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Présidentielle - Poursuite des consultations pour un vote cette semaine au Conseil de sécurité Washington souhaite que la résolution antisyrienne soit adoptée avant la réunion du Parlement

C’est une véritable course contre la montre qui est engagée entre le Liban et les puissances occidentales, autour du dossier de la présidentielle. Le Parlement se réunira vendredi soir pour examiner le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution, alors que le Conseil de sécurité s’apprête à voter un projet de résolution demandant officiellement à la Syrie de retirer ses troupes et de mettre fin à ses ingérences politiques au Liban. En entérinant le texte de loi qui permettra au président Lahoud de rester trois années supplémentaires à la tête de l’État, Beyrouth cherche à légitimer au plus vite une décision imposée par Damas et rejetée par un grand nombre d’hommes politiques et de religion, ainsi que par presque l’ensemble de la société civile. Il souhaite surtout mettre les puissances occidentales devant le fait accompli. Mais celles-ci semblent loin de vouloir reculer. Les États-Unis ont de nouveau indiqué hier qu’ils entendaient poursuivre leurs efforts pour une résolution du Conseil de sécurité appelant la Syrie à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures du Liban, malgré les protestations officielles de Beyrouth. « À ce stade, nous discutons (avec les pays membres du Conseil) des éléments qu’une possible résolution pourrait contenir », a déclaré le porte-parole du département d’État, Richard Boucher. Aux protestations libanaises, selon lesquelles un tel projet constitue un « précédent dangereux qui va à l’encontre des lois et des règles internationales », M. Boucher a répondu qu’au contraire, cela n’avait rien d’une nouveauté. « Le Conseil de sécurité a affirmé, à plusieurs reprises, son respect pour la souveraineté libanaise, son intégrité territoriale, son unité et son indépendance politique », a-t-il déclaré. « Le Conseil de sécurité a, dans de nombreuses résolutions, demandé le départ de toutes les forces étrangères du Liban, et c’est une position que nous avons constamment soutenue », a-t-il ajouté. M. Boucher a cependant indiqué que Washington ne manquerait pas de prendre note des positions du gouvernement libanais, mais a insisté sur le fait qu’elles étaient loin de faire l’unanimité à l’intérieur même du Liban. « Il y a beaucoup de discussions et de critiques au Liban sur le type de pressions qui sont exercées et sur le type de décisions qui sont prises », a-t-il dit, en faisant allusion à l’influence syrienne. Le porte-parole du département d’État a également fortement critiqué les efforts de Damas pour faire reconduire le président Lahoud à la tête du pays. « Nous pensons que les pressions syriennes pour modifier la Constitution libanaise afin que le président Lahoud reste à son poste trois années de plus sont un affront à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban », a-t-il dit. Réaffirmer les positions du Conseil de sécurité Un haut responsable américain, parlant à la presse sous le couvert de l’anonymat, a ajouté que Washington espérait être en mesure de présenter le projet de résolution dans les prochains jours, avant que le Parlement ne vote l’amendement à la Constitution. Cité par l’AFP, ce responsable a indiqué que le projet de résolution réaffirmerait solennellement les positions du Conseil de sécurité sur la souveraineté libanaise, mais ne prévoirait probablement pas de clause pouvant mener à des sanctions internationales contre la Syrie. Dans le même temps, le Quai d’Orsay réitérait sa mise en garde contre une prolongation du mandat présidentiel. « Les conditions dans lesquelles se préparent les élections libanaises suscitent de profondes inquiétudes », a déclaré à Paris Cécile Pozzo di Borgo, porte-parole adjointe du Quai d’Orsay. Elle a précisé que la France poursuivait ses consultations avec ses partenaires du Conseil de sécurité au sujet du projet de résolution enjoignant à la Syrie de cesser de s’immiscer dans les affaires libanaises. Non seulement le texte de la résolution est presque prêt, mais on parle d’ores et déjà, dans les milieux diplomatiques, d’un