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Actualités - OPINION

Attitude d’ouverture à l’égard de Bkerké Les décideurs promettent un changement tous azimuts

Selon les voyageurs retour de Damas, les dirigeants syriens trouvent certes le dernier manifeste des évêques maronites bien dur à leur encontre. Mais estiment qu’il sonne juste quand il dénonce des égarements locaux déterminés. Et qu’il constitue un tableau tout à fait réaliste des fautes accoutumées. Tout en précisant que cet inventaire aurait dû s’étayer d’exemples frappants, sans se cantonner dans des généralités notoires. Les mêmes témoins affirment que Damas éprouve, plus que jamais, de l’estime pour Mgr Sfeir. Qu’il labellise de ligne rouge à laquelle on ne saurait s’attaquer. Car ses propos visent clairement à servir l’intérêt général bien compris du pays. Même si des parties déterminées les exploitent à leurs propres fins politiques. Pour Damas, le patriarche est une constante, ses positions s’inspirent d’un patriotisme certain, d’une volonté incontestable d’unité comme d’entente nationales. Tandis que son arabisme reste au-dessus de tout soupçon. Dès lors, Damas morigène ses alliés libanais qui ont tendance à trop critiquer Bkerké. Et les prie de garder les lignes ouvertes avec ce siège. Ces sources indiquent que Damas va expérimenter une nouvelle approche, plus positive, en direction de Bkerké. En se dispensant, pour commencer, des services de certains messagers habituels. Qui auraient exploité à des fins personnelles les missions dont ils ont été chargés. Ce qui expliquerait, selon un ministre, que le courant ait finalement mal passé. On sait en effet que Bkerké avait relevé que les ouvertures verbales, répétées notamment depuis la guerre d’Irak, n’avaient pas été suivies d’effets concrets. En tout cas, selon ces sources, on va désormais utiliser comme facteurs des personnalités éminemment fiables, dont des dignitaires religieux. Et, pour plus de sûreté, les messages seraient aussi fréquemment écrits que verbaux. Selon un professionnel, le patriarche aurait déjà reçu deux missives avec prière de réponse. Le but étant de clarifier certaines données ainsi que de mieux comprendre la pensée patriarcale. Refondation Sur le plan général, toujours selon les mêmes sources, Damas veut accélérer le mouvement de réforme, mais sans précipitation, pour éviter les faux pas. Ainsi, la question ministérielle se mijote à petit feu. Pour une formule visant juste, capable de provoquer un choc salutaire. Et de donner corps aux engagements pris à la suite de la prorogation. Il est donc question d’un changement radical, d’une correction décisive de trajectoire, sous la houlette du régime prorogé. Qui va adopter une méthode nouvelle mettant fin au système de copartage. Dans cet esprit, les loyalistes affirment qu’il ne faut pas voir dans la rencontre des trois présidents, après la démission des ministres, une réhabilitation de la troïka. Mais l’instauration d’une ère de coopération et de saine coordination entre les pouvoirs. Une mise à l’écart donc de la « querellite » traditionnelle. D’après les visiteurs de Damas, le changement va être général, englober tous les secteurs. Les critères de compétence, de probité et d’efficacité vont enfin être retenus pour les désignations de cadres, ministériels ou administratifs. Sans plus de clientélisme, politique ou autre. À ce propos, toujours selon les mêmes témoins, les décideurs se montrent particulièrement sévères à l’encontre de politiciens présumés véreux ou gaspilleurs. Ils se posent, comme le simple citoyen libanais, des questions sur les scandales, sur les caisses, sur les conseils, sur les crédits dépensés pour des acquis politiques, sur les apanages, etc. Pour ce qui est du gouvernement, il ne serait mis sur pied qu’après le 9 octobre. Soit après la date butoir fixée par le Conseil de sécurité dans la 1559 pour le rapport Annan. Ce report, expliquent les loyalistes, est justifié par la nécessité de laisser de côté les complications internes afin de mieux lutter sur le plan extérieur contre les pressions subies. En tout cas, le cabinet, indique-t-on, devrait être formé de personnalités qui ont réussi dans le domaine privé et de politiciens. On tiendrait à l’écart les technocrates, qui avaient pour ainsi dire échoué dans le premier gouvernement de l’ère Lahoud. Ces personnalités affirment, sans que l’on sache comment cela pourrait se faire, que cette fois, il n’y aurait pas partage du gâteau ministériel ni de chasse gardée pour certains portefeuilles. Les départements des services ne seraient plus confiés à des éléments de partis, mais à des spécialistes confirmés. Pour le principal, ces loyalistes affirment que l’on va garder Hariri, dont on ne saurait (encore) se passer. Ce qui laisse sous-entendre que l’on a abouti à la vieille équation, défendue un moment par les lahoudistes : ou tout le monde reste, ou tout le monde s’en va. Quoi qu’il en soit, et moins que jamais, personne ne s’en étonne, le président du Conseil visiterait Damas avant que les Trente ne rendent leur tablier et qu’on ne forme le prochain gouvernement. Il aurait de même une séance de franches explication et de (nouveau) lavage des cœurs avec le président Lahoud. Les opposants pour leur part ricanent sous cape : ce n’est pas la première fois qu’on présente, en face, les perspectives sous cet angle. Et ils reprennent l’adage populaire qui dit : Quand tu entends, tu ris, et quand tu vois, tu pleures... Philippe ABI-AKL

Selon les voyageurs retour de Damas, les dirigeants syriens trouvent certes le dernier manifeste des évêques maronites bien dur à leur encontre. Mais estiment qu’il sonne juste quand il dénonce des égarements locaux déterminés. Et qu’il constitue un tableau tout à fait réaliste des fautes accoutumées. Tout en précisant que cet inventaire aurait dû s’étayer...