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Actualités

analyse Trois grandes missions pour le futur cabinet Objectif du nouveau mandat Lahoud : redonner confiance aux citoyens

Le suspense étant levé et le président Émile Lahoud reconduit pour trois ans, il faut commencer à penser à l’avenir. Si le scénario n’a pas été celui que de nombreux Libanais souhaitaient, il n’en reste pas moins, selon les sources proches du pouvoir, qu’une période cruciale commence pour le pays et l’intérêt général commande de composer avec les données en place. D’autant que la résolution 1559 du Conseil de sécurité, tant attendue par l’opposition à la reconduction, a été votée après avoir été sérieusement amendée de façon à ne pas citer nommément la Syrie, et amputée des « mesures ultérieures » prévues dans le projet initial, au cas où ses dispositions ne seraient pas appliquées à l’expiration du délai de trente jours. Tous les yeux sont donc désormais tournés vers le gouvernement, actuel ou à venir, et ses trois grandes missions : adopter une loi électorale censée assurer une meilleure représentativité, préparer le budget 2005 et procéder à un vaste train de nominations au sein de l’appareil de l’État. Et tout cela en une période de neuf mois, jusqu’aux prochaines élections législatives, qui devraient constituer la marque et la justification de la prorogation en faveur de Lahoud. Le changement indispensable à un nouvel élan Le chef de l’État, ajoutent les mêmes sources, est d’ailleurs conscient de la gravité de la situation, du fait que beaucoup de Libanais l’attendent au tournant et guettent ses projets pour reprendre espoir dans l’avenir, en dépit du contexte actuel plutôt lourd. Mais, pour l’instant, tout repose sur la décision du président du Conseil, Rafic Hariri. Selon certaines sources d’informations, il pourrait présenter la démission de son gouvernement, si ce n’est aujourd’hui, alors dans les prochains jours et au plus tard jeudi au cours de la séance du Conseil des ministres qui serait ainsi la dernière pour l’équipe actuelle. Mais il pourrait aussi décider de rester en place, à la tête de la même équipe jusqu’aux élections législatives. Même si tous les milieux politiques préfèrent un changement de gouvernement, ne serait-ce que pour donner un nouvel élan à la vie politique. Le scénario le moins souhaitable, et sans doute le moins probable – surtout si le leader du PSP, Walid Joumblatt, met ses menaces à exécution et retire ses trois ministres du gouvernement –, serait donc le maintien en place du cabinet actuel qui a montré depuis longtemps les limites de son efficacité. Mais s’il démissionne, qui prendra la relève ? Selon des sources loyalistes, Hariri aurait négocié son retour à la tête du gouvernement, lorsqu’il a accepté de signer le décret de l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire, ouvrant la voie à l’amendement de la Constitution. Les autorités syriennes qui, par la nature même de leur régime, préfèrent le statu quo au changement, seraient, selon certaines sources, favorables à son maintien à la tête du gouvernement. Surtout en cette période de turbulences internationales. Toutefois, en raison de la situation actuelle, M. Hariri ne pourra pas imposer une majorité de ministres de son bord. Et si la composition du gouvernement ne le satisfait pas, il pourrait préférer se retirer, tout en essayant d’obtenir qu’un de ses proches (politiquement parlant) soit chargé de conduire la nouvelle équipe, qui, à part les ministres Sleimane Frangié et Jean-Louis Cardahi, devrait regrouper de nouvelles figures maronites. Le futur gouvernement pourrait aussi être essentiellement formé de technocrates, car sa mission principale sera de préparer les élections législatives. Autrement dit, s’il comportait des ministres d’État politiques, conformément à l’esprit de l’accord de Taëf qui veut que les gouvernements aient un label d’entente nationale, il devrait être composé d’un minimum de figures politiques candidates aux prochaines élections, afin de garantir la neutralité de celles-ci. Au contraire, le but serait d’avoir un maximum de personnalités indépendantes et relativement impartiales. Notamment des magistrats ou des hauts fonctionnaires. En principe, ces questions-là devraient être tranchées la semaine prochaine au plus tard. Il reste que l’équipe gouvernementale, dont la durée de vie sera de neuf mois, devra fournir un travail de titan. À peine en place, elle devra plancher sur le projet de budget et commencer par préparer une liste de nominations dans la plupart des départements de l’Administration, puisque, en raison des conflits incessants entre Lahoud et Hariri, l’actuel gouvernement a préféré laisser des postes (notamment diplomatiques) importants vacants, alors que les mandats des membres d’institutions importantes ont été prorogés, faute d’accord sur les successeurs. Susciter un débat sur le projet de loi électorale La mission la plus importante du gouvernement de l’après-prorogation reste toutefois l’élaboration d’une loi électorale. C’est là que l’on mesurera les intentions réelles des gouvernants et de ceux qui les appuient. Selon des sources bien informées, deux formules seraient actuellement à l’étude. La première n’est autre que la proposition du président de la Chambre, Nabih Berry, qui prévoit deux sortes d’élections. Une moitié des députés serait élue sur la base du caza et l’autre sur la base d’une grande circonscription. Cette formule a le mérite de vouloir contenter à la fois les partisans de la petite circonscription et ceux de la grande. Mais elle présente un inconvénient majeur, c’est qu’elle crée deux légitimités au sein d’une même chambre et prépare le terrain à une scission au sein des députés. La seconde formule consisterait en une élection à deux niveaux : le premier se situerait au niveau du caza et le second sur la base d’une circonscription plus grande. Là aussi, le processus peut paraître un peu compliqué, mais il a l’avantage de donner à chaque élu une double légitimité, la première au sein du caza et la seconde sur le plan national. Dans les deux cas, le but recherché est d’assurer une meilleure représentativité à la fois populaire et nationale. Mais rien n’est encore décidé selon les sources informées, et l’essentiel est de permettre un véritable débat généralisé avant l’adoption du projet de manière à ne pas faire sentir aux Libanais, qu’une fois de plus, ils sont exclus des grandes décisions. Avec une loi électorale qui assure une représentativité satisfaisante, la prorogation de trois ans deviendrait plus populaire. Et l’espoir, qui reste le véritable synonyme de la vie, ne pourra qu’être au rendez-vous. Scarlett HADDAD
Le suspense étant levé et le président Émile Lahoud reconduit pour trois ans, il faut commencer à penser à l’avenir. Si le scénario n’a pas été celui que de nombreux Libanais souhaitaient, il n’en reste pas moins, selon les sources proches du pouvoir, qu’une période cruciale commence pour le pays et l’intérêt général commande de composer avec les données en...