projet d’une deuxième résolution imposant des sanctions à la Syrie, au cas où Damas ne se conformerait pas au document qui doit être voté dans les prochains jours par le Conseil de sécurité. Ce texte, qui pousse le Liban à mettre les bouchées doubles pour en finir au plus vite avec la procédure devant permettre une rallonge du mandat présidentiel, s’articule autour de trois éléments principaux : il demande expressément à la Syrie de retirer ses troupes du Liban, de mettre fin à ses ingérences dans les affaires politiques du pays et de cesser son soutien aux organisations « radicales », en allusion notamment au Hezbollah. Il est intéressant de relever que la formation chiite n’est considérée dans le texte que comme un groupe « radical », sachant que les États-Unis classent le Hezbollah parmi les groupes terroristes. Il faut y voir une volonté évidente d’éviter au stade actuel une polémique autour de la définition du terrorisme. De sources informées à Washington et à New York, on souligne que le vote de ce texte, qui requiert un minimum de neuf voix sur 15, est acquis. On exclut aussi un veto, en expliquant que les points soulevés dans le document font l’unanimité parmi les membres du Conseil de sécurité. Même les pays arabes, représentés par l’Algérie, ne sont pas près d’exprimer des réserves sur le texte. C’est que depuis l’invasion irakienne du Koweït, il existe dans le monde arabe un consensus selon lequel la présence de l’armée d’un pays de la région sur le territoire d’un autre État est inacceptable. Sans compter, ajoute-t-on de mêmes sources, qu’un appel en faveur du rétablissement de la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté de décision d’un pays ne peut susciter des objections. Mohammed Issa envoyé à New York Mais les autorités libanaises ne l’entendent pas de cette oreille et continuent de voir dans l’initiative franco-américaine une « ingérence dans les affaires du pays ». Après avoir adressé une lettre de protestation à l’Onu, le chef de la diplomatie, Jean Obeid, a décidé hier de dépêcher le secrétaire général du palais Bustros, Mohammed Issa, à New York, où il doit remplacer à titre provisoire le délégué permanent du Liban aux Nations unies, Sami Kronfol, qui a eu récemment un problème de santé. Sur instruction du ministre, M. Issa doit effectuer des contacts avec les autorités onusiennes et leur faire part des réserves libanaises, avant le vote en Conseil de sécurité. Dans le même temps, à Beyrouth, M. Obeid soulignait que le Liban n’a toujours pas été informé d’un projet de résolution et qu’il compte convoquer « au moment opportun » les représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à Beyrouth, afin de leur communiquer le point de vue des autorités concernant ce qui se passe à l’Onu. Répondant aux questions de la presse à sa sortie du palais Bustros, le ministre a estimé que la présidentielle ne doit pas faire l’objet de « surenchères internationales » contre lesquelles il a mis en garde. « Elles sont en apparence éblouissantes et innocentes mais cachent en réalité des marchés tactiques concernant même ceux qui en font l’objet », a-t-il affirmé. M. Obeid a aussi souligné que le Liban établit une distinction entre « le règlement intérieur de nos affaires et les tentatives internationales de chantage dont le but est de semer la discorde entre nos voisins et nous ». Il a réaffirmé son opposition aux consultations franco-américaines sur le Liban, estimant qu’elles « font empirer le problème au lieu de le régler ». Le ministre, qui a reçu hier le chef du département politique de l’OLP, Farouk Kaddoumi, a par ailleurs appelé à une mobilisation arabe afin d’inciter l’Europe et les États-Unis à « mettre fin aux souffrances des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, en dépit de l’approche de la date de la présidentielle aux États-Unis ».

C’est une véritable course contre la montre qui est engagée entre le Liban et les puissances occidentales, autour du dossier de la présidentielle. Le Parlement se réunira vendredi soir pour examiner le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution, alors que le Conseil de sécurité s’apprête à voter un projet de résolution demandant officiellement à la Syrie...