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L’expression « impératifs stratégiques » est dangereuse et ouvre la voie aux abus de toutes sortes, estime le ministre démissionnaire Boueiz sur le perron de Dimane : « Nous craignons l’instauration d’un régime policier liberticide »

Le ministre démissionnaire Farès Boueiz a affirmé hier que l’orientation politique que le Liban a prise à la suite des derniers événements est « pleine de dangers » et « conduit le pays vers l’inconnu ». Écartant toute possibilité de réformes internes à l’heure actuelle, M. Boueiz a exprimé sa crainte de voir un régime policier, répressif et liberticide s’installer au Liban. Le député du Kesrouan a été reçu hier par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, à Dimane, avec qui il a évoqué les circonstances de sa démission. Mgr Sfeir l’a ensuite retenu à déjeuner. « Plusieurs raisons ont motivé ma démarche », a indiqué M. Boueiz à l’issue de la rencontre, en parlant de sa démission. « La première est formelle et concerne la nécessité pour moi d’être cohérent avec moi-même. Je ne peux pas rester au sein d’un gouvernement avec lequel je suis en conflit sur l’essentiel, à savoir une question constitutionnelle qui a des incidences politiques et nationales graves », a-t-il expliqué. « Il était tout naturel, après la décision du Conseil des ministres de transmettre le projet d’amendement à la Chambre, et après le vote de la Chambre, que je présente ma démission. C’est la logique du régime démocratique qui l’impose », a-t-il poursuivi. « Par ailleurs, j’estime que l’orientation politique prise actuellement par le régime est pleine de dangers et conduira le pays vers l’inconnu. S’il est vrai qu’il y a des positions, au plan régional, à préserver, ou bien certaines positions susceptibles de préserver nos droits et que nous devons défendre face à une certaine offensive, il reste que cette défense a ses conditions et ses impératifs », a relevé Farès Boueiz. « Le Liban ne doit pas s’engager dans de faux combats. La défense des droits du Liban ne doit pas se transformer en défense de la légalité du régime ou se transformer en scission interne. La démocratie ne saurait être annihilée au nom de la confrontation. Nous estimons que la force du Liban face aux pressions extérieures, c’est l’unité de son peuple, sa démocratie, sa Constitution non amendée ainsi que son potentiel à l’étranger. Je ne pense pas que la suspension de la démocratie ou le fait de mettre le Liban hors de la légalité internationale sont des moyens d’assurer notre victoire », a-t-il souligné. Interrogé sur les appels au dialogue du président Émile Lahoud, Farès Boueiz a été catégorique : « La présidence de la République symbolise, à travers la personne qui l’occupe, un certain esprit, une certaine personnalité, un certain style de gestion du pouvoir. Lorsque, durant les six dernières années, aucune mesure n’a été prise dans ce sens, il est difficile de croire que cela pourrait encore se produire. » Et de souligner : « Je ne pense pas que, dans les circonstances difficiles qui se profilent à l’horizon, il est possible de mener une opération de réforme interne, compte tenu de la position dans laquelle nous nous sommes placés. Bien au contraire, nous craignons d’assister à un serrement de vis, à la mise en place d’un régime de plus en plus policier, à une répression de la liberté des citoyens en prenant pour prétexte les “impératifs stratégiques”. Une expression dangereuse, qui ouvre la voie à toutes sortes de choses. » « Hier, nous avons assisté à une volonté d’assurer une couverture populaire à ce qui s’est produit. Nous avons été témoins des calicots et des banderoles, des pétards et des feux d’artifice, comme si le Liban s’était réellement transformé d’un pays démocratique en pays du tiers-monde. Comme s’ils n’avaient tiré aucune leçon de la chute des régimes fondés sur les calicots qui remplissent les rues. Ni ces banderoles, ni ces pétards, ni les ingérences n’ont préservé ces régimes », a-t-il ajouté. De son côté, le patriarche maronite a reçu une délégation iranienne avec qui il a évoqué les relations chiito-chrétiennes, puis l’avocat Élie Assouad. Il a enfin reçu le président du Mouvement du changement, Élie Mahfoud, qui a plaidé en faveur de l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu et du retrait syrien du Liban, appelant le pouvoir à ne pas faire preuve de « stupidité » pour éviter au pays une mise au ban de la communauté internationale. Il a également invité les députés membres du Rassemblement de Kornet Chehwane à démissionner, réclamant une reconnaissance formelle du Liban par les autorités syriennes et l’ouverture d’ambassades entre les deux pays.
Le ministre démissionnaire Farès Boueiz a affirmé hier que l’orientation politique que le Liban a prise à la suite des derniers événements est « pleine de dangers » et « conduit le pays vers l’inconnu ». Écartant toute possibilité de réformes internes à l’heure actuelle, M. Boueiz a exprimé sa crainte de voir un régime policier, répressif et liberticide...