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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Photographe et cinéaste indisciplinée Laya Rahman, Cendrillon au pays de l’image (photo)

Elle a toujours fonctionné en coups de cœur, coups de folie, en coups de pied aux institutions. Un geste qui pouvait quelquefois ressembler à de l’impulsion, mais qui était en fait de l’instinct, et, pour elle, une évidence. C’est ainsi que Laya Rahman a découvert la photographie, puis la réalisation et qu’elle s’est fait connaître en France et au Liban. «Mon rêve, c’était de vivre dans un dessin animé, souligne-t-elle. Dans ce monde-là, où tout est lisse et beau, on peut faire ce que l’on veut, un arbre dans une maison, voler sur un nuage… – mon but ultime dans la vie!» Son rêve, aussi, c’était de devenir actrice, Laya au pays de ses merveilles. Mais dans la réalité, il lui a fallu choisir un métier plus ordinaire. «Je suis née dans ce pays, j’ai connu deux pensionnats – ce n’était pas si dur –, je me suis installée définitivement en France en 1989 où j’ai achevé ma scolarité. Mes universités, c’est une longue histoire… » Laya s’inscrit à Assas, « je n’étais pas artiste, je voulais être actrice ou danseuse. Comme je n’étais pas trop nulle en économie et que ça faisait plaisir à la famille», et ne sachant pas trop quoi faire, elle entame ses études, «mais un mois plus tard, ça n’allait pas du tout, j’ai demandé mon transfert en droit.» L’actrice en herbe se cherche et se révèle en suivant des cours d’art dramatique au cours Florent. «J’ai zappé le droit. Mon plan de vie était de partir aux États-Unis et devenir actrice. J’ai tout fait pour.» Tout pour aussi convaincre ses parents. C’est ainsi qu’elle s’inscrit à la Parson’s School of Design à Paris puis à New York. «C’était trop dur, c’est une institution trop exigeante, trop disciplinée. J’étais malheureuse…» Au bout de huit mois, la jeune femme retrouve Paris et suit des cours de journalisme et d’histoire de l’art. Et découvre la magie de la photographie. Humour et sensualité «La photo? C’est arrivé par accident. Durant des cours d’été, j’ai pris pour la première fois un appareil photo et j’en suis tombée amoureuse.» Fascinée par la technique et les tirages, «je ne sortais plus de la chambre noire». Tellement qu’elle finit par inventer une technique de tirage propre à elle, «les tirages, uniques, ressemblent à des dessins». Ses photos, souvent des nus de femmes, ressemblent aussi à des sculptures sur papier glacé. «Le nu est une constante dans mon travail. C’est l’origine de l’être humain. J’utilise des amis mannequins, j’aime travailler avec des gens que je connais et qui ont la même envie que moi. C’est plus facile.» En 2003, elle expose ses œuvres, des grands formats de 120 x 80, à la Heart Gallery, à Paris, et neuf d’entre elles au Zinc, à Beyrouth. Parallèlement, Laya Rahman, qui rêve encore de dessins animés et de contes de fées modernes, s’est mise à l’écriture. Deuxième coup de foudre. Des histoires de grandes personnes «J’avais écrit une histoire inspirée de Blanche Neige et les sept nains pour caricaturer les relations amoureuses.» C’est ainsi que va naître en 2001 Blanche, qu’elle va coréaliser avec Élie-Alexandre Le Houngan. Un court-métrage de fiction, un conte philosophique qui raconte l’histoire des sept rendez-vous amoureux de Blanche, il a été racheté par la chaîne Ciné Star et projeté sur TPS. «Chaque homme a la caractéristique d’un des sept nains: le dormeur, le pingre… Les acteurs sont fabuleux, la musique de Gabriel Yared superbe, mais le résultat m’a un peu déçu, faute de budget.» Loin de décourager la jeune rebelle, cette expérience va la pousser vers un deuxième court-métrage de 14 minutes, OUP ou Once Upon A Time. «J’avais écrit un scénario basé sur Roméo et Juliette des temps modernes et je voulais, après la vague antiarabe, revenir et travailler chez moi.» Le travail sera long, difficile, un véritable cauchemar; des acteurs aux abonnés absents, une production difficile. «Heureusement que j’ai découvert un mécène en la personne de Mohammed Safadi. Il a versé 60000 $ sans rien me demander.» Un an de montage plus tard et autant de périples dépassés, le film est projeté pour la première fois le 4 janvier 2004. «Là, j’écris un long-métrage en anglais qui parle de la folie d’une femme, aliénée par le monde.» Mais n’allez surtout pas penser que Laya ne croit plus aux contes de son enfance. Pour preuve, une marque de drôles de chaussures qu’elle vient de créer et qu’elle a baptisée «Cindy’s Glass», en référence à «Cinderella’s Glass Shoe». De là à penser que la Cendrillon perd sa chaussure après minuit, pour cause d’indiscipline, il n’y a qu’un pas. Rapidement franchi, pieds nus, par une Cendrillon rebelle et fière de l’être. Carla HENOUD
Elle a toujours fonctionné en coups de cœur, coups de folie, en coups de pied aux institutions. Un geste qui pouvait quelquefois ressembler à de l’impulsion, mais qui était en fait de l’instinct, et, pour elle, une évidence. C’est ainsi que Laya Rahman a découvert la photographie, puis la réalisation et qu’elle s’est fait connaître en France et au Liban.
«Mon rêve,...