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Actualités - CHRONOLOGIE

Le ministre de l’Environnement a présenté sa démission à Hariri Boueiz : Ce qui se produit n’est pas la bonne façon d’affronter les pressions internationales (photO)

Comme prévu, le ministre de l’Environnement, Farès Boueiz, qui avait été l’un des 29 députés à voter contre la prorogation du mandat Lahoud, vendredi soir place de l’Étoile, a annoncé hier sa démission. M. Boueiz a estimé que cette démission s’inscrit tout naturellement dans la lignée de son opposition à l’amendement constitutionnel et à la position adoptée par le gouvernement à cet égard. Il a toutefois indiqué qu’« il faut séparer ma démission de l’attitude de l’opposition », précisant qu’il se retrouve avec cette dernière sur le rejet de l’amendement constitutionnel, mais que « le background de mes positions est différent ». Il considère ainsi que tout ce qui se produit sur la scène libanaise n’est pas la bonne manière de faire face aux pressions internationales sur le Liban et la Syrie. En matinée, M. Boueiz avait été reçu au Grand Sérail par le Premier ministre, Rafic Hariri, à qui il a présenté sa démission. À l’issue de la rencontre, qui a duré près d’une heure, le député du Kesrouan a affirmé : « Dès le début, j’avais une position différente de celle du gouvernement concernant l’amendement constitutionnel. J’aurais dû démissionner dès que le gouvernement a décidé de soumettre le projet de loi à la Chambre. Je me suis abstenu pour ne pas accroître le climat de tension. À présent, il est naturel que je me retire du gouvernement puisque nos points de vue concernant un sujet aussi crucial sont très divergents. » À la question de savoir si sa démission avait été acceptée, Farès Boueiz a répondu : « Je peux vous dire que j’ai présenté ma démission. » Interrogé par la presse au sujet des effets de la démission de M. Boueiz sur l’avenir du cabinet actuel, Rafic Hariri a affirmé à sa sortie du Sérail : « M. Boueiz a démissionné. Le gouvernement examinera cette démission et d’autres éventuelles démissions, ainsi que l’avenir du cabinet après mon retour, le 17 septembre, d’une série de visites à l’étranger. » Conférence de presse Le ministre de l’Environnement a ensuite tenu une conférence de presse à son domicile à Zouk Mikaël. « J’ai présenté ma démission ce matin au secrétariat général du Conseil des ministres et au président du Conseil conformément aux usages », a-t-il indiqué, rappelant que sa démarche est fondée sur sa position hostile à l’amendement constitutionnel. « Lorsqu’un ministre est en désaccord avec le gouvernement sur une question fondamentale qui a une portée politique importante – en rapport notamment avec l’amendement de la Constitution –, il est tout naturel qu’il présente sa démission, conformément à la logique démocratique », a poursuivi M. Boueiz. L’ancien ministre des Affaires étrangères a par ailleurs réaffirmé qu’il aurait dû démissionner plus tôt, mais que cela aurait peut-être contribué à accroître le climat de tension. « J’ai préféré attendre que les choses se calment, même relativement, ce qui a ouvert la voie à cette démission », a-t-il noté, précisant que M. Hariri attendrait son retour de voyage pour décider de la démarche à adopter face à cette démission. M. Boueiz a en outre signalé que « nul ne sait quand le gouvernement va démissionner ou même s’il va démissionner ». « J’ai voulu présenter ma démission le plus rapidement possible », a-t-il souligné. Selon le député du Kesrouan, « il est tout à fait normal qu’il y ait formation d’un nouveau gouvernement après l’amendement de l’article 49 qui a constitué un grand tournant dans la vie politique libanaise ». « Je ne pense pas que ce gouvernement, qui est né dans des circonstances précises, doive demeurer. Quant aux informations relatives à un remaniement ministériel, elles ne sont pas disponibles. Il y a beaucoup de théories. Mon entrée au gouvernement précédait la chute de Bagdad et les développements dramatiques dans la région. Il était nécessaire qu’un gouvernement voie le jour dans l’optique de ce qui allait se produire. C’est dans ce cadre que nous avons intégré le cabinet, et nous savions bien que notre marge de manœuvre était réduite (...). À partir du moment où il y a prorogation, le gouvernement ne peut plus se mettre au niveau des exigences de l’étape actuelle », a indiqué M. Boueiz. Créer les meilleures conditions pour la bataille Interrogé sur le rapport entre sa démission et l’attitude de l’opposition, M. Boueiz a répondu : « Les deux sujets sont complètement indépendants. Il existe une convergence sur le rejet de l’amendement constitutionnel, mais le background est différent chez chacune des parties. En ce qui concerne le ministre Joumblatt et moi, nous rejetons beaucoup de choses, notamment cet amendement. » Il a ensuite précisé qu’il était surtout d’accord avec Walid Joumblatt sur le fait que les événements de la semaine dernière ne constituent pas le meilleur moyen de faire face aux pressions internationales exercées sur le Liban et la Syrie. « Il ne faut pas ouvrir davantage de brèches constitutionnelles, tout comme il ne faut pas créer de scissions internes. (...) Pour mener une bataille, il faut créer les meilleures conditions pour la confrontation et choisir le timing, le lieu et les moyens. Il ne faut pas aller à la bataille avec des brèches aussi nombreuses au niveau du front interne », a-t-il noté. L’ex-ministre de l’Environnement a par ailleurs estimé qu’il n’avait pas de reproches à faire à la politique d’Émile Lahoud, mais à la décision gouvernementale, ses répercussions au plan politique et les moyens de préparer la scène interne à la confrontation. « Il ne faut pas donner à l’extérieur davantage de prétextes. Au lieu de défendre nos priorités, nous sommes en train de défendre des choses secondaires. Au lieu de défendre nos droits fondamentaux, nous sommes acculés à défendre l’amendement qui a été réalisé », a-t-il souligné. Jetant la pierre à ceux qui demandent sans cesse pourquoi il ne s’est pas opposé de cette manière à la prorogation du mandat Hraoui, M. Boueiz a estimé que ces gens-là doivent désormais « avoir un peu plus d’imagination et se poser d’autres questions ». « À l’origine, je n’étais pas avec la prorogation. J’y étais opposé. (...) Mais ce processus ne faisait pas face à l’époque aux problèmes politiques qui existent aujourd’hui. Que ceux qui se posent cette question réfléchissent et découvrent tout seuls que la prorogation (actuelle) a créé une grande crise interne et internationale, alors que ce n’était pas le cas à l’époque », a-t-il poursuivi. M. Boueiz a également indiqué qu’il ne lui serait probablement pas proposé d’intégrer un gouvernement durant la rallonge octroyée au mandat Lahoud. « Je ne pense pas que le processus visant à immuniser la scène interne et à unifier les rangs devant l’ampleur de cette agression internationale soit en cours. Bien au contraire », a-t-il conclu.
Comme prévu, le ministre de l’Environnement, Farès Boueiz, qui avait été l’un des 29 députés à voter contre la prorogation du mandat Lahoud, vendredi soir place de l’Étoile, a annoncé hier sa démission. M. Boueiz a estimé que cette démission s’inscrit tout naturellement dans la lignée de son opposition à l’amendement constitutionnel et à la position adoptée...