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Élus en 2000, figures de proue de leurs blocs respectifs, les deux députés restent profondément farouches à la reconduction (Photos)

Honein : Les équations avec lesquelles la Syrie nous berce et nous berne depuis Taëf ont volé en éclats Pour le député de Baabda Salah Honein, interrogé par L’Orient-Le Jour, la semaine écoulée a été marquée par le comportement « paniqué » de la Syrie, qui n’a témoigné « d’aucune vision, cohérence, expérience et connaissance des choses ». Ce vent de panique qui a soufflé sur la Syrie a été exacerbé, selon lui, « par la cohésion et le consensus libanais, religieux et politique, axé sur l’essentiel : le respect de la Constitution ». Pour lui, cette forme « a fait voler en éclats toutes les équations grâce auxquelles la Syrie nous berçait et nous bernait depuis Taëf. Et je n’ai jamais compris comment une affaire aussi grave, aussi importante que la violation de la Constitution a été traitée en dix minutes. C’était le Conseil des ministres le plus court au monde ». Salah Honein précise ces deux équations : « D’abord, on nous a toujours répété que la relation libano-syrienne se conçoit entre deux peuples, deux États. Or c’est à une relation entre un gouvernement (syrien) et un seul homme (Émile Lahoud) à laquelle nous avons désormais droit. Ensuite, il ne peut y avoir de vie politique, de dialogue, de démocratie, d’intérêts stratégiques communs, de coopération, de souveraineté et d’indépendance sans la liberté de choix et de décision. Ce choix et cette décision ont été violentés d’une façon tellement agressive cette semaine, qu’ils n’existent plus, et avec eux tout ce qu’ils impliquent. Les phrases de Farouk el-Chareh ne leurrent plus personne. » Quid d’une éventuelle résolution à l’Onu, sur une initiative franco-US, condamnant le rôle de la Syrie au Liban ? « Je suis profondément attaché à la résolution de nos problèmes internes avec nos propres moyens, nos propres forces, notre propre peuple. J’y crois dur comme fer. Si nous réglons seuls nos problèmes, ils ne se reproduiront plus. En cas d’interventions étrangères, il y a des risques de récidive. Mais s’il y a résolution à l’Onu, le Liban, qui ne compte que sur les résolutions onusiennes pour assurer ses droits, se mettra-t-il au ban de la communauté internationale ? Nous avons deux choix : risquer de se retrouver totalement et à tout jamais isolés, ou accepter. Je me suis opposé à la décision US ; je ne m’opposerai pas à la communauté internationale. Mais j’aurais souhaité ne jamais en arriver là et que les Syriens aient une meilleure connaissance des choses, plus de respect pour les Libanais. Je continuerai pourtant à dialoguer et à œuvrer indéfiniment pour une vraie coopération entre nos deux pays. » Comment appréhende-t-il les trois années à venir et un probable Lahoud II ? « Nous devons tous nous concentrer sur le maintien du peu de démocratie qui nous reste. C’est la base de tout essor et de toute stabilisation future. Sauf que tout est facilement prévisible, et comme le dit l’adage libanais, un texte se lit rien qu’à partir de son titre : ils vont tout faire pour continuer dans le même sens, dans la même coercition. Mais nous ferons tout pour bloquer les mauvais mécanismes, par les moyens démocratiques. » Quelle attitude aura-t-il lors de la séance de vote au Parlement ? « Je voterai évidemment non. Je l’ai dit depuis un an et deux mois : je voterai contre Émile Lahoud. Je suis entré dans le monde politique, concrètement, en 2000, l’année au cours de laquelle deux personnes se sont rencontrées, avec la même vision, la même dignité politique : Nasrallah Sfeir et Walid Joumblatt. » Évidemment. Z. M. De Freige : J’aurais préféré, en ce moment, faire partie du bloc parlementaire de Walid Joumblatt En essayant de comprendre et d’analyser la semaine écoulée, le député haririen de Beyrouth Nabil de Freige, interrogé par L’Orient-Le Jour, estime, comme bon nombre d’observateurs, que la Syrie est désormais « acculée », et qu’elle « refuse que quiconque lui parle du Liban, ou essaye de la raisonner, de quelque façon que ce soit ». L’épreuve de force à laquelle elle est en train de se livrer ne se limite donc plus aux États-Unis ? « Non. Aujourd’hui, la Syrie doit également compter avec le mécontentement de l’Union européenne. » Comment expliquer cet entêtement, cette obstination en faveur d’un Lahoud II et rien qu’un Lahoud II ? Est-ce réellement l’intérêt stratégique, devenu, sur les rives du Barada, un véritable leitmotiv ? « Je ne crois pas. Ce serait plutôt une erreur stratégique », répond-il. Et tout est dit. Pourtant Damas n’a de cesse de crier, en coulisses, au « complot », et notamment franco-américain... « Est-ce que Michel Eddé, Jean Obeid, Robert Ghanem, Mikhaël Daher, Nassib Lahoud, Nayla Moawad, ou n’importe quel autre des candidats déclarés ou non, auraient été un instrument de ce complot ? Allons donc, tous veulent les meilleures relations possibles avec Damas. » Pour Nabil de Freige, « tout a été trop vite cette semaine, dans le fond comme dans la forme. Cela aurait pu prendre plus de temps ; il aurait dû y avoir plus de concertations, libano-syriennes évidemment ». Il relève le timing de la dynamique franco-US qui pourrait éventuellement aboutir à une résolution au Conseil de sécurité, condamnant le rôle de la Syrie au Liban. Ce qui s’est passé vendredi dernier a-t-il accéléré la décision de Paris et Washington ? « Oui, cela a précipité les choses. » Quelles conséquences ? « Il y aura certainement plus de pressions. Et les premières sanctions sont toujours économiques. » Comment réagirait Damas ? « Par plus de durcissement, sans aucun doute. » Comment faire pour éviter tout cela ? « En laissant le Parlement agir. En redonnant à l’institution parlementaire sa véritable place, et son poids. » Comment appréhende-t-il les trois années à venir, et le probable Lahoud II ? « Très difficile. Surtout économiquement, au cas où la politique empêchant l’application des résolutions prises lors de Paris II se poursuivrait. Ce serait le marasme absolu. J’ai entendu dire que tout cela allait être fait, que les choses changeraient éventuellement. J’espère que ce sera vrai. J’espère surtout que mes appréhensions concernant les libertés s’avéreront infondées. Et que l’on assistera rapidement à la réouverture de la MTV. Je dis bien rapidement, pas à la fin des trois années de rallonge, dans le but d’essayer de garantir trois années supplémentaires après. » Quid de la future loi électorale ? « Je la voudrais basée sur une petite circonscription, le caza par exemple, qu’elle soit la plus représentative possible, notamment pour Jezzine et Bécharré. Mais je ne la vois pas comme cela. » Comment se comportera-t-il lors de la séance parlementaire qui approuvera ou rejettera le projet de loi visant à l’amendement de l’article 49 de la Constitution ? « Ma position sur l’amendement constitutionnel est connue depuis des années. Mais j’attends la réunion de mon bloc parlementaire. Dans la situation actuelle, je ne peux pas ne pas me concerter avec eux, et notamment avec le Premier ministre. Mais il est sûr qu’en ce moment, j’aurais préféré faire partie du bloc de la Rencontre démocratique » – celui de Walid Joumblatt. Là aussi, sans doute aucun, tout est dit. Et férocement courageux. Z. M.
Honein : Les équations avec lesquelles la Syrie
nous berce et nous berne depuis Taëf ont volé en éclats

Pour le député de Baabda Salah Honein, interrogé par L’Orient-Le Jour, la semaine écoulée a été marquée par le comportement « paniqué » de la Syrie, qui n’a témoigné « d’aucune vision, cohérence, expérience et connaissance des choses ». Ce vent de...