depuis son indépendance jusqu’en 1974. Nous payons aujourd’hui les conséquences des...