Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Haro sur le projet d’un État sécuritaire, conseils répétés pour éviter l’internationalisation de la crise Réunie en congrès, l’opposition nationale lance un ultime appel à la raison

Plusieurs centaines de personnalités de la société civile et de différentes appartenances confessionnelles ont participé hier au Congrès national pour la défense de la République et pour la préservation de la Constitution, au siège de l’Ordre de la presse. L’occasion pour plusieurs ténors de l’opposition, parmi lesquels MM. Walid Joumblatt et Nassib Lahoud, de s’opposer à nouveau, et d’une manière on ne peut plus catégorique, à l’amendement constitutionnel imposé par Damas. Déplorant, par ailleurs, l’internationalisation en cours de cette affaire, l’ensemble des participants ont plaidé en faveur d’une libanisation réelle de l’échéance présidentielle, condition que le président syrien Bachar el-Assad s’était formellement engagé à assurer. Prenant la parole, l’hôte du congrès, le président de l’Ordre de la presse, Mohammed Baalbacki, a estimé que « tout Libanais devait se sentir mobilisé par la campagne pour la défense de la République et la préservation de la Constitution ». Dénonçant la campagne d’accusations menée contre l’opposition, il a rejeté l’internationalisation de la crise et a précisé que « la presse sera prête à faire face à toute tentative d’annihiler le Liban, bastion de la vraie démocratie et des libertés ». Habib Sadek : « L’heure de vérité » Parrain de l’événement, l’ancien député et porte-parole du Forum démocratique, Habib Sadek, a rappelé que le Forum avait pris l’initiative, le 15 juin dernier, d’initier la campagne pour la défense de la Constitution. Pour « faire face à toute initiative visant à amender la Constitution libanaise (...) à des fins individuelles, initiative qui annihilerait la volonté du peuple libanais, son avenir et sa Constitution », a-t-il rappelé. Habib Sadek a ensuite dénoncé « la tempête qui s’est levée sur la scène présidentielle du côté oriental du Liban pour ébranler les constantes de l’unité nationale, les principes constitutionnels et démocratiques, et saper les règles des relations naturelles de bon voisinage. D’autant qu’elle contredit les propos tenus par le plus haut responsable syrien en faveur de la libanisation de l’échéance ». « L’heure de vérité est venue », a souligné M. Sadek, appelant à « la mise en échec du projet sécuritaire » qui, s’il vient à réussir, « videra le Liban de son essence et mettra en péril son existence». Malgré tous les conseils libanais, « Damas est resté déterminé à contrôler le Liban, exploitant à son compte le pouvoir libanais, et cela a conduit à l’internationalisation conduite par les États-Unis, qui est dangereuse (...), non seulement pour la Syrie, mais aussi pour le Liban », a poursuivi Habib Sadek, en soulignant que cette internationalisation « place le Liban face à la légalité internationale ». D’où « un nécessaire retour, même de dernière minute, à la libanisation de l’échéance ». Habib Sadek a enfin appelé les députés à un sursaut de conscience et au respect de leur mandat et de la volonté populaire, qualifiant la session parlementaire d’aujourd’hui d’« examen historique ». Élias Atallah et les dangers de l’État sécuritaire L’intervention la plus virulente a été celle de M. Élias Atallah, responsable au sein du Mouvement de la gauche démocratique et ancien chef du Front national de résistance libanaise contre Israël en 1982. « Est-il possible qu’on en arrive au point de réduire l’intérêt national à une seule personne, en dépit de la Constitution ? » s’est-il demandé, estimant que les Libanais, à tous les niveaux, s’étaient prononcés contre la prorogation. « Le pouvoir répressif s’est mis en place pour (...) reconduire l’état de fait à tout prix, en dépit du désespoir populaire (...) », a poursuivi M. Atallah, dénonçant « la politique de la mainmise, de la force brutale et de la terreur, qui pourra garantir une légitimité numérique (à l’amendement) ». « Mais (le régime) manquera toujours de légitimité nationale, constitutionnelle et politique. Et celui qui ne bénéficie pas de ces trois légitimités fondera encore plus son pouvoir sur la force et la militarisation du pouvoir, d’autant que le régime avait déjà une inclinaison dans ce sens », a-t-il indiqué, en allusion aux événements d’août 2001. « La liberté est en danger, ainsi que le minimum de démocratie qui reste : cela veut dire que la République est en danger », a-t-il souligné. « À ceux qui sont pour l’option de la force brutale et de la militarisation pour paralyser la société et faciliter la domination des mafias sécuritaires portées sur la corruption, nous voulons dire : ce projet n’est pas viable, et il coûtera cher aux Libanais et à la Syrie avant de s’effondrer, comme à chaque tentative », a souligné Élias Atallah. Et de conclure : « Les cinquièmes colonnes s’activent en vain pour donner l’impression que le conflit actuel oppose l’arabisme à l’extérieur. Et pour cause : d’abord, nous sommes les vrais protecteurs de l’identité arabe et de la nation, depuis les moments les plus difficiles où aucun des dirigeants actuels n’était présent. Ensuite, parce que l’internationalisation est le résultat de leur obstination à occulter l’option de la libanisation arabe, la libanisation ouverte, juste. » Abdel-Malak et Ghanem Au nom du Rassemblement de Kornet Chehwane, M. Samir Abdel-Malak a évoqué le « changement qualitatif » qui s’est produit depuis quelques jours, allusion au vaste consensus interlibanais autour de la préservation de la Constitution et de la libanisation de la présidentielle. Il a estimé que les pressions directes exercées sur certains députés pour leur faire changer d’avis illustrent bien l’étendue de ce changement. « Cette rencontre libanaise autour (...) de la présidentielle devait conduire les responsables à privilégier l’intérêt du pays. Mais ils ont frappé toutes les positions libanaises, poussant le cours des choses vers une internationalisation que nous voulions éviter et contre laquelle nous avions mis la Syrie en garde », a-t-il poursuivi. « Notre pari au sein de Kornet Chehwane reste sur l’unité des Libanais, qui ne peut être que bénéfique pour le Liban et la Syrie, loin de la politique de la discorde et du désespoir, qui porte atteinte aux deux pays », a ajouté M. Abdel-Malak. Selon lui, la libanisation devait initialement rimer avec le droit du Liban à rester attaché à sa souveraineté : « Cette option devait permettre de faire face aux pressions auxquelles la Syrie est soumise. Mais la position syrienne a fait de la libanisation une pure syrianisation, comme l’a indiqué Bkerké (...) ». S’exprimant au nom du Mouvement réformiste kataëb, le député Antoine Ghanem a comparé le congrès à la réunion en 1952 de plusieurs personnalités politiques contre l’amendement constitutionnel en faveur de Béchara el-Khoury. S’opposant à l’amendement de l’article 49, il a estimé que ce dernier ne remplit pas les conditions nécessaires énoncées dans le projet. « Ce sera la loi la plus étrange dans l’histoire de la démocratie contemporaine, et on la retrouvera dans le livre Guiness des records », a-t-il indiqué. M. Ghanem a indiqué qu’il s’opposait à la prorogation, parce qu’il s’agit notamment d’une « décision mort-née et qui ébranlera la stabilité législative du pays parce qu’elle manque de légitimité populaire ». Il a également qualifié la manière avec laquelle cette décision avait été mise au point d’« humiliante » pour les Libanais. « Elle a été imposée à une nation asservie », a-t-il dit. « On se moque de nous en affirmant que les enfants de l’imam Ouzaï, de Gebran et de el-Alayli mettent en pièces leur propre Constitution avec une légèreté et une rapidité sans pareilles, oubliant leur passé et prenant rapidement les chemins du totalitarisme à l’heure où tous les peuples du monde en reviennent », a-t-il conclu. Les participants ont ensuite signé la pétition antiamendement qui circule déjà depuis plusieurs jours dans les milieux de la société civile. Michel HAJJI GEORGIOU
Plusieurs centaines de personnalités de la société civile et de différentes appartenances confessionnelles ont participé hier au Congrès national pour la défense de la République et pour la préservation de la Constitution, au siège de l’Ordre de la presse. L’occasion pour plusieurs ténors de l’opposition, parmi lesquels MM. Walid Joumblatt et Nassib Lahoud, de